Un message qui désavoue. Mme Raquel Rolnik, rapporteuse spéciale des Nations unies sur le logement, a appelé mardi 19 juillet le gouvernement algérien à plus de transparence dans l’attribution des logements et à la participation de la société civile dans la définition des critères d’octroi des logements sociaux.
En visite officielle en Algérie depuis dix jours, Mme Raquel Rolnik, a soutenu lors d’une conférence de presse tenue au siège de la maison des Nations unies à Alger qu’il est « nécessaire de faire participer les citoyens à la mise en place de critères pour les bénéficiaires de logements distribués par l’Etat ».
En Algérie, l’attribution des logements sociaux se fait loin des yeux de la population, sur des critères douteux. Ce que n’a pas manqué de relever Mme Raquel Rolnik. « Il ne suffit pas de publier la liste des bénéficiaires de logements et de permettre par le suite la possibilité de recours. Il faut que les citoyens puissent participer durant tout le processus de l’opération avec des critères pour sélectionner les bénéficiaires et déterminer leurs besoins », a recommandé l’experte indépendante.
Mme Raquel Rolnik a plaidé, dans son rapport préliminaire pour la « création d’un fichier unifié national des demandes de logements déposées par la population avec les points attribués et la position de chaque demandeur dans la liste. »
A ce titre, elle ne s’est pas privée de lancer une flèche en direction des autorités. « Le gouvernement a établi une politique qui, mise à part le programme de résorption de l’habitat précaire, n’est pas basée sur les différentes nécessités des personnes mal logées et ne comporte pas de stratégies pour traiter les problèmes », a-t-elle déploré.
C’est devenu un rituel national: la publication des listes des bénéficiaires de logements sociaux suscite des mouvements de protestation qui dégénèrent parfois en émeutes.
La Rapporteuse spéciale reste convaincue que ces émeutes sont symptomatiques de la prévalence d’une véritable crise du logement en Algérie, au demeurant mal gérée par les autorités algériennes.
Pris sous le feu de la contestation social, né autour de la distribution de logements, le gouvernement a annoncé dimanche 10 début juillet un plan d’urgence : construire 500.000 logements d’ici à 2014. Objectif : contrer la révolte des mal-logés.
Outre la construction d’un million et demi de logements entre 1999 et 2009, le gouvernement avait annoncé également la réalisation d’un autre million avant l’année 2014. Cependant, la crise est loin d’être solutionnée.
La preuve ? Elles sont quelque 553 000 familles à s’être installées dans des habitations précaires, dont 50 000 dans des bidonvilles autour de la capitale.
Depuis les émeutes – cinq morts et plus de 800 blessés -de janvier 2011, plusieurs mal-logés se sont immolés par le feu ou ont tenté ou menacé de le faire. Et rien ne présage que la tragédie prendra fin de sitôt…