La crise que traverse l’Assemblée populaire nationale (APN), née de la revendication des cinq groupes parlementaires de la majorité siégeant à l’hémicycle, de destituer son président Saïd Bouhadja, se dirige-t-elle vers le dénouement ? Les députés de la majorité abandonneraient-ils leur action visant la tête de Bouhadja et permettre à l’Assemblée de reprendre ses travaux ? Le scénario est désormais du domaine du possible. Selon M. Bouhadja qui résiste aux attaques des partis de la majorité le sommant de démissionner, l’APN pourrait reprendre ses travaux à partir de dimanche.
Dans une déclaration au quotidien « Liberté » dans son édition de jeudi, le président de l’APN a indiqué qu’il est « probable » que le travail reprendra ce dimanche. La situation tend-t-elle à se normaliser au sein de l’Assemblée après deux semaines d’impasse accompagnée de déclarations et de contre-déclarations par médias interposés ? M. Bouhadja semble être confiant quant à un rétablissement de l’ordre au sein de l’APN. «Nous reviendrons au fonctionnement naturel et normal de l’Assemblée », promet-il, ajoutant les députés «répondront collectivement lorsqu’ils seront convoqués ».
Il en veut pour preuve les réunions tenues durant la journée de mercredi dernier par certaines commissions de l’APN, minimisant au passage l’impact de la décision prise antérieurement et portant « gel » des structures de l’Assemblée.
Pédagogie par-ci et contre-attaque par là
M. Bouhadja, qui aura visiblement fait preuve de sang-froid devant la multiplication et l’insistance des attaques le ciblant pendant deux semaines de la part des partis de la majorité, semble manifestement privilégier un discours très pédagogique à l’égard des députés qui œuvraient pour sa destitution. C’est dans cet esprit que M. Bouhadja, familier depuis des lustres au fonctionnement des institutions et au profil des politiques y siégeant, appelle ses contradicteurs au calme et à la raison, en traçant une reprise « progressive » au niveau de l’Assemblée.
Mais, au passage, un des vice-présidents à l’APN, Abdelhamid Si Afif en l’occurrence, en a pris pour son grade, de la part de Bouhadja. Accusé publiquement par le député de Mostaganem d’avoir marchandé des privilèges en contrepartie de sa démission réclamée, M. Bouhadja s’en lave les mains et contre-attaque. « Je n’ai aucun avantage à défendre. Mon avenir est derrière moi. C’est Abdelhamid Si Affif qui colporte ce genre d’affirmations. Je rappelle juste qu’à l’époque du mouvement de redressement, il se réunissait avec nos opposants le matin et venait vers nous le soir », assène M. Bouhadja.
« La présidence est avec la légalité »
Par ailleurs, le président de l’Assemblée a soutenu que « la présidence la République est avec la légalité ». Un tel rappel de la part du président de l’APN est porteur, selon toute vraisemblance, de plus d’un message. Faire comprendre à ses adversaires que lui est dans la légalité et qu’eux sont dans l’illégalité. Et que, par déduction, une institution du rang de la présidence la République n’a pas pour vocation à arbitrer des conflits de ce genre. « Je ne connais toujours pas leurs objectifs. Mais je sais qu’ils sont en train de faire un travail immoral, en foulant aux pieds les lois de la République. Dans ce cas, je ne peux répondre favorablement à leur demande qui est d’ailleurs illégale et qui vise à accomplir un objectif illégal », estime-t-il. Pour rappel, les présidents des groupes parlementaires des partis du Front de libération nationale (FLN), du Rassemblement national démocratique (RND), de
Tajamoue Amel El Djazair (TAJ),
du Mouvement populaire algérien (MPA) et des Indépendants avaient remis il y’a une quinzaine de jours, au président de l’APN, une motion de retrait de confiance exigeant notamment sa démission.