L’Algérie doit accélérer la diversification de son économie pour faire face à une conjoncture économique mondiale incertaine marquée notamment par l’instabilité du marché pétrolier, a souligné le cabinet de conseil Oxford Business Group (OBG) dans son dernier rapport annuel sur l’Algérie dévoilé mercredi soir à Alger.
« La volatilité des cours du pétrole observée en 2018 ainsi que la diminution des réserves de devises du pays rendent cette diversification d’autant plus incontournable pour garantir la stabilité de la croissance de l’économie nationale à moyen et long terme », note le rapport présenté en présence des ministres de l’Industrie et des Mines, du Commerce et de la Communication, respectivement, Youcef Yousfi, Said Djellab et Djamel Kaouane.
Selon OBG, promouvoir les investissements privés et attirer davantage les investissements étrangers sont des actions « essentielles » pour permettre le développement de secteurs stratégiques où l’Algérie peut compter sur des avantages compétitifs tels que les produits pharmaceutiques, les matériaux de construction, l’agriculture et le tourisme.
Dans ce sens, le rapport a salué le positionnement de l’Algérie vers de nouveaux partenaires, notamment la Chine -dont l’Algérie a rejoint son « initiative de la ceinture de la Route de la soie »- et la Turquie, et qui pourrait permettre de compenser la stagnation des investissements réalisés par les Européens.
Toutefois, « la population jeune et le secteur énergétique renaissant augurent pour l’Algérie des perspectives positives après plusieurs années de stagnation économiques », relève le rapport.
Le rapport de ce cabinet britannique d’intelligence économique comprend des analyses globales sur les différents secteurs économiques permettant de « replacer l’Algérie dans un contexte mondial et de comparer leur évolution et leurs opportunités », selon ses auteurs.
Dans le secteur de l’Energie, le rapport a consacré un chapitre au groupe Sonatrach qui a lancé en 2018 sa stratégie SH 2030 soutenue d’un plan d’investissement de 55 milliards de dollars à l’horizon 2023.
« La nouvelle loi sur les hydrocarbures, prévue pour l’année 2019, doit permettre d’accompagner la transformation déjà enclenchée du secteur énergétique algérien et assurer la maximisation du potentiel national dans ce secteur », explique le document.
Concernant le secteur de l’Industrie et des mines, OBG estime que le mégaprojet de phosphates à l’Est du pays pour une valeur totale de 6 milliards de dollars représentait l’un des plus importants projets lancés ces dernières années en Algérie.
D’autres segments ont connu également le lancement de projets importants à l’instar de l’industrie pharmaceutique, le ciment -dont l’Algérie est devenu exportatrice- et l’agroalimentaire.
Quant au secteur financier, le rapport a mis en exergue « les nombreux développements enregistrés en 2018, notamment la nouvelle politique de la Banque d’Algérie, la mise en place du paiement électronique, l’inclusion financière et le potentiel des autres modes de financement dont la finance islamique, le leasing ».
Par ailleurs, le secteur de l’agriculture a une nouvelle fois été le principal facteur de croissance du PIB hors-hydrocarbures en 2018, observe OBG.
Commentant le rapport annuel sur l’Algérie d’OBG, M. Yousfi a affiché sa « satisfaction quant aux grands progrès réalisés dans certains secteurs », et qui ont été permis grâce à la stabilité du pays.
Toutefois, de nombreux défis restent à relever, ajoute le ministre citant en particulier la fluctuation des prix de pétrole et l’environnement géopolitique « de moins en moins prévisible ».
De son coté, M. Djellab a souligné que « nous sommes en Algérie totalement conscients que notre sort est dans la diversification de nos activités économiques, de nos ressources mais aussi de nos partenaires ».
« C’est par l’économie de la connaissance, l’innovation, l’excellence, et la croissance intensive que nous allons puiser de nos ressources et répondre aux défis économiques de demain », a-t-il indiqué.
Intervenant lors des débats ayant suivi la présentation du rapport, le représentant de la Banque mondiale (BM) en Algérie, Demba Da, a appelé à la libération des initiatives économiques en encourageant davantage l’entreprise, seul moyen pour générer des postes d’emplois stables.
La conférence a été également l’occasion de présenter la 2eme édition du « Baromètre des entreprises OBG », une enquête menée en 2018 auprès de 90 chefs d’entreprises afin d’évaluer la confiance de ces dirigeants quant à la situation économiques et les perspectives de développement aux cours de la prochaine année.
Les résultats de ce sondage, recueillis lors d’entretiens en tête à tête, montrent que 73% des chefs d’entreprises interrogés entrevoient positivement ou très positivement l’évolution des conditions du marché local aux cours des 12 prochains mois, contre 61% lors de la première édition de l’enquête.