Bouteflika est candidat à sa propre succession
Les partisans applaudissent et les opposants dénoncent.
Soulagement par-ci et déception par-là. L’annonce de la candidature du président de la République à l’élection du 17 avril prochain a été différemment appréciée par les partis. Les partisans applaudissent et les opposants dénoncent. Pour les partis de la coalition, ce n’est qu’une confirmation aux appels des partis et des associations.
Le RND se dit très satisfait de cette annonce. «Nous saluons la décision du président de la République qui a répondu à l’appel des partis et des associations», a déclaré la porte-parole du RND, Nouara Djaâffar. Contactée par nos soins, cette responsable a précisé que le secrétaire général du parti a renouvelé hier matin son soutien à la candidature du président de la République.
Pour elle, avec cette annonce, c’est une nouvelle étape qui commence. «Nous allons nous mettre au travail pour assurer la réussite de la campagne électorale.» Pour le parti majoritaire, cette annonce n’est pas nouvelle. «On n’est pas surpris par cette annonce. Au FLN, nous avons toujours dit que le président est candidat à la présidentielle, c’est notre candidat et nous n’avons pas d’autres commentaires à faire», a déclaré le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani. Même avis partagé par le parti de Tajamoue Amal El Djazair, TAJ. Pour nous, ce n’est pas nouveau, car dans toutes les sorties, nous avons appelé à la candidature du président Bouteflika. Cela confirme notre position et nos orientations», a précisé son porte-parole, Nabil Yahiaoui.
Le Taj assure qu’il se prépare à faire campagne pour le président Bouteflika. Alors que les partis de la coalition se disent rassurés et satisfaits de cette annonce, ceux de l’opposition affichent leur déception. Pour certains d’entre eux, ce n’est pas au Premier ministre d’annoncer la candidature du président.
«Nous ne considérons pas les propos de Abdelmalek Sellal comme étant une déclaration officielle de candidature. Parce qu’un tel acte ne peut se faire par procuration. C’est illégal que le Premier ministre qui est président de la commission de préparation de l’élection présidentielle, qui est censé rester neutre dans le cas de ce scrutin, fasse cette annonce», estime Lotfi Boumghar, directeur de communication du candidat Ali Benflis.
Dans tous les cas de figure,
M.Boumghar assure que le candidat Benflis va de l’avant, il est convaincu de son projet et confiant du soutien de ses fidèles. Le candidat à la présidentielle et président du parti Jil Jadid Djilali Soufiane, refuse également de prendre acte de l’annonce faite par le Premier ministre.
«Cette annonce est en contradiction des directives adressées, il y a deux jours au gouvernement», a-t-il affirmé en indiquant que le Premier ministre qui est président de la commission de préparation de l’élection présidentielle doit rester neutre.
Le candidat dit qu’il va convoquer son conseil national le 28 février prochain pour annoncer éventuellement son retrait de la course. Le mouvement Ennahda évoque les mêmes arguments.
«Le président Bouteflika n’a pas annoncé personnellement sa candidature. C’est lui qui devait le faire et non le Premier ministre Sellal», a affirmé le président du conseil consultatif, Hamaloui Akouchi. Pour lui, la position d’Ennahda est claire et s’oppose au 4ème mandat. Pour le MSP, cette décision est à l’origine de son boycott.
«Quand nous avons décidé de boycotter l’élection présidentielle, notre diagnostic de la situation était précis. Nous avons dit que l’élection était fermée et ne représente aucunement un défi politique. Nous n’avons pas lié la décision du boycott à la candidature du président. Sa décision de se représenter ne fait que renforcer la décision du boycott», déclare le chargé d’affaires, Farouk Sadrati. De son côté, le président du RCD estime que cette annonce n’a fait que confirmer les déclarations des ministres et chef de partis.
«Tant que Bouteflika ne l’a pas annoncé lui-même, ce n’est pas une information», a-t-il affirmé en réitérant sa décision de boycott. Le Parti des travailleurs n’est ni contre ni pour. «Au sein du parti, nous sommes pour la liberté de candidature. Nous l’avons déjà dit. Pour nous, l’essentiel est que toutes les conditions soient réunies pour des élections libres et transparentes et que le choix du peuple algérien soit respecté», dira Djelloul Djoudi, porte-parole du PT.
Le général et candidat à la présidentielle, Mohamed Yala, dit qu’il n’est pas surpris. «Je ne suis pas étonné par cette annonce puisque tout le dispositif électoral a été mis en place par l’administration pour lui préparer le terrain», a-t-il affirmé.