Avant le match Allemagne-Algérie qui s’est joué hier, Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), a accordé un entretien à nos confrères du journal Le Parisien. Il est revenu notamment sur l’influence des joueurs binationaux au sein de la sélection algérienne, la «revanche» face aux Allemands mais refuse de répondre sur le cas Halilhodzic que l’on annonce partant après la Coupe du monde : «Effectivement, un plan de travail a été élaboré à cette période-là et quoi de mieux qu’une équipe nationale performante pour servir de locomotive au développent de l’ensemble du football national.
Pour cela, il a fallu tout d’abord agir pour amender les textes de la FIFA jusque-là en vigueur qui régissaient le statut des joueurs internationaux. Lors des congrès de la FIFA de Doha en 2003 et des Bahamas en 2009, notre proposition, visant à lever les contraintes imposées alors aux joueurs binationaux, soutenue par la Confédération africaine de football, a été adoptée. Cela a engendré des retombées positives pour un grand nombre de pays dans le monde et plus particulièrement les pays africains qui ont subi de très grandes déperditions de talents. On ne peut donc qu’être satisfait, en effet, d’avoir récupéré un grand nombre de joueurs au cours de ces dernières années, dont le souhait le plus cher était de porter les couleurs de leur pays d’origine.» L’une des questions abordées lors de cet entretien a été bien évidemment celle de l’avenir de Vahid Halilhodzic, ce dernier restera ou non ?«Cette question sera abordée après la Coupe du monde. Pour l’heure, tout le monde doit rester concentré sur sa mission avec abnégation et professionnalisme.»
«Cette sélection est rentrée dans les annales du football national»
«Le football algérien a enregistré bon nombre d’exploits depuis l’Indépendance. On peut citer les médailles d’or des Jeux méditerranéens de 1975 et des Jeux africains de 1978, l’excellente prestation de l’Equipe nationale lors de la Coupe du monde en Espagne en 1982 et la consécration d’avoir remporté la Coupe d’Afrique des nations à Alger en 1990. Mais effectivement, c’est la première fois que l’Algérie accède au second tour de la plus prestigieuse compétition footballistique et rentre ainsi dans les annales du football algérien et africain.»
«L’accession aux 8es de finale constitue juste une étape»
Au sujet d’une éventuelle comparaison entre ce 26 juin 2014 au 12 juillet 1998 en France, le président de la FAF dira : «Aucune comparaison n’est possible. La France a pour sa part en ce 12 juillet 1998 remporté la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Pour notre part, même si c’est un exploit retentissant, l’accession aux huitièmes de finale constitue juste une étape que le football algérien vient d’accomplir. Beaucoup de travail reste encore à faire pour, pourquoi pas, un jour remporter ce trophée mythique.»
«Nos championnats professionnels doivent être le principal réservoir de nos sélections nationales»
A la question de savoir ce quimanque au football algérien pour encore progresser, le premier responsable du football algérien rétorque : «Les vecteurs de la progression du football sont incontestablement le développement de la formation et la mise en place d’infrastructures et de structures adéquates. Ce sont des tâches de longue haleine qui figurent dans les plans de notre fédération et de l’Etat. Notre objectif à moyen terme est d’élever le niveau de nos championnats professionnels qui doivent être le principal réservoir de nos sélections nationales. D’ailleurs, un programme ambitieux est mis en place pour la formation de milliers d’entraîneurs afin de renforcer l’encadrement des 2000 clubs de football structurés dans les 60 ligues réparties sur toute l’Algérie.»
«Bientôt, la FAF signera un accord de coopération avec la Fédération française»
Les bonnes prestations lors de ce Mondial de Slimani, Djabou, Belkalem, Halliche et qui ont été formés en Algérie est pour beaucoup, la preuve que la formation en Algérie progresse, un constat que partage Mohamed Raouraoua : «La formation en Algérie est en effet en train de se mettre progressivement en place avec l’avènement du professionnalisme qui va permettre à tous les clubs de l’élite d’avoir leur centre de formation. La Fédération algérienne de football y apportera son soutien pédagogique afin d’arriver à une harmonisation de la formation. Dans ce cadre, un accord de coopération entre la Fédération algérienne et la Fédération française sera mis en place prochainement pour la formation de 300 entraîneurs qui seront affectés à ces centres dès leur ouverture.»
«On ne fait aucune distinction entre les joueurs formés en Algérie et ceux formés à l’étranger»
Sur la perspective de voir un jour une équipe uniquement composée de joueurs formés en Algérie, il dira : «La Fédération algérienne ne fait aucune distinction entre les joueurs formés en Algérie et ceux formés à l’étranger. Elle les sélectionne pour leurs qualités individuelles intrinsèques. Ceci étant, comme déjà souligné, le développement de la formation devrait aboutir fatalement à ce que des joueurs des championnats professionnels nationaux accèdent aux sélections nationales en plus grand nombre.»
«Le match truqué entre l’Allemagne et l’Autriche de 82 a poussé la FIFA à changer ses règlements»
Au sujet du fameux matche de la honte de 1982 où les Allemands s’étaient entendus avec les Autrichiens pour faire éliminer l’Algérie, Mohamed Raouraoua a estimé qu’ «à l’époque ce match truqué que vous évoquez avait fait scandale, poussant la FIFA à édicter de nouvelles règles dans la programmation des matches. Depuis, comme vous le savez, les matches de la dernière journée se jouent le même jour et à la même heure évitant ainsi tout risque de tricherie».