L’Algérie, comme tout un chacun a pu le constater, est très réticente par rapport à une intervention militaire au Nord du Mali. Et pour cause, elle sera la première à en essuyer les plâtres, autant sur le plan sécuritaire que sur le plan humanitaire. Et c’est la raison pour laquelle, comme n’ont cessé de le répéter Mourad Medelci et Abdelkader Messahel, les deux fers de lance de la diplomatie algérienne, elle préconise la poursuite du dialogue avec les principaux concernés de l’équation malienne, mais sans écarter pour autant une action armée, mais comme ultime recours.
L’Algérie enregistre un nouveau soutien à sa position en la personne de Romano Prodi, l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahel. Après ses entretiens avec le président Bouteflika, il a déclaré, qu’une intervention militaire au Mali n’interviendrait qu’en “dernier ressort”.
“Je suis venu chercher la paix et nous devons travailler ensemble et avec bonne volonté pour instaurer la paix dans cette région”, a déclaré l’ancien chef du gouvernement italien, cité par l’agence APS.
“Nous avons encore la possibilité de travailler pour la paix et profiter des cadres internationaux et des engagements de l’ONU dans le cadre de la lutte contre le terrorisme pour préserver l’unité nationale du Mali”, dont le nord est aux mains de groupes radicaux islamistes, parmi lesquels Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis huit mois. M. Prodi a estimé que “s’il doit y avoir une intervention militaire, elle interviendra en dernier ressort”.
M. Prodi a également indiqué avoir discuté avec M. Bouteflika “de façon profonde” de “tous les problèmes du Sahel”. “Nous devons travailler sur le court terme, mais nous devons également réfléchir sur le développement à long terme de toute la région du Sahel et comment engager la communauté internationale sur cette voie”, a-t-il encore souligné, appuyant ainsi la vision algérienne qui inclut également dans le cadre d’un règlement définitif du problème malien la dimension du développement économique de la région du nord de ce pays.
La position exprimée par Romano Prodi converge, dans une large mesure avec celle de Catherine Ashton, exprimée lors de sa visite à Alger mardi passé. La cheffe de la diplomatie de l’UE s’est en effet montrée prudente sur le projet de force de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) pour contrer le terrorisme dans le Nord du Mali, isolé depuis sept mois par des groupes islamistes.
L’UE est “disposée à considérer un soutien au possible déploiement d’une force de stabilisation de la Cédéao au Mali, si elle est bien préparée, sous mandat du Conseil de sécurité des Nations unies et en concertation avec un gouvernement d’union nationale et avec l’Union africaine”, a-t-elle dit en évoquant la possibilité d’une mission européenne à Bamako pour soutenir les autorités maliennes.
La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton, en visite le 29 octobre dernier à Alger avait déclaré avoir eu avec le président Abdelaziz Bouteflika “une discussion approfondie” sur le Sahel, et en particulier le Mali.
«Nous avons eu une discussion approfondie sur la situation dans la région et en particulier sur le Mali» avait-elle insisté en précisant qu’elle avait «beaucoup apprécié l’analyse du président, fondée sur sa longue expérience, concernant les nombreux facteurs complexes inhérents à la sécurité intérieure du Mali, ainsi que sur la menace que le terrorisme et le trafic de drogue font peser sur la région et au-delà”. Signe de l’intérêt qu’elle porte au point de veut algérien, Mme Clinton avait encore dit que “l’Algérie doit être au centre de la solution” à la crise malienne.
Hillary Clinton, Catherine Ashton, puis Ramano Prodi, avec des nuances propres à chacun d’eux, expriment des positions, loin de la tendance va-t-en-guerre, ici et maintenant, de la France et du Gouvernement malien. Ce qui les rapproche de facto de la ligne prônée par Alger pour qui une action armée reste un pis-aller.