Ramadhan… mois de la surconsommation et du gaspillage: D’énormes quantités de nourriture dans les poubelles

Ramadhan… mois de la surconsommation et du gaspillage: D’énormes quantités de nourriture dans les poubelles

par J. Boukraâ

Le paradoxe est saisissant. Le mois de Ramadhan, mois d’abstinence et de transcendance, est pourtant devenu synonyme de surconsommation et de gaspillage.

Dans la majeure partie des villes et villages du pays, le mois de Ramadhan rime, désormais, avec une hausse considérable des dépenses, de consommation effrénée et de gaspillage… autant de maux en parfaite contradiction avec la philosophie islamique du mois sacré du jeûne. Les ménages dépensent en nourriture, dans ce mois, bien plus que dans d’autres mois de l’année et le gaspillage fait son effet. Tard le soir ou, au petit matin, les poubelles sont remplies des restes des plats et en particulier le pain. Du pain sous toutes ses formes : étoile, rond, baguette, et avec ses différents composants, fait partie du décor des poubelles, depuis le début du mois sacré, dans tous les quartiers de la ville d’Oran. Paradoxe en ce mois d’abstinence qu’il est difficile pour un musulman de justifier. L’Islam reprouve le gaspillage, à fortiori au mois de Ramadhan, qui est un mois de spiritualité et de retour à des valeurs. Le Coran compare les gaspilleurs aux diables. En effet, la majorité des foyers à Oran cuisinent des quantités conséquentes de nourriture, surestimant souvent les capacités de l’estomac du jeûneur. Et, dans de nombreux cas, ce surplus de nourriture finit, malheureusement, aux ordures.

Tels sont les Algériens, d’une part ils se plaignent de la flambée des prix, d’autre part ils jettent toutes sortes de produits de consommation », dira un père de famille.

Des milliers de sacs poubelle contenant des aliments sont souvent jetés pêle-mêle dans les rues, ruelles et même dans les cages d’escaliers offrant une image sinistre à nos cités et quartiers. Généralement la quantité relevée en période de l’iftar passe de 1.200 t/j à 1.800 t/j durant le Ramadhan, soit une augmentation de l’ordre de 40% par jour, à Oran. Pour faire face à cette situation l’EPIC ‘Oran Propreté’ envisage d’appliquer un train de mesures à même d’améliorer autant que possible ses prestations. L’EPIC a tracé un programme de trois rotation par jour à savoir : de 7h à 12h, de 12h à 17h (prè-collecte) et après la rupture du jeûne, de 22h à 3h du matin. Chaque Ramadan, la surconsommation des citoyens, aggrave davantage la situation avec le gaspillage et conduit inévitablement à l’augmentation du volume des déchets ménagers. En effet, nos concitoyens sont devenus des machines à manger et surtout à gaspiller durant ce mois censé être celui de la piété et de la solidarité. A cette occasion, certains commerçants changent illicitement leurs habitudes adaptant ainsi leur activité aux spécificités du mois sacré. Bien que l’exercice de cette activité avait fait l’objet depuis quelques années d’une mesure faisant état de sa soumission à l’inscription au Registre de commerce. Ce fut, sans succès. Les commerces de ‘zlabia’, ‘qalb ellouz’ et autres gâteaux orientaux, très prisés par les consommateurs, font