Le mouvement de protestation mené par les chômeurs prend de l’ampleur et s’étend à de nouvelles wilayas du Sud. Cette fois, il a touché Bordj Badji Mokhtar, daïra frontalière avec le Mali, avons-nous constaté sur place.
Des dizaines de chômeurs de la commune de Bordj Badji Mokhtar, relevant de la wilaya d’Adrar, ont observé jeudi un sit-in devant l’APC, exprimant différentes revendications dont l’emploi, le logement… «Pacifique… pacifique jusqu’à la réalisation du développement», «main dans la main pour El Bordj de demain», «non à la marginalisation», et «les jeunes de Bordj Badji Mokhtar demandent le développement», sont les slogans écrits sur les banderoles portées par les jeunes chômeurs. L’un d’eux est venu à notre rencontre pour nous lancer :
«Je suis Lançari Mohamed Lamine, représentant des jeunes protestataires qui ont organisé ce rassemblement. Cette fois, nous sommes déterminés à casser les tabous pour obtenir nos droits. C’est un rassemblement au nom des jeunes chômeurs de Bordj Badji Mokhtar. Satisfaire nos revendications n’est pas chose impossible.» «Parmi les chômeurs participant à ce sit-in il y a des personnes qui ont une licence, d’autres un magistère alors que certains préparent un doctorat d’Etat», a-t-il ajouté. Il nous montre un texte des revendications rédigé, selon l’en-tête, au nom des associations et de la société civile de Bordj Badji Mokhtar, mais ne portant ni cachet ni signature.
«Il y a une panne d’électricité aujourd’hui, nous n’avons pas pu faire des copies de ce texte. Nous nous sommes adressés à des gens qui ont des groupes électrogènes pour nous aider à faire des photocopies. Nous avons uniquement deux exemplaires, dont l’un à remettre au président de l’APC», nous dit-il. La relance du club communal, la réalisation d’une bibliothèque et de centres commerciaux sont parmi les revendications contenues dans le texte, ainsi que l’emploi et le logement. Ce texte appelle, également, à une marche le 3 avril dans cette commune.
«Dans le club communal, il y a un billard et un babyfoot, c’est tout. Le chômage nous pousse vers la contrebande. Nous demandons des emplois car nous voulons éviter d’en arriver à la contrebande, mais sans emploi nous n’aurons pas d’autre choix», nous dit un jeune en présence du représentant Lançari Mohamed Lamine. Un autre jeune arrive et exprime lui aussi des doléances. «Nous demandons l’ouverture d’une agence bancaire dans notre commune. Il n’y a aucune agence bancaire à part un bureau de poste qui ne peut satisfaire toutes les demandes de la commune.»
Il faut aider les éleveurs de la région. Un autre parmi les protestataires lance : «Ils souffrent de la sècheresse.» «Le développement agricole est nécessaire», dira un autre. «Nous ne voulons pas nous immoler par le feu comme l’a fait Bouazizi mais si c’est nécessaire pour obtenir le développement de Bordj Badji Mokhtar, je suis prêt à le faire», nous dira encore un autre protestataire. Les chômeurs évoquent également l’amélioration de leurs conditions de vie. Bordj Badji Mokhtar est à 17 ou 18 km d’El Khalil, ville du nord du Mali.
De notre envoyé spécial Mounir Abi