Une fois de plus, Mohamed Raouraoua a énuméré les chiffres du football algérien. Cela s’est passé dernièrement à l’hôtel Méridien d’Oran lors de l’assemblée générale ordinaire de la Fédération algérienne de football. Et les chiffres dont on parle sont révélateurs de la situation dans laquelle se trouve cette discipline.Ce sont eux qui font que le football avance très mal.
Il y a moins d’un mois, juste après la CAN 2013 qui s’est déroulée en Afrique du sud, nous avions, dans ces mêmes colonnes, parlé de l’erreur qui consiste à ne voir que l’équipe nationale alors que le vrai problème du football algérien se situe à sa base. Nous avions évoqué les déboires des sélections nationales de jeunes dont les entraîneurs ont un mal fou à trouver des joueurs capables de jouer dans ces équipes.
Cela n’est que la conséquence du désert que constituait la formation dans le football de notre pays. Mohamed Raouraoua a dit, lors de l’AG de mercredi dernier, exactement ce que nous avions écrit.
«Arrêtez de regarder vers l’équipe nationale, a-t-il déclaré à l’assistance. Voyez ce qui se passe dans le bas où nous ne parvenons pas à monter des équipes nationales de jeunes compétitives et performantes malgré les immenses moyens que nous mettons à la disposition de celles-ci.»

Il y a un mois nous écrivions que c’est parce qu’il n’y a plus de formation chez nous que la FAF se sent obligée d’aller faire de la prospection auprès de notre émigration pour ramener les joueurs capables de jouer en équipe nationale A.
Le président de la FAF a dit la même chose à Oran. Il a, alors, fait référence au fait qu’il y avait 1540 clubs en Algérie.
Cela veut dire qu’il y aurait 6160 équipes licenciées auprès de toutes les Ligues de football algériennes, en prenant comme base que dans chaque club il y a au moins quatre équipes : les seniors, le U21, les U19 et les U17.
Nous avions déjà évoqué un tel chiffre dans nos propos. Nous ne parlons pas des U15 qui constituent la sève du système puisque c’est à ce niveau-là que l’on trouve les écoles de football, là où s’apprennent les rudiments du football de compétition notamment le placement sur le terrain.
Au cas où on l’ignorerait, il faut savoir que l’écrasante majorité des joueurs seniors du football algérien, les professionnels en premier, ne savent pas se placer sur un terrain (si vous ne nous croyez pas allez voir certains entraîneurs algériens et tous les coaches étrangers qui exercent chez nous. Ils vous diront exactement la même chose).
Cela parce que ces gens-là n’ont pas eu la formation adéquate à la base lorsqu’ils étaient gamins. Ce n’est pas pour rien que l’on assiste à des parties de pousse-ballon à la télévision chaque fois que le petit écran propose la retransmission d’un match de football.
Prenez un stylo et un calepin et amusez-vous à comptabiliser les fautes commises par les joueurs, aussi bien individuellement que collectivement, sur le terrain, vous serez encore plus édifié sur le déclin du championnat national.
Un énorme déficit
Mohamed Raouraoua a révélé que notre football souffrait d’un déficit de 4000 entraîneurs, notamment au niveau des jeunes catégories mais qu’en réalité il fallait en former 9000.
A notre humble avis il se trompe. Non pas sur le nombre mais sur la qualité des techniciens. Oui les jeunes catégories manquent d’encadreurs mais en réalité il s’agit de formateurs et non d’entraîneurs.
Selon des experts de la Fifa, un formateur est quelqu’un qui, en plus des compétences techniques, doit être imprégné d’un savoir-faire en matière d’éducation.
On ne doit pas mettre les gosses entre les mains du premier venu parce qu’il aurait quelques connaissances en football.
Il est là le drame du football algérien qui place les équipes de jeunes et les écoles de football sous la direction d’anciens joueurs qui n’ont que leur acquis sur les terrains à faire valoir.
Alors quand on parle de formation d’entraîneurs nous préférons que l’on se soucie beaucoup plus de la formation de formateurs.
Un entraîneur est un technicien qui ne devrait avoir sous sa coupe que des joueurs déjà formés alors que le formateur est celui qui prend le joueur très jeune et à l’état brut pour lui apprendre comment jouer au football d’une manière collective.
Le jour où les écoles de football, tous les U15 en fait, seront bien prises en charge sur le plan de la formation, on pourra nourrir de bons espoirs pour le football algérien.
En attendant, contentons-nous de ce que nous avons, c’est-à-dire de la médiocrité ambiante et de cette équipe nationale sans cesse montée à partir de l’extérieur. Pour le plus grand mal du football algérien.
Ahmed Achour