Rapport «Emploi et questions sociales dans le monde-Tendances 2018» de l’OIT : La dépendance au baril plombe l’emploi en Algérie

Rapport «Emploi et questions sociales dans le monde-Tendances 2018» de l’OIT : La dépendance au baril plombe l’emploi en Algérie

Par Rachid Bouarroudj

L’Organisation internationale du travail (OIT) a publié, lundi, son rapport annuel «Emploi et questions sociales dans le monde – Tendances 2018» dans lequel elle s’inquiète d’une persistance du chômage et de l’emploi précaire. Le chômage dans le monde progressera en 2018 avec 192,3 millions de personnes sans emploi, soit 300 000 de plus que l’an dernier, en dépit d’une reprise de l’économie mondiale.

En fait, «l’économie mondiale ne crée toujours pas suffisamment d’emplois» et «les déficits en matière de travail décent sont encore répandus», a déploré le Directeur général de l’Organisation internationale du travail (OIT), Guy Ryder, dans la présentation du rapport.

La croissance économique mondiale a rebondi en 2017, tirée par des embellies dans toutes les régions, mais avec l’arrivée d’un nombre croissant de personnes sur le marché du travail, «le chômage élevé persistera en 2018», selon les prévisions de l’OIT. En 2019, le nombre de chômeurs devrait augmenter de 1,3 million.

D’après les économistes, le taux de chômage mondial devrait rester stable ces deux prochaines années, à hauteur de 5,5% (contre 5,6% en 2017 et 5,5% en 2016). En 2018, les pays développés devraient connaître leur sixième année consécutive de baisse du taux de chômage, qui tombera à 5,5% (le niveau le plus bas depuis 2007), puis à 5,4% en 2019.

Pour les pays émergents, «l’année 2018 marque un tournant, puisque le taux de chômage devrait tomber à 5,5% (contre 5,6% en 2017)», note l’OIT, qui affirme par ailleurs que «le nombre de chômeurs dans ces pays va augmenter durant ces deux prochaines années, avec 144,6 millions de chômeurs en 2019». Pour ces mêmes pays, l’OIT estime que dans l’ensemble, l’Egypte, le Maroc, la Tunisie et le Soudan se sont mieux comportés en termes de reprise de la croissance que les pays exportateurs de pétrole, tels que l’Algérie et la Libye. Ces derniers, prévoit l’OIT, continueront de faire face au défi d’un prix du baril bon marché, bien que dans une moindre mesure cette année comparativement à 2017, ce qui «inhibe la croissance et contribue à d’importants déficits intérieurs et externes».

Dans le cas de l’Algérie, les prévisions de l’OIT corroborent celles publiées par le FMI en décembre dernier selon lesquelles le taux de chômage dans le pays s’établira en hausse à 13,2 % cette année, contre 11,7% en 2017 et 10,5 % en 2016. Dans l’ensemble, la proximité de ces pays avec les tensions géopolitiques et les conflits dans la région représente «une menace déstabilisante toujours présente pour la sécurité de la région et ses perspectives économiques».

D’autre part, le nombre de chômeurs dans les pays en développement devrait augmenter d’un demi-million par an en 2018 et 2019, le taux de chômage restant aux alentours de 5,3%. Toutefois, la persistance d’emplois de qualité médiocre et la pauvreté des travailleurs restent les principaux problèmes de nombreux pays en développement et émergents, déplore le rapport. La pauvreté au travail se réduit mais à un rythme encore trop lent pour compenser l’accroissement de la population active.