Depuis 2011, dans le sillage du “Printemps arabe”, le Bahreïn a mené une campagne de répression d’une férocité inouïe contre les leaders chiites de l’opposition, allant jusqu’à les accuser d’intelligence avec le rival iranien.
Ă€ la veille des Ă©lections parlementaires Ă BahreĂŻn, prĂ©vues pour samedi, l’ONG Human Rights Watch a publiĂ© un rapport dans lequel elle discrĂ©dite le scrutin et les autoritĂ©s bahreĂŻnies qui mènent depuis des mois une chasse sans merci aux opposants, majoritairement chiites. “Les prochaines Ă©lections parlementaires Ă BahreĂŻn, prĂ©vues pour le 24 novembre 2018, se dĂ©rouleront dans un environnement politique rĂ©pressif qui ne favorise pas la tenue d’Ă©lections libres”, lit-on sur le site de l’ONG qui explique que “dans le dernier cas de rĂ©pression de la dissidence pacifique, le 13 novembre 2018, un ancien membre du parlement, Ali Rashed al-Sheeri, a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ© pour avoir tweetĂ© au sujet du boycott des Ă©lections”. Et d’ajouter qu’“en emprisonnant ou en faisant taire les personnes qui contestent la famille dirigeante et en interdisant tous les partis d’opposition et les organes de presse indĂ©pendants, BahreĂŻn ne parvient pas Ă crĂ©er les conditions nĂ©cessaires Ă des Ă©lections libres.”
Selon Lama Fakih, directeur adjoint pour le Moyen-Orient Ă Human Rights Watch, “BahreĂŻn devrait libĂ©rer immĂ©diatement les prisonniers politiques et revoir ses dĂ©cisions de fermer les mĂ©dias indĂ©pendants et les groupes d’opposition politiques”. Le BahreĂŻn, un des alliĂ©s de l’Arabie Saoudite, est gouvernĂ© par la minoritĂ© sunnite qui rĂ©prime depuis des dĂ©cennies une majoritĂ© chiite, accusĂ©e Ă tort d’être au service de l’Iran, la privant du droit Ă l’exercice politique et la minorant sur le plan socioĂ©conomique.
Depuis 2011, dans le sillage du “Printemps arabe”, le BahreĂŻn a menĂ© une campagne de rĂ©pression d’une fĂ©rocitĂ© inouĂŻe contre les leaders chiites de l’opposition, allant jusqu’à les accuser d’intelligence avec le rival iranien. Le royaume a matĂ© dans le sang toutes les manifestations populaires et renforcĂ© son dispositif juridique rĂ©pressif. Ainsi, le 11 juin dernier, le roi Hamad Ben Aissa al-Khalifa a signĂ© un amendement Ă la loi sur l’exercice des droits politiques qui “interdit Ă quiconque appartenait Ă une organisation politique dissoute ou qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© condamnĂ© Ă plus de 6 mois d’emprisonnement de se porter candidat Ă des fonctions politiques”, rappelle HRW. Cette loi empĂŞche de facto les candidats de l’opposition de participer aux prochaines Ă©lections.
Cette dĂ©cision vient en appoint aux prĂ©cĂ©dentes dĂ©cisions qui ont concouru Ă la dissolution de plusieurs partis politiques et organisations de la sociĂ©tĂ© civile, y compris la SociĂ©tĂ© d’action dĂ©mocratique nationale (Wa’ad) et de gauche laĂŻque, et la SociĂ©tĂ© islamique nationale al-Wefaq. En 2017, le dernier journal indĂ©pendant du pays, al-Wasat, a Ă©tĂ© fermĂ© de force. RassurĂ©e par ses soutiens locaux et occidentaux qui continuent Ă lui vendre des armes, la famille royale n’est pas près de lever la chape de plomb sur l’opposition et une sociĂ©tĂ© au bord de l’étouffement. “Les alliĂ©s de BahreĂŻn ne devraient pas donner Ă BahreĂŻn un laissez-passer gratuit et mener ses activitĂ©s comme d’habitude tant que des violations massives des droits humains persistent”, a dĂ©clarĂ© Fakih.
Lyès Menacer