L’une des grandes causes de la chute du football algérien est liée au fait que sa pyramide des âges est inversée. Dans un pays où la proportion de la population juvénile est écrasante par rapport à celle des adultes, il aurait été normal que le nombre de licenciés dans le football soit le plus élevé dans les jeunes catégories.
C’est ainsi que l’on part d’une base où l’on trouve un maximum d’écoles de football qui devraient essaimer le pays, pour remonter ensuite aux autres catégories, minimes, cadets, juniors enfin seniors, ce dernier palier constituant le sommet de la pyramide, donc celui où l’on devrait retrouver le moins de licenciés.
Or, vendredi dernier, lors d’une intervention à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, a indiqué le chiffre de 20 000 cadets répartis entre tous les clubs du pays, celui de 28 000 juniors, enfin celui de 30 000 seniors. En somme, cette pyramide là reste toujours inversée comme elle l’avait été dans les années 90.
Cela démontre que les clubs ne font pas les efforts voulus pour enrôler le maximum de jeunes mais on les comprend parce que pour encadrer ces jeunes il faut des infrastructures, un encadrement humain et bien entendu des moyens financiers.
Quand vous avez des communes qui arrivent tout juste à se financer il ne faut pas attendre qu’elles se montrent généreuses pour leurs associations sportives. Du reste, lors de sa réunion de jeudi dernier, le bureau fédéral de la FAF a lancé un appel aux autorités locales concernées pour que soient mises à niveau les infrastructures et pour que soient aidés les clubs amateurs au plan financier dans le cadre de la législation en vigueur.
Pour ce qui est de l’encadrement humain, Mohamed Raouraoua est revenu sur un chiffre qu’il a toujours mis en avant, un chiffre qui montre que le football algérien souffre d’une carence de techniciens. Selon lui, il y aurait 1500 clubs de football en Algérie et seulement 2000 entraîneurs de football. Il indique que si on comptabilisait quatre équipes par club (minimes, cadets, juniors et seniors),
cela signifie que l’on aurait besoin de 6000 entraîneurs pour les encadrer et comme aujourd’hui il faut deux entraîneurs par équipe, ce chiffre grimpe à 12 000 entraîneurs. Où donc trouver les 10 000 entraîneurs qui manquent ? Le président de la FAF a révélé qu’un institut comme l’ISTS d’où sortent les techniciens universitaires forme environ 20 entraîneur de football par an.
Comme cet institut est opérationnel depuis 30 ans, on obtient le total de 600 techniciens du football formés à ce jour et encore, a-t-il souligné, nombre de ces techniciens, au lieu d’être sur le terrain sont utilisés comme administratifs dans des bureaux. «J’en connais même qui travaillent comme chauffeurs de taxi pour arrondir leurs fins de mois», a dit le président de la FAF. Il notera que la saison dernière il y avait 20 000 cadets qui auraient dû se retrouver en juniors cette saison.
«Or nous comptabilisons aujourd’hui 28 000 juniors. D’où sortent les 8000 joueurs en plus ? Ce sont certainement des juniors qui ne sont passés par aucune filière de formation et qui se retrouvent licenciés dans des clubs. Les juniors ce sont l’antichambre de la catégorie seniors. Je vous laisse deviner le manque de formation dont souffrent ces 8000 juniors.»
Pour le président de la Fédération algérienne de football l’anormalité est qu’avec plus de 20 000 cadets nous ne soyons pas capables d’avoir une équipe nationale de la catégorie qui joue régulièrement les compétitions internationales, que ce soit la même chose en juniors avec plus de 28 000 licenciés à ce niveau et en seniors où avec 30 000 licenciés nous en sommes encore à faire appel à notre émigration pour sauver la mise.
Le président de la FAF n’aura fait qu’énumérer les incohérences qui font que le football algérien ne parvient que difficilement à avancer. Ce sont des carences qui existent depuis de nombreuses années et il ne semble pas qu’on soit sur le point de les réduire. Tant qu’elles seront là, il sera impossible de parler de renouveau pour cette discipline.
Par Ahmed Achour