Ras-le-bol des moudjahidate marginalisées: Cri de cœur de Leïla, Khadidja et les autres

Ras-le-bol des moudjahidate marginalisées: Cri de cœur de Leïla, Khadidja et les autres

Elles étaient plus d’une vingtaine de moudjahidate à prendre place dans les travées de la salle de conférences du Palais des Nations où s’est ouvert, hier, le 11e congrès de l’ONM (Organisation nationale des moudjahidine). Elles en avaient gros sur le cœur. «Nous en avons marre d’être marginalisées», ont-elles crié à l’unisson A la lecture des noms des membres du bureau du 11e congrès, Meriem Belmihoub-Zerdani s’est levée et a dénoncé l’exclusion dont les femmes sont l’objet.

«Nous en avons marre que les moudjahidate soient utilisées comme fonds de commerce», et cela dure depuis 50 ans, a martelé Sdera Leïla bent Benlakhal Lassassi (disciple de Ben Badis) qui met en relief le rôle de la femme durant la lutte armée. Sans la participation de la femme, la lutte armée aurait pris peut-être une autre dimension, a-telle soutenu.

Elle s’incline devant la mémoire des femmes et des hommes tombés au champ d’honneur et souhaite que tous les Algériens unissent leurs efforts pour bâtir un pays prospère au bénéfice de ses enfants.

Sdera Leïla déplore la mauvaise prise en charge, par les autorités, des moudjahidate, elle touche une pension de 12.000 DA/mois, et met en exergue le fait que sa participation à la lutte de Libération nationale n’avait pour objectif que la libération et l’indépendance du pays. Elle, qui a été arrêtée à trois reprises et internée à la cité Ameziane, réputée pour ses atroces conditions de détention, voudrait transmettre le message authentique des moudjahidate à la jeunesse algérienne.

Belgendour Khadidja, membre de l’ALN-Wilaya II, Nord-constantinois est tout aussi remontée contre la marginalisation des femmes des instances dirigeantes de l’ONM. Elle se souvient des dures conditions du maquis et met en relief le respect dont jouissaient les moudjahidate auprès des responsables de l’ALN. « Je garde une belle image de la lutte armée », a-t-elle dit en remontant dans ses souvenirs.

Elle en a, elle aussi, gros sur le cœur en parlant de la mauvaise prise en charge des moudjahidate. Depuis l’Indépendance, s’indigne-t-elle, (50 ans), aucune femme ne figure parmi les membres des instances nationales de l’ONM. Elle se dit satisfaite que les moudjahidate soient archivées, reconnues et respectées, mais elle déplore le mur dressé face à la femme combattante.

Le message qu’elle voudrait adresser est simple : créer une bonne relève surtout parmi la jeunesse, elle s’élève contre l’étiquette qu’on leur a collées et qui consiste à les accuser de profiter des largesses du système.

Elle s’indine que les moudjahidate ne trouvent comme emploi que celui de femme de ménage et souhaite que cela change au plus vite. Elle s’indigne aussi que les moudjahidate en «bavent» pour obtenir leur pension du fait qu’elles sont obligées de se déplacer au ministère des Moudjahidines pour une simple formalité administrative.

Elle dit, elle aussi, garder une belle image de la lutte armée et revendique une amélioration des conditions sociales des combattantes en leur octroyant une pension de cadre de la Nation. Elle souhaite de tout cœur que les dirigeants actuels de l’ONM cèdent la place à d’autres afin d’insuffler une nouvelle dynamique à l’organisation qui en a tant besoin. Bonne fête à tout le peuple algérien, notamment les jeunes à l’occasion du 50e anniversaire de la victoire et de l’indépendance, a-t-elle souhaité.

Sadek Belhocine