Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a abordé, lors de son passage hier à la Chaîne III de la Radio nationale, différents points de son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, ayant trait notamment à l’usage abusif de la détention préventive, les droits sociaux, l’ouverture des médias lourds ainsi que la dépénalisation du délit de gestion et de presse et surtout du rapport de la traite des hommes.
Invité de la Radio nationale, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh), Farouk Ksentini, a déclaré concernant son rapport annuel sur la situation des droits de l’Homme en Algérie, où il a interpellé le chef de l’État sur le recours abusif à la détention préventive, que c’est un problème important auquel aucune solution n’est encore apportée.
«Nous avons insisté sur ce problème qui nous préoccupe ainsi que tous les juristes au plus haut point, étant rattaché aux libertés individuelles et à la qualité de la justice», a-t-il dit.
Relevant que la détention préventive est une faiblesse du système judiciaire par l’usage abusif, Farouk Ksentini évoquera de multiples exemples d’abus de détention provisoire et a estimé, dans ce sens, pour le délit de gestion dans lequel le prévenu est incarcéré, que seul le juge de fond doit se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence du mis en cause et non le juge d’instruction « Il faut que le processus inverse soit utilisé, que la personne soit en liberté provisoire », a-t-il expliqué. Ainsi, il a souligné l’avancée et la progression de par la réduction substantielle de la peine, tout en soulevant l’impossibilité de se prononcer sur la justesse de cette décision qu’après son application.
Concernant la commission «Issaad», dont il a fait partie, l’invité de la Chaine III a considéré que ce qui a été appliqué en matière de réforme n’est pas ce qui a été préconisé par la Commission et a informé dans son intervention que des catégories ont été oubliées dans la Réconciliation nationale, à l’instar de certains citoyens qui ont subi des dommages matériels à cause des activités terroristes et qui n’ont pas été indemnisés et les internés du Sud qui n’ont pas non plus été indemnisés et qui devraient être réhabilités moralement.
Aussi, a-t-il proposé d’accorder un statut aux familles des disparus et aux familles des victimes du terrorisme. Sur un autre volet, celui des droits sociaux, l’avocat exige plus d’équité et de transparence, en demandant que tout soit contrôlé sur ce plan de façon à ce que les distributions soient équitables, et ce, en rejoignant le point de vue de la rapporteuse de l’ONU pour le logement qui a émis des critiques sur les conditions d’accès, l’opacité dans leur gestion et l’équité.
Dans la lancée, l’intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale a déclaré au sujet de la démocratie que c’est une ambition politique du pays pour laquelle il insiste sur la nécessité de l’approfondir, et de ce fait, suggère que l’État et l’opposition se mettent au travail ensemble pour arriver au développement de ce pays, et par conséquent l’ouverture des médias lourds, par l’existence de cahiers des charges.
S’agissant de la dépénalisation du délit de presse, il s’est dit satisfait du texte de loi dans sa globalité, tout en estimant cependant que si cela n’était pas le cas des membres de la corporation, qu’il serait impératif de le discuter et de l’enrichir avec eux pour l’améliorer.
Par ailleurs, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’Homme (Cncppdh), a qualifié le rapport du département d’État américain sur les droits de l’Homme en Algérie de «scandaleux» et «injurieux».
À ce sujet et concernant le trafic d’êtres humains, Farouk Ksentini a dit s’attendre à ce que le gouvernement réagisse vivement à cette accusation infondée et gratuite qui n’a pour but que de ternir la réputation de l’Algérie.
Aussi, il a qualifié l’accusation contenue dans le rapport du département d’État et selon laquelle la «traite des hommes» serait pratiquée en Algérie de «fiction et affabulation», et ce, après avoir rappelé que l’Algérie a payé un lourd tribut pour recouvrer sa dignité et son indépendance. Enfin, le président du Cncppdh a souligné en substance que les Algériens qui ont connu l’humiliation de l’occupant, ne la feront pas subir à autrui.
Nabila Chikhi