Ramadhan, mois sacré: La consommation de cannabis explose

Ramadhan, mois sacré: La consommation de cannabis explose

Par Meriem Benchaouia,

Contrairement aux idées reçues, durant le mois de ramadhan «certains interdits» ne sont pas bannis des habitudes chez une catégorie de citoyens, notamment les jeunes. La consommation de drogue, spécialement le cannabis, explose et le trafic connaît lui aussi un pic. Les récentes saisies que les différents services chargés de la lutte antistupéfiants ont enregistrées à travers le territoire national, renseignent, on ne peut mieux, sur l’ampleur de ce trafic.

Ainsi, depuis le début du mois sacré, près de 18 quintaux de drogue ont été récupérés. La consommation est plus intense, il ne se passe pas un jour sans que les services de sécurité ne récupèrent de grosses quantités, soit du haschisch traité, de la cocaïne ou des psychotropes. Pas plus tard  qu’il y a trois jours, plus de 700 kilogrammes de cocaïne ont été saisis au port d’Oran par les garde-côtes, les douanes et la Gendarmerie nationale, a indiqué le ministère de la Défense nationale. Selon la même source, et exploitant des informations, certainement fournies par les services d’Interpol, les éléments des trois corps de sécurité « ont mis en échec une tentative d’introduction, à travers le port d’Oran, d’une énorme quantité de cocaïne estimée à 701 kg enfouie dans un conteneur à bord d’un bateau de transport de marchandises en provenance de l’Amérique latine ».

Aussi, plusieurs individus impliqués dans des affaires liées au trafic de drogue, de stupéfiants et de détention d’armes prohibées ont été arrêtés à travers le territoire national par les forces de police récupérant, par là même des quantités de drogue et de psychotropes. L’un des premiers arguments avancés par ceux qui s’adonnent au «roulage de joint» est la dépendance à l’alcool.  Ainsi, pour compenser le manque d’alcool, nous explique un adepte de la bonne bouteille qui bascule vers les joints durant le mois sacré «je consomme de la zetla. Un joint par jour, le soir avec les amis. Cela produit un effet d’étourdissement mais ne compense pas réellement l’alcool puisqu’il ne produit pas le même effet». Sur les motifs de ce choix, il rétorque que pour lui un joint revêt un aspect plus halal qu’un verre d’alcool. Histoire de se donner bonne conscience. En effet, ceux qui fument du haschich durant toute l’année ont plus tendance à en augmenter la consommation durant le ramadhan. Comme en témoigne un accro à la consommation de haschich. «Je fume des joints durant toute l’année, mais pendant le ramadhan ma consommation double. Je ne me contente pas d’un joint, il m’en faut deux ou trois par soirée». «L’alcool durant le ramadhan ? Jamais, c’est péché. Par contre, la zetla, selon ce que j’ai entendu dire est, sous certaines conditions, tolérée par la religion…Tout le monde le sait. Tu peux t’adonner à la consommation de cannabis après la rupture du jeûne sans rien craindre de Dieu !», nous confie un jeune consommateur occasionnel qui a accepté d’apporter son témoignage sous anonymat. A l’instar des marchés de produits alimentaires, la règle de l’offre et de la demande régit celui des stupéfiants, qui souvent connaît également des perturbations en matière d’approvisionnement durant le mois de ramadhan, conduisant ainsi à la pénurie et donc automatiquement à la flambée des prix. La zetla peut afficher des prix sensiblement élevés.

«Le kif est beaucoup plus cher durant ce mois, mais c’est légitime», affirme un autre jeune, totalement dépendant de la drogue. Il en arrive à tout justifier. «Nous comprenons très bien pourquoi on nous exige de payer plus cher, c’est la taxe du risque que nous devons aux dealers qui veillent à nous procurer cette marchandise malgré le danger auquel s’expose une grande partie de nos distributeurs en raison de l’accroissement de l’activité des différents services de sécurité durant cette période», essaie d’expliquer notre interlocuteur.  Aujourd’hui entre jeunes, fumer un joint est devenu quelque chose de banal et cette banalisation amène beaucoup d’adolescents à le considérer comme un bien de consommation au même titre que le tabac.

M. B.