RCD-RND : la guerre continue

RCD-RND : la guerre continue

La guerre ouverte entre les députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et ceux du Rassemblement national démocratique (RND) a doublé d’intensité, hier, à l’occasion de la dernière journée des débats parlementaires autour du projet de loi de finances 2011.

Tarek Hafid – Alger (Le Soir) -Nordine Aït Hamouda a encore sévi. Le député du RCD et vice-président de l’Assemblée populaire nationale a attendu une semaine avant de pouvoir répliquer aux critiques formulées par Ahmed Ouyahia dans le cadre de la déclaration de politique générale du gouvernement. «On se retrouve, une fois de plus, pour débattre du projet de loi de finances 2011. Mais avant d’entamer les débats, il est nécessaire de parler du responsable qui va gérer ce budget. J’aurais aimé que le Premier ministre soit aujourd’hui parmi nous. Ce responsable, dans sa réponse, la veille du 1er Novembre, a affirmé devant l’assistance que des députés du RCD sont des élus inconnus à 40 km de leur territoire. Je le défie de venir marcher avec moi mais sans garde rapprochée et sans voiture blindée. De Bouaâdnane, jusqu’à Tlemcen en visitant toutes les régions du pays, en marchant au milieu des Algériens, on verra comment le peuple nous reconnaîtra », lance, en guise de préambule, le fils du colonel Amirouche. Selon lui, Ahmed Ouyahia doit sa célébrité à «l’emprisonnement des cadres», «aux ponctions sur les salaires des fonctionnaires » et au fait qu’il était «ministre de la Justice en 2001 lors des évènements sanglants de Kabylie» et qu’il ait «instrumentalisé l’affaire de l’assassinat de Matoub Lounes». Puis, prenant à témoin le président de l’APN, il poursuivra «Revenons à la loi de finances pour déduire combien de responsables trompent le peuple. Vous les avez entendus quand ils ont annoncé qu’il n’y a pas de corruption, ni de détournements d’argent dans notre pays. Vous les avez vus comment ils nous ont dupés sur les transferts de 190 millions de dollars par Orascom et les 17 milliards de dinars de dettes fiscales ? Un seul Egyptien les a volés et ils viennent pleurer aujourd’hui devant vous. Et ce transfert illégal ne peut pas avoir lieu sans l’accord de quelques ministres ou de l’ensemble du gouvernement. Vous vous engraissez d’Orascom, société puissante, comme vous avez trait El-Khalifa.» Nordine Aït Hamouda a pris au mot le Premier ministre dans sa déclaration à propos de «l’union et de la force» du régime algérien. «Ouyahia a dit au RCD pour votre malheur, le pouvoir algérien est fort et uni. C’est vrai qu’il est fort et uni allant même jusqu’à assassiner un responsable de la DGSN dans son propre bureau.» Quelques heures après, c’est au tour de Mohamed Khandek, Aïder Arezki et Leïla Hadj Arab d’intervenir. Le gouvernement et le groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique auront droit à un véritable tir croisé de la part des trois députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie. «Je me permets de vous faire rappeler ce qu’a dit un député de la coalition : on ne peut pas comparer le Makhzen et la République. Ma réponse à ce député est la suivante : le Makhzen fonctionne aujourd’hui comme une république et la république comme le Makhzen. Quand opacité et absence de contrôle caractérisent les finances publiques, le résultat est vite connu. C’est la dilapidation avec pour conséquence le non-développement », a insisté Mohamed Khandek. Pour leur part, Aïder Arezki et Leïla Hadj Arab, se sont attelés à démentir les données chiffrées présentées par le Premier ministre pour démontrer les efforts consentis par l’Etat pour le développement de la Kabylie. Le temps imparti aux élus du RCD écoulé, le président de l’Assemblée décide de réagir pour tenter de mettre fin aux joutes verbales entre les représentants des deux partis. «Tout ce qui est excessif devient insignifiant. Le Premier ministre n’est pas seul responsable de la situation. Nous partageons tous cette responsabilité. Mais il est vrai que l’opposition est dans son rôle», dira Abdelaziz Ziari. Les débats reprennent avec l’intervention de Mondji Djoudi, député RND de Bordj-Bou-Arréridj. L’homme est fermement décidé à répondre aux attaques de la partie adverse. Pour cela, il met en avant un argumentaire qu’il juge imparable : le soutien de Saïd Sadi au président Abdelaziz Bouteflika. «Nous savons tous qu’un responsable de parti qualifiait de messie le chef de l’Etat alors qu’il se trouvait avec lui en Afrique du Sud. Ce même responsable de parti est allé jusqu’à s’en prendre publiquement aux journalistes qui avaient critiqué le président de la République. Il est utile de rappeler que cet homme avait publié sa fameuse Lettre à mes amis de la presse», a indiqué Mondji Djoudi. Mais le député du RND ne put terminer son intervention. Il sera stoppé net par le président de l’APN. «Revenez à la loi de finances, vous êtes hors sujet. Ce que j’ai dit précédemment est également valable pour vous», lâchera, sèchement, Abdelaziz Ziari. L’intervention inopinée de Ziari fera grincer des dents les élus du RND. Mais cela n’empêchera pas Boutouiga Benhalima et Seddik Chihab, les deux chefs de file du groupe parlementaire du RND, de revenir à la charge contre le RCD. Chihab a tenté de justifier «l’allégeance» de son parti au «régime et au pouvoir». «Mais pour nous, il ne peut y avoir d’autre allégeance qu’à l’Etat algérien », dira-t-il, avant de critiquer ceux «qui ont fait allégeance de l’autre côté de la Méditerranée». Boutouiga Benhalima optera pour une tout autre stratégie. Le vice-président de l’Assemblée dénoncera, lui aussi, les détournements d’argent à la Sonatrach et dans la réalisation de l’autoroute Est-Ouest. Mais il finira son intervention accusant, sans le nommer, un responsable du RCD d’avoir transféré d’importantes sommes d’argent vers le Mexique dans le c