RCA-Algérie Une affaire d’Etat !

RCA-Algérie Une affaire d’Etat !
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La sélection nationale algérienne sera aujourd’hui à Bangui pour préparer le match de dimanche prochain au stade Barthelemy Bonganda de Bangui. Une rencontre très importante pour les Verts, après le nul concédé lors de la première journée de ces éliminatoires au stade Tchaker de Blida face à la Tanzanie. Au-delà de l’importance de la rencontre qui constitue un virage décisif pour la qualification à la phase finale de la plus prestigieuse compétition du continent qui aura lieu conjointement, en 2012, au Gabon et en Guinée équatoriale, les protégés de Abdelhak Benchikha vont découvrir une ambiance africaine que les cadres connaissent déjà. Seulement, cette fois-ci, ce sera très spécial car il y aura beaucoup plus d’engouement, mais aussi une certaine hostilité. Tout simplement, les Centrafricains veulent gagner à tout prix, ce qui fait de cette rencontre une affaire d’Etat ici à Bangui !

Avec la victoire à la Coupe CEMAC et le nul de Rabat, le public y croit encore plus

Depuis des mois, on a parlé en Algérie d’un éventuel retrait de la sélection centrafricaine des éliminatoires à cause d’un problème financier. Ce pays, qui est parmi les plus pauvres du continent, n’a pas les moyens d’engager sa sélection nationale dans les éliminatoires. Cependant, la victoire de la RCA en Coupe CEMAC en 2009 a suscité l’euphorie chez le public local. Pour ne pas décevoir ce peuple, déjà en difficulté, le Premier ministre centrafricain, Faustine Touadéra, s’est engagé à mettre le paquet pour la sélection. Un entraîneur français en la personne de Accorsi a été engagé et des regroupements programmés régulièrement. En quelque sorte, le geste du chef du gouvernement a permis au peuple de rêver beaucoup plus. Puis, c’est cette rencontre du 4 septembre dernier à Rabat, qui a donné encore de l’espoir au peuple. Un nul au goût de victoire ramené justement du royaume chérifien, face à des Lions de l’Atlas pourtant très motivés après le nul concédé par les Verts à domicile face aux Taifa Stars, la veille. Cela nous a vite rappelé l’euphorie qui a gagné le peuple algérien, après le 18 novembre 2009 et cette qualification historique en Coupe du monde face au rival égyptien à Khartoum.

Tout le monde parle d’un carton

C’est étrange, mais c’est quand même ce qu’on a constaté ici à Bangui. Tenez-vous bien, les Centrafricains ne se contentent pas de parler de victoire, mais d’un carton. A notre arrivée en RCA, mercredi à 2h du matin, nous avons directement rejoint l’hôtel, où nous avions une réservation. A notre entrée dans l’établissement, un supporter nous glissa : «On va vous battre avec un score de cinq buts à un. Vous allez voir !» Le lendemain matin et avant de quitter l’hôtel, un groupe de supporter que nous avons croisés nous taquinait : «Vous allez prendre six buts. Attendez-vous à ça !» Dans les rues du centre de Bangui, tout le monde est confiant, comme si la RCA allait affronter le Burundi ou un pays beaucoup plus sous-développé. Cela va sans dire que ce climat de confiance n’a pas manqué de semer le doute en nous !

L’équipe du Buteur a vécu un mauvais moment à l’entrée du stade

Hier matin, nous avons tenu à visiter le stade qui va abriter la rencontre. Le complexe Barthelemy Bonganda n’est pas loin de notre hôtel. Néanmoins, par mesure de précaution, nous avons cherché un chauffeur de taxi pour nous y emmener. Au fil du temps, nous avons constaté que nos craintes étaient fondées. Pourquoi ? C’est simple, les Centrafricains sont hostiles envers les Algériens. On a découvert ça devant le stade. Pure coïncidence, l’équipe nationale de la RCA s’y trouvait  au même moment. Il était 9h à Bangui, même heure qu’à Alger. Notre surprise était énorme en arrivant au stade et de voir toute cette foule devant les portes d’accès. Le public avait été empêché dans un premier temps d’accéder aux gradins pour suivre la séance d’entraînement des Fauves du Bas-Oubangui. C’est à partir de ce moment que le calvaire a commencé pour l’équipe du Buteur, dépêchée sur place à Bangui pour couvrir la rencontre.

