Farid Messaoud
La croissance économique de l’Algérie devrait être « légèrement plus élevée »
en 2019, sous l’effet d’un rebond de la production de pétrole et de gaz. C’est ce qu’explique le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport sur « les perspectives économiques régionales», rendu public hier. L’institution que dirige Christine Lagarde ajoute cependant que les projections à moyen terme en Algérie dépendent fortement du degré de mise en œuvre des mesures d’ajustement et de la série de réformes préconisées, lequel est désormais incertain compte tenu des derniers événements politiques.
Elle souligne d’ailleurs que l’Algérie doit s’employer à éviter l’instabilité économique durant sa transition politique suivant la démission du président Bouteflika. «Ce qui est important, économiquement, pour l’Algérie est de préserver la stabilité économique durant cette transition politique», note Jihad Azour, directeur en charge du Moyen-Orient et de l’Asie centrale pour le FMI.
Ce dernier relève également qu’il y aura aussi un besoin «d’ancrer la stabilité dans le moyen terme en réduisant graduellement le niveau du déficit budgétaire et en évitant tout monétisation du déficit.
Jihad Azour a de plus estimé que l’Algérie doit réduire sa dépendance au pétrole et gaz.
Et, d’ajouter que « les réformes structurelles permettront au pays de se diversifier en dehors du pétrole et d’utiliser ses forces, à la fois en termes de jeune population, de position géographique et de la richesse dont elle dispose dans d’autres secteurs ».
L’Algérie est sous pression financière à cause de la chute des prix mondiaux du pétrole depuis la mi-2014. Le pays n’a pas réussi à diversifier son économie, le pétrole et le gaz générant toujours 60% du budget de l’Etat et 94% des exportations globales. L’économie a connu une croissance de 1,5% en 2018 en raison de la hausse des prix du pétrole, contre 1,4% l’année précédente, mais inférieure aux prévisions de 4% de l’Exécutif. Le secteur non énergétique a progressé de 4% l’an dernier, contre 2,2% en 2017.
Dans son rapport d’hier, le FMI relève que les prix du pétrole sont devenus très volatils à la fin de l’année dernière. Et de détailler : le baril de pétrole se négocie actuellement à environ 65 dollars, soit juste au-dessus de la moyenne prévue pour cette année. Les prix du pétrole devraient rester inférieurs aux prévisions de l’automne pendant plusieurs années.
L’institution multilatérale table sur une expansion budgétaire en Algérie, alors que les cours correspondant au seuil de rentabilité budgétaire restent largement au-dessus de la trajectoire actuelle des prix du pétrole.
Pour l’Algérie, le prix du pétrole correspondant au seuil de rentabilité budgétaire, en 2019, dépasse 100 dollars, même s’il a légèrement baissé par rapport 2014. Le Fonds monétaire fait état d’une augmentation des risques dans les pays de la région Moyen-Orient, Afrique du Nord, Afghanistan et Pakistan (Moanap), présentant déjà des soldes extérieurs fragiles.
Et l’Algérie en fait partie. Il est ainsi souligné dans le document cité plus haut que les pays exportateurs de pétrole de la région Moanap doivent reprendre un rééquilibrage progressif des finances publiques afin de reconstituer des marges de manœuvre, tout en approfondissant et élargissant les réformes structurelles pour diversifier leur économie, et de promouvoir une croissance plus robuste et plus inclusive. Le FMI met en relief une hausse de la dette totale des administrations publiques en Algérie.