Rapport sur les droits de l’homme en Algérie, Ksentini déplore la restriction des libertés

Rapport sur les droits de l’homme en Algérie, Ksentini déplore la restriction des libertés

Le président de la Cnppdh

«Il y a des avancées et il y a des insuffisances», a résumé le président de la Cnppdh sur les droits de l’homme en Algérie.

Maître Farouk Ksentini a-t-il changé de camp? Le président de la Commission nationale de la protection et la promotion des droits de l’homme (Cnppdh) ne caresse plus dans le sens du poil. «Il faut qu’il y ait une liberté d’expression loin des restrictions pratiquées par le pouvoir et l’Etat», a estimé Maître Ksentini. C’est l’un des points soulevés dans le rapport annuel sur les droits de l’homme en Algérie, qui sera remis au président de la République.

Intervenant hier, au forum hebdomadaire de la Radio nationale Chaîne I, le président de la Cnppdh, a reconnu ouvertement qu’il y a trop de dépassements. «Les lois de la République garantissent les libertés individuelles et la liberté d’expression, mais sur le terrain, il y a trop de restrictions», a-t-il déploré, tout en souhaitant que la future Constitution consacre davantage le respect des libertés.

Faisant une évaluation sur les droits de l’homme en Algérie, dont le gouvernement est souvent épinglé par les organisations internationales, Me Ksentini estime qu’elles sont relatives. «Il y a des avancées et il y a des insuffisances», a-t-il résumé sur les droits de l’homme en Algérie.

Le défenseur des droits de l’homme explique que la bureaucratie administrative et juridique entrave les efforts et la volonté politique visant à promouvoir les droits de l’homme. L’invité de la radio a également soulevé dans son rapport le malaise social dont souffre la société algérienne. «Notre société est devenue une société de consommation», a-t-il soutenu, en précisant que beaucoup de citoyens souffrent de manque de moyens matériels. Il a cité dans ce sens, le manque de prestations de service au niveau des hôpitaux et des écoles. Revenant sur les rapports de l’ONG sur les droits de l’homme en Algérie, Me Ksentini affirme qu’ils ne tiennent pas compte des avancées réalisées. Il a expliqué que ces ONG se basent dans leur rapport sur des analyses faites par des correspondants. «A mon avis, il faut laisser les organisations internationales rentrer en Algérie pour qu’elles constatent de visu les progrès réalisés», a-t-il soutenu.

M.Ksentini estime que la présence des ONG va dans l’intérêt de l’Algérie, en précisant qu’il y a des pays qui instrumentalisent ces ONG contre notre pays. Interpellé par ailleurs sur la décision du président de la République portant sur la révision du Code de la famille dans son aspect divorce, cet ancien avocat estime que beaucoup de femmes sont victimes du divorce arbitraire. «La loi ne doit pas encourager l’arbitraire», a-t-il affirmé. L’hôte de la radio pense qu’il faut également trouver une solution du divorce à l’initiative de la femme (Khol) qui doit payer pour divorcer.

«Il faut penser à une nouvelle solution qui conviendra à notre société en mettant la femme en égalité avec l’homme», a-t-il dit.

Evoquant par ailleurs le traitement des affaires en justice, M.Ksentini a plaidé pour plus de qualité dans les jugements. Il a soulevé, dans ce sens, le manque de juges.

Il y a presque 5000 juges alors qu’on devait avoir 10.000 juges, pour améliorer la qualité des jugements. «La justice n’est pas une industrie», a-t-il estimé, en indiquant qu’il faut du temps et des moyens pour améliorer les jugements.

Interpellé sur la condamnation à mort, M.Ksentini a annoncé qu’un rapport a été remis au président de la République pour réduire son application de 17 cas à un seul, à savoir l’homicide volontaire et l’assassinat des enfants. Pour les autres cas, M.Ksentini propose la prison à perpétuité.