Raouraoua-Saâdane,Histoire d’un désamour

Raouraoua-Saâdane,Histoire d’un désamour

Moins de quinze jours après s’être fendu d’un communiqué dans lequel il avait nié avoir critiqué la FAF après la débâcle de l’équipe nationale à Marrakech, contrairement à des déclarations que lui prêtaient une agence allemande, Rabah Saâdane passe à l’offensive pour lancer quelques banderilles en direction de la Fédération algérienne de football.

En effet, hier, sur les ondes de la Radio nationale, Saâdane a ouvertement critiqué l’organisation du stage de Murcie (Espagne) et de Marrakech qui ont précédé le match contre le Maroc. “Il y avait un problème d’organisation au sein du groupe, que ce soit lors du stage en Espagne ou à Marrakech. Les choses devront impérativement changer pour pouvoir remettre un peu d’ordre à la maison”, a-t-il accusé. Une attaque en règle contre le travail accompli par le manager de l’équipe nationale, Abdelhafid Tasfaout, d’où la réaction immédiate de ce dernier.



Il faut savoir à ce titre que les deux hommes ne s’adressent plus la parole depuis le début des années 2000, lorsque Saâdane, revenu en EN, avait pris la décision d’écarter Tasfaout des rangs des Verts. Saâdane se plaît même à confirmer qu’il a “refusé le poste de directeur technique national (DTN)”, qui lui a été proposé par le président de la FAF, Mohamed Raouraoua. “Oui, j’ai refusé le poste de DTN parce que je ne veux pas travailler dans des conditions difficiles. Je préfère que les choses s’améliorent pour songer à occuper ce poste de nouveau”, a indiqué l’ex-coach, confirmant une information de Liberté, publiée dans l’une de nos précédentes éditions.

Mais Saâdane ne s’arrête pas là, il va jusqu’à proposer carrément de réunir toute la famille du football algérien autour d’une table pour “discuter de l’avenir du sport roi en Algérie”. “Il faut regrouper toute la famille du football algérien afin de trouver des solutions adéquates face à la situation délicate que vit l’équipe nationale en particulier, et le football algérien en général”, a expliqué Rabah Saâdane. Cela a suffi pour provoquer l’ire du président de la FAF, Mohamed Raouraoua, qui a illico presto demandé à son manager général, Abdelhafid Tasfaout, de répondre “sèchement” à Saâdane. L’on imagine mal, du reste, Tasfaout, menbre du bureau fédéral, organiser une conférence de presse sans l’aval de la FAF. Pourquoi donc cette sortie médiatique de Saâdane au moment où, il n’y a pas si longtemps, il témoignait encore son soutien à Raouraoua.

Le faux démenti

à l’agence allemande

Jugez-en : “Je considère qu’il est sage et utile de calmer les esprits et faire un bilan objectif pour éviter au football algérien de tomber dans la crise. Dans ces moments difficiles que traverse le football algérien, je souhaite que les gens fassent une analyse juste et ne pas prendre de décisions hâtives et inadéquates qui risquent de faire basculer la discipline dans une grave crise. Je suis à la disposition du football national pour donner une analyse d’un technicien, non seulement sur la rencontre face au Maroc, mais également sur la progression de notre discipline”, avait-il dit.

L’on est loin des phrases du genre, “oui, j’ai refusé le poste de DTN parce que je ne veux pas travailler dans des conditions difficiles. Je préfère que les choses s’améliorent pour songer à occuper ce poste de nouveau” ou encore “les choses devront impérativement changer pour pouvoir remettre un peu d’ordre à la maison EN”.

Clair, net et précis, Saâdane voit plus grand et se place comme un fervent défenseur d’une reforme qu’il compte visiblement même mener avec son clan et qui passerait inéluctablement par le départ de Raouraoua de la FAF. “Je préfère que les choses s’améliorent pour songer à occuper ce poste de nouveau (DTN)”, lâche-t-il comme pour confirmer cette thèse.

Mais comment Saâdane compte-t-il s’y prendre pour parvenir à ses fins ? Cela nous renvoie en fait aux déclarations faites à l’agence allemande dont le correspondant à Alger maintient malgré le démenti de Saâdane. Dans ses déclarations, l’ex-entraîneur des Verts a rendu responsable le président de la FAF de cette débâcle, l’accusant d’avoir “compromis un travail de trois années lorsqu’il avait mis fin à ses fonctions en le remplaçant par Benchikha”.

En un mot, Saâdane réclame en filigrane le départ de Raouraoua et pour ce faire, il a trouvé la belle parade. En fait, Saâdane a trouvé en la personne du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, un soutien inespéré. Les récentes déclarations de ce dernier contre la FAF ont été perçues par Saâdane comme une aubaine pour se redéployer,

lui qui considère toujours son départ forcé de l’EN en septembre dernier comme une “grande humiliation orchestrée par Raouraoua”.

Le chef de l’Exécutif avait, en effet, estimé que les dernières défaites de l’équipe nationale, notamment celle contre le Maroc (4 à 0), sont essentiellement dues aux changements opérés au niveau de l’encadrement technique. “Je pense que l’on a trop changé d’entraîneurs dans cette équipe en un laps de temps relativement court. Avec un grand monsieur comme Saâdane, l’EN a réalisé de très belles performances et a pu se qualifier pour le Mondial. Cela a procuré beaucoup de joie au peuple algérien. Mais, dès le retour du Mondial, Saâdane a été descendu en flammes.

Il a été vite remplacé par un autre technicien algérien qui, à son tour, est parti quelques mois plus tard, à l’issue de la défaite contre le Maroc. C’est, donc, dans ces changements décidés par la FAF que réside, à mon avis, le problème et l’explication des échecs”, martèle Ahmed Ouyahia.

Le coup de pouce d’Ouyahia

Et de suggérer carrément “la solution locale”. “C’est avec des techniciens algériens que notre équipe nationale a réalisé les meilleurs résultats de son histoire. À mon avis, il faut recruter un entraîneur algérien”, ajoute-t-il. Des propos qui avaient sonné comme une attaque en règle contre Raouraoua. D’ailleurs, Saâdane qui avait pourtant affirmé, le 6 juin dernier dans son communiqué, qu’il ne s’exprimera plus sur ce sujet, veut remettre ça encore une fois dès les prochaines heures lors d’un forum qui sera organisé par un quotidien national arabophone.

Ce sera aujourd’hui, pour être précis, chez nos confrères d’El Bilad. Il aura toute latitude d’expliquer encore plus son plan de reforme. Mais une chose est sûre, entre Saâdane et Raouraoua c’est désormais le clash. C’est la fin d’une idylle qui aura duré un peu plus de sept ans, depuis exactement le retour de Saâdane à la tête des Verts en 2004 et l’épopée de Sousse (CAN 2004). La FAF était alors dirigée par Mohamed Raouraoua.

En 2008, Raouraoua revient à la tête de la FAF et fait appel de nouveau à Saâdane dans la perspective du Mondial 2010. Les deux hommes travaillent en étroite collaboration et c’est grâce à ces deux hommes que l’Algérie revient dans le gotha mondial en Afrique du Sud. Omdurman, c’est aussi et surtout le duo gagnant Raouraoua-Saâdane.

Entre temps, beaucoup d’eau a coulé visiblement sous le pont… fafien !