Dans un entretien accordé au journal « Nice Matin » à l’occasion de sa visite à Nice consacrée aux pieds-noirs et aux harkis ce vendredi 9 mars, Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre succession à la présidentielle, a tenu des propos dignes des ultras de l’Algérie française.
Opération de charme de Sarkozy en direction des harkis
A la veille de sa visite de campagne électorale à Nice consacrée aux pieds-noirs et aux harkis ce vendredi 9 mars à quelques jours du 50 e anniversaire de la signature des accords d’Evian, Nicolas Sarkozy, candidat à sa propre succession à la présidentielle a accordé un entretien au journal régional Nice Magtin dans lequel il a tenu des propos sur la « guerre d’Algérie » que ne lui envieraient pas les ultras de l’Algérie française. Il a tenu à réaffirmer s’opposer à toute forme de repentance en justifiant même la « légitimité » historique de la conquête française de l’Algérie. Des propos qui ne laissent aucune ombre d’un doute sur la gravité de telles assertions : « Les opérations militaires qui ont été menées par la France en Algérie qui, je le rappelle, appartenait alors au territoire national, ont été engagées par la République française et conduites sous l’autorité de gouvernements légitimes et démocratiquement élus. Il y a eu des abus. Des atrocités ont été commises de part et d’autre. Ces abus, ces atrocités ont été et doivent être condamnés, mais la France ne peut pas se repentir d’avoir conduit cette guerre. »
Justifiant sa visite à Nice par la rencontre privilégiée avec les pieds-noirs et les harkis de la région, le président-candidat s’est dit être le dépositaire de la mémoire des harkis et des expatriés qu’il a qualifiés de « victimes de la décolonisation » : « les rapatriés et les harkis ont été les acteurs mais aussi les victimes de cette période de notre histoire. Ils n’ont pas été les seules victimes, car la guerre d’Algérie a aussi meurtri les Algériens. Mais maintenant que le temps a fait son œuvre, nous devons regarder ce passé en face. Il fait partie de notre Histoire, rien ni personne ne pourra l’effacer. Après 1962, la France, qui sortait des guerres coloniales et entrait dans une nouvelle ère de prospérité économique, a voulu oublier cette période et avec elle ceux qu’elle avait blessés et sacrifiés. On a parqué les harkis dans des baraquements, on a demandé aux pieds-noirs de se faire oublier et de n’embarrasser personne de leurs souvenirs. Les harkis comme les rapatriés incarnent une partie de la mémoire de notre pays et que cette mémoire doit être connue et qu’elle a droit au respect. »
A la question ayant trait aux promesses non tenues qu’il avait faites dans son discours du 7 février 2007 à Toulon à la communauté harkie dont la principale revendication est la reconnaissance de la responsabilité de l’Etat français dans le massacre de leurs pairs lorsque la France a quitté l’Algérie, Nicolas Sarkozy s’est perdu en conjectures : « Cette décolonisation est même un des faits les plus marquants de la deuxième moitié du XXe siècle. La France fut une puissance coloniale, c’est un fait historique. Les rapatriés et les harkis ont été les victimes de la décolonisation. C’est aussi un fait historique ; chaque Français doit être conscient des souffrances qu’ils ont endurées. Mais où est la responsabilité de la France ? D’avoir été une puissance coloniale ou d’avoir accepté un processus de décolonisation en Algérie comme toutes les puissances coloniales ont, partout, été contraintes de le faire ? La France ne peut pas être coupable de tout et de son contraire. La France assume son Histoire, c’est tout. »
Rappelons que dès son élection à la présidentielle en 2007 et à son retour d’une visite en Algérie lors de laquelle il avait dénoncé le système colonial « injuste » mis en place par la France en Algérie (1830-1962), invitant les deux pays à se tourner vers l’avenir, le Président a rendu hommage aux aux harkis, à qui « la France doit réparation. » avait-il souligné: « Pour la France, pour moi, la cause des harkis est une cause sacrée car on ne peut pas les tenir responsables d’avoir cru en la parole de la France», avait-il déclaré à l’occasion de la journée d’hommage aux combattants morts pour la France pendant la guerre d’Algérie (1954-62).
En guise de réponse aux revendications de la communauté harkie qui n’a céessé de réclamer l’indemnisation des biens spoliés et la réparation des préjudices moraux subis, Nicolas Sarkozy avait déclaré alors que le Conseil économique et social avait été saisi « pour étudier les conditions financières concrètes » et rappelé les termes la loi du 23 février 2005 « portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés. »
Synthèse R.N