Refoulé par les militaires à 9h

Ayant constaté notre présence à bord du taxi, les Centrafricains ont commencé par nous chambrer, usant de mots déplacés. Nous nous sommes résolus à garder notre calme et ne pas répondre aux provocations. Soudain, un militaire muni d’une arme de guerre, en faction devant l’entrée, s’approche du véhicule. Il nous refuse catégoriquement l’accès au stade, et recommande au chauffeur de quitter les lieux au plus vite. Sentant peut-être que les choses allaient mal tourner, il insista pour nous faire quitter cet endroit. Au moment où l’automédon s’apprêtait à manœuvrer pour partir, des supporters commencèrent à l’insulter : «C’est un traître ! C’est pas un homme !» Décontenancé, le chauffeur accéléra, et c’est à ce moment qu’un énergumène, décidément déchaîné, lui lança un coup de poing en pleine poire.

La voiture prise à partie

Piqué au vif, et dans une colère noire, le chauffeur freina dans l’intention de riposter. Il s’apprêtait à sortir du véhicule lorsque notre photographe Yacine Selhani le persuada d’accélérer et de continuer son chemin, ce qu’il fit bien à contrecœur. Ce qui n’a pas été du goût de la horde qui s’est formée et qui nous poursuivait en lançant divers projectiles. Heureusement que ces projectiles n’avaient pas atteint les vitres. Nous nous en sommes sortis finalement sains et saufs.

Le chauffeur agressé,

le véhicule a failli être saccagé… devant la passivité des militaires

Cette scène houleuse, où l’équipe du Buteur était le principal objectif de ces supporters qui ont affiché une hostilité extrême envers nous, s’est passée malheureusement devant des militaires. Il y avait environ cinq  présents devant l’accès au stade et ont assisté en direct à cette tentative d’agression, sans bouger le moindre doigt. Cela nous amène à nous interroger sur l’accueil qui sera réservé aux joueurs de l’Equipe nationale.

Une entrée dérobée, mais qui ne sert à rien

Après avoir quitté les lieux, nous nous dirigeâmes vers le centre-ville pour y faire un tour, avant de retourner au stade. A notre retour, le public était dans les gradins puisque les responsables locaux ont décidé d’ouvrir les portes. A l’endroit où nous avions failli être lynchés, il y avait toujours du monde. Nous avons donc cherché une autre entrée, et, finalement, nous avons pu découvrir un accès discret qui nous mena jusqu’à la main courante. Pour prendre quelques clichés, notre photographe a demandé la permission aux responsables, mais ces derniers n’ont pas donné de réponse.

Un officier de l’armée nous refoule encore une fois à 11h

A peine cinq minutes sur la main courante, qu’un officier très haut placé au sein de l’armée centrafricaine est venu vers nous. Il nous somma de le suivre dans un hall, où il nous a demandé les motifs de notre présence au stade. Après que nous l’avons mis au courant de notre désir de couvrir cette séance d’entraînement et de prendre des photos, il laissa exploser sa colère, nous ordonnant de quitter le stade immédiatement, et nous montra la porte de sortie.

«Vous n’avez pas le droit d’assister à l’entraînement de notre équipe»

«Vous n’avez pas le droit d’assister à la séance d’entraînement de notre équipe nationale.» C’est ce que nous a dit ce très haut responsable de l’armée locale. Une preuve qu’en Centrafrique, on a fait de ce match face à l’Algérie une affaire d’Etat. La présence en force des militaires au stade en est une preuve. Les Verts doivent savoir ce qui les attend : l’enfer à Bangui !