Rapatriement des corps vers l’Algérie: la SAA en appoint au mouvement associatif en France

Rapatriement des corps vers l’Algérie: la SAA en appoint au mouvement associatif en France

Le rapatriement des dépouilles algériennes depuis l’étranger vers la terre natale, une tâche souvent dévolue en France à des associations cultuelles ou villageoises, demeure une question nodale pour la communauté dont des membres affirment attendre » impatiemment » le lancement de la formule annoncée par la SAA, destiné à recevoir les cotisations des souscripteurs, pour la première fois à partir d’une domiciliation bancaire à Paris.

Si elle venait à se concrétiser, cette initiative serait d’un apport certain à la communauté qui, outre les coûts jugés exorbitants du rapatriement,

se plaint de « l’arnaque » qu’exerceraient certaines mutuelles dans ce domaine, ont indiqué à l’APS des représentants du mouvement associatif et du culte musulman activant dans l’Hexagone.

Pour le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, l’opération répond à une demande « fortement exprimée », en ce sens que  » 70 % de la communauté algérienne vivant en France tient toujours à rapatrier les corps de leurs proches vers le pays natal « , selon lui.

Il a ajouté que la Grande Mosquée de Paris a de tout temps réclamé auprès des autorités algériennes une telle formule, en l’absence de laquelle le rectorat se trouve toujours dans l’obligation de demander des carrés musulmans dans des cimetières français pour » faciliter la tâche à ceux ne disposant pas de moyens pour enterrer les leurs en Algérie ».

 » Certaines pompes funèbres font dans l’arnaque en exploitant la crédulité de personnes pas toujours au fait de clauses, non précisées au demeurant, donnant l’image d’établissements mus seulement par des considérations bassement mercantiles »,s’est indigné Dr Boubakeur, souhaitant que les tarifs des souscriptions SAA soient « compétitifs » pour espérer une adhésion de la communauté.

La direction générale de la Société algérienne d’assurance (SAA) avait annoncé en janvier dernier l’ouverture prochaine d’un compte bancaire à Paris destiné aux ressortissants algériens pour le rapatriement des dépouilles de leurs proches décédés à l’étranger.

Pour Nacer Kettane, président de Beur-FM, le produit proposé à l’international par la SAA viendrait en « complément à des traditions ancrées depuis 70 ans dans la communauté algérienne en France ».  » Cette formule ne saurait être un moyen de substitution à une ancienne pratique locale, reproduisant en France le système d’entraide (Touisa) qui prévaut à ce jour au bled « , a-t-il opiné.

« Ce que nous appréhendons le plus c’est les tarifs qu’aura à proposer la SAA », a indiqué, pour sa part, le président du Collectif de défense des

droits des anciens de l’Amicale, Rabah Mahiout, selon qui « tout se jouera par rapport au coût des prestations proposées ».

Actuellement, le coût du transfert d’une dépouille de la France vers l’Algérie avoisine les 3000 euros dont un billet d’avion aller-retour pour l’accompagnateur, un proche du défunt ou une personne dûment mandatée.

Les tarifs des souscriptions à une assurance varient selon la formule adoptée (groupée, individuelle, forfaitaireà). Celle-ci avoisine en

France les 55 euros/an pour une famille de deux adultes plus quatre enfants, selon une mutuelle ayant pignon sur rue à Paris.

Un jeune de moins de 35 ans payerait environ 22 euros/an. Pour un adulte seul de plus de 7O ans, la cotisation avoisine les 117 euros. L’assurance couvre généralement les frais d’obsèques en Algérie avec un billet aller-retour pour un accompagnateur. Si l’assuré décède en Algérie, sa famille perçoit la moitié de la garantie, soit 1524 euros en France.

Selon le directeur général-adjoint technique de la SAA, Mustapha Douakh, le montant de la prime, dans le produit proposé par l’assureur national, est de 25 euros par an pour chaque personne. »C’est un prix forfaitaire et une assurance compétitive qui s’adresse à tous les âges », a-t-il ajouté, précisant que le contrat d’assurance sera envoyé à l’assuré à partir d’Alger.

Le nombre des compatriotes assurés en Algérie, en juillet 2009, se situe entre 3000 et 4000 assurés, un chiffre jugé  » très timide » par la SAA.

Selon les détails fournis par ce responsable, la nouvelle formule de souscription consiste à ce que la personne à assurer vire le montant de la prime d’assurance dans le compte bancaire qui sera ouvert au nom de la SAA à la BIA (Paris) puis en informe la SAA en se connectant sur son site web (www.saa.dz) pour remplir un formulaire de souscription, donner des indications sur le paiement de la prime d’assurance et demander à la SAA de lui envoyer, à partir de l’Algérie, le contrat d’assurance à son adresse indiquée par le moyen qu’il choisit.

Contacté, le directeur général délégué adjoint de la BIA-Paris a indiqué que l’opération fait l’objet de « procédures administratives d’usage ».  » Les souscripteurs auront à opérer leurs virements auprès de la BIA, les formalités de rapatriement étant la mission de la société d’assurance », a précisé M.Mohamed Younsi.

Entre 12 000 et 15 000 Algériens décèdent chaque année en France, selon une estimation du Consulat général à Paris.

Pour la seule circonscription consulaire de Paris qui compte 161.721 ressortissants, quelque 620 transferts de corps vers l’Algérie ont été effectués en 2010, contre 643 rapatriements en 2009.