Une simple agitation
Le MSP a obtenu le feu vert de Ghannouchi en vue de procéder au lancement d’une chaîne de télévision à partir de la Tunisie.
Les Frères musulmans algériens et les salafistes font feu de tous bois. Globalement, ils rêvent de voir se déteindre sur l’Algérie la vague islamiste qui semble submerger le Monde arabe.
Le MSP et ses deux alliés de l’Alliance verte (AAV), El-Islah et Ennahdha, préparent soit une
«rencontre politique ou un rassemblement d’envergure au courant de la semaine prochaine», selon le porte-parole du Mouvement de la société pour la paix, M.Tebbal. Cette formation qui affiche ouvertement son affiliation à la confrérie égyptienne, a organisé jeudi dernier un sit-in de soutien devant le siège du mouvement à Alger, qui s’est transformé du reste, en prière collective et ce, bien entendu à la sortie de la mosquée se trouvant en bas du boulevard des Martyrs. Entre-temps une pétition initiée par un groupe qui se dit composé d’intellectuels, de personnalités nationales et académiciens circule à Alger et sur les réseaux sociaux. Cette requête porte un appel à l’organisation d’une manifestation de soutien aux partisans de Morsi déposé et arrêté au début de juillet par l’armée égyptienne.
En tout cas, il ne se passe pas un évènement touchant leurs acolytes à l’extérieur sans voir les islamistes radicaux et ceux dits modérés ou centristes sonner ensemble leurs clairons. C’était le cas lors des événements de Ghaza. Encadrée par les radicaux, la manifestation de solidarité avec Ghaza s’est transformée en protestation massive contre le pouvoir politique à Alger.
Le procédé est toujours le même, des foules de fidèles déambulent à partir des mosquées des quartiers populaires Bab El Oued, Belcourt, Kouba vers le centre-ville, au premier rang desquelles les plus virulents activistes islamistes, à l’instar de Ali Benhadj et d’anciens dirigeants du Front islamique du salut (FIS-dissous). Lors de l’invasion de l’Irak ou durant les révoltes du printemps arabe les islamistes algériens ont tenté en vain de tirer également les marrons du feu. Tout en escomptant des effets en leur faveur à l’intérieur du pays, ils ne lésinent sur aucun soutien avec leurs compères en s’identifiant et réagissant en fonction de la Oumma islamique. Quoi qu’il en soit l’agitation de ce type s’est enflée le jeudi dernier à Alger. Une horde islamistes guidée par Kamel Guemazi, ex-responsable du FIS interdit, a manifesté son soutien aux pro-Morsi, à la sortie de la mosquée de Bab El Oued à l’issue de la prière du Asr.
Dans un communiqué signé par le président du groupe parlementaire de l’AAV, il dénonce le massacre perpétué sans distinction contre les enfants, les femmes et les hommes en Egypte. Le coup d’Etat commis en Egypte, selon le même document, est un saut dans l’inconnu qui ne servira que les intérêts des ennemis de la Oumma ou l’Etat israélien.
Le crime contre l’humanité commis en Egypte est nourri par la «fitna» des médias qui attisent le feu de la discorde entre les différentes composantes du peuple égyptien. L’AAV estime, en outre que la solution à la crise égyptienne réside dans le rétablissement de la légitimité de urnes, autrement dit dans le retour de M.Morsi au pouvoir d’où il a été chassé. Dans un communiqué pondu par le groupe de partis regroupés autour de l’Initiative de défense de la mémoire et de la souveraineté, ce groupe dénonce l’accueil réservé à Alger par les autorités algériennes aux représentants des «putschistes égyptiens» et du gouvernement de Hazem El-Beblawi, qu’ils jugent «illégitimes». Une délégation regroupant des cheikhs algériens serait en déplacement en Égypte pour rencontrer les parties en conflit. Par ailleurs, d’après certaines informations, le MSP a eu le feu vert de l’islamiste Ghannouchi, dont le parti est au pouvoir, en vue de procéder au lancement d’une chaîne de télévision qui diffusera à partir de la Tunisie. Si l’information s’avère être vraie, ce sera une première en Algérie où un parti islamiste se dote d’un moyen de propagande audiovisuel.
Enfin juste après la prière du vendredi, un groupe de militants islamistes d’une cinquantaine de personnes conduit par l’ex-n°2 du parti dissous Ali Benhadj, a tenté d’organiser une marche à la sortie de la mosquée de Kouba avant d’être stoppé dans son élan par les forces de sécurité venus en force pour encadrer la manifestation.
Alger renouvelle sa «grande préoccupation»
L’Algérie a renouvelé jeudi sa «grande préoccupation» suite aux derniers événements enregistrés en Egypte et qui «ont lourdement endeuillé ce pays frère», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué. «L’Algérie considère que le dialogue entre tous les Egyptiens constitue plus que jamais la seule voie pour bâtir un consensus permettant le retour à l’ordre et à la sécurité», a souligné la même source. «L’Algérie formule l’espoir que ce grand pays frère retrouve sa stabilité pour lui permettre, dans le respect de sa souveraineté, de faire face à des défis déterminants et répondre aux aspirations du peuple égyptien», a conclu le ministère des Affaires étrangères.