Une vue du siège de la Banque mondiale
«La BM a révisé légèrement en hausse la croissance du pays par rapport à ses prévisions faites en juin dernier dans lesquelles elle tablait sur une croissance de 3,2% en 2013 et de 3,6% en 2014, soit une hausse de 0,2 point.»
Rien de nouveau à l’horizon. C’est pratiquement les mêmes ingrédients qui risquent de faire exploser le couvercle de la marmite. Dégringolade des cours de l’or noir, importations massives, production agricole insuffisante… Autant de handicaps et de défis qui n’ont pas été relevés par les gouvernements successifs qui ont eu à gérer les affaires du pays depuis l’Indépendance et qui pèsent sur nos têtes comme une épée de Damoclès.
Et ce n’est pas une toute mince bonne nouvelle qui renversera la vapeur. De quoi s’agit-il? «La BM a révisé légèrement en hausse la croissance du pays par rapport à ses prévisions faites en juin dernier dans lesquelles elle tablait sur une croissance de 3,2% en 2013 et de 3,6% en 2014, soit une hausse de 0,2 point» a rapporté l’APS dans une dépêche datée du 16 janvier 2013.
Une petite hirondelle qui ne fera sans doute pas le printemps. Pourquoi? Parce que cette prévision repose, entre autres, sur une hausse de l’extraction de pétrole et de gaz.
Ce qui, en effet, paraît aléatoire si l’on se réfère à l’état actuel des gisements d’hydrocarbures. «Nous sommes dans le même niveau de production que celui réalisé l’année dernière, mais avec une petite diminution de la production de nos partenaires en association qui est justifiée par certains gisements qui sont en déclin», avait déclaré le 23 décembre 2012, le P-DG de Sonatrach Abdelhamid Zerguine, aux journalistes, en marge de sa visite d’inspection du site de la future raffinerie de Tiaret. «L’Algérie a consommé bien davantage que les accumulations de pétrole et de gaz mises à jour», avait conclu un inquiétant rapport rendu public par la compagnie nationale des hydrocarbures en 2011.
Si l’on ajoute à cela le fait qu’aucune découverte d’envergure n’a été mise à jour depuis plus d’une décennie, il y a de fortes chances que l’argumentation de l’institution de Bretton Woods ne soit fragile.
D’autres indicateurs et non des moindres virent au rouge. L’inflation avait atteint 8,6% au mois de novembre 2012 alors que la Banque mondiale a revu à la baisse la balance des comptes courants: 4,7% du PIB en 2013 (contre une prévision de 9,8% faite en juin dernier) et à 4,1% en 2014 (contre 7,6%) pour diminuer encore à 3,8% en 2015. D’autre part, face à une consommation intérieure croissante en énergie due principalement à une hausse exponentielle du parc des véhicules, les experts de la BM conseillent: «L’Algérie devrait encourager davantage les investissements étrangers dans l’exploration et le raffinage dans le secteur des hydrocarbures» et n’exclut pas l’éventualité d’une baisse des cours du brut pour les pays exportateurs de pétrole. Le risque est réel si la crise financière européenne et l’impasse budgétaire aux Etats-Unis venaient à s’aggraver.
L’autre danger pourrait provenir d’une nouvelle hausse des prix des denrées alimentaires (blé et maïs) dont la production devrait rester faible en 2013 selon les prévisions du département américain de l’agriculture. «La forte dépendance des pays Mena (Moyen-Orient et Afrique du Nord) des importations de ces produits conjuguée au système de subvention des prix pourraient détériorer leur situation budgétaire», avertissent les rédacteurs du rapport de la Banque mondiale. Que faire? L’issue réside dans le développement du secteur agricole afin de réduire leurs massives importations alimentaires. «C’est la seule clé pour juguler leur vulnérabilité à plus long terme» estime l’institution de Bretton Woods. Il faut croire que l’Algérie n’est pas encore sortie de l’auberge…