L’Algérie est classée dans la case F (rouge), la “plus haute catégorie de risque et la plus critique, en matière de corruption, dans le secteur de la défense”.
L’organisation non gouvernementale Transparency International a rendu public, jeudi soir, un rapport accablant sur l’opacité des dépenses de défense, dans lequel l’Algérie figure en haut du classement dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
Selon le document de l’ONG, “aucun détail sur les dépenses de défense n’est disponible” concernant le budget de la défense de l’Algérie. “Selon des sources externes, le budget de l’armée (algérienne, ndlr) était de 20 milliards de dollars en 2014”, a souligné le rapport, mais ce chiffre pourrait être encore plus élevé, en l’absence d’un “contrôle parlementaire efficace”.
Citant une autre ONG, Freedom House, Transparency International explique qu’“il n’y a pas de comité spécifique à la Défense au Parlement (…) pour permettre un contrôle civil des dépenses de défense”, estimant que “le gouvernement devrait publier un budget annuel de la défense qui comprend des informations détaillées sur les dépenses de toutes les fonctions, y compris la recherche et la conception, la formation, les salaires, les acquisitions, la cession d’actifs, la maintenance et les dépenses de personnel”, lit-on encore sur le site de cette organisation.
Ce qui, à vrai dire, constitue une inexactitude, puisqu’il existe bel et bien une commission Défense à l’Assemblée populaire nationale, ainsi qu’au Conseil de la nation, même s’il est permis de douter de la réalité et de l’efficacité de leur pouvoir de contrôle.
Ce manque de transparence classe ainsi l’Algérie dans la “case F (rouge), la plus haute catégorie de risque et la plus critique, en matière de corruption, dans le secteur de la défense”.
Ce pourquoi Transparency International a estimé que “pour réduire les risques de corruption (…), les réformes du secteur de la sécurité sont nécessaires de toute urgence dans les domaines suivants : la surveillance et la responsabilité institutionnelle, la transparence et l’ouverture vers la société civile, la transparence et le contrôle en matière de budgétisation (des dépenses de défense, ndlr)” et la lutte contre “les promotions et le népotisme personnel”.
Car, selon le rapport de cette ONG, le pouvoir algérien a adopté “une série de mesures visant à inhiber les activités de la société civile, y compris une loi de 1991 (loi sur les associations)”, réduisant, ainsi, la marge de manœuvre des associations et des ONG, dont certaines ont vu leur bureau à Alger fermé, à l’exemple de la fondation allemande Friedrich Ebert, pour ne citer que cette organisation. Aussi, Transparency International a mis l’accent sur “le contrôle de l’économie algérienne, depuis sa libéralisation en 1994, par les élites, y compris par une grande partie de la haute hiérarchie militaire”.
Mais cette ONG affirme ne pas disposer de “chiffres précis”. Abordant le sujet des promotions et l’accès aux hauts grades au sein de l’institution militaire, Transparency International a dressé un tableau noir et sans détour. “Les données indiquent que le système de rendez-vous pour la sélection des dirigeants aux niveaux intermédiaires et supérieurs est souvent détourné par le favoritisme et la loyauté” au pouvoir en place, conclut le rapport de l’ONG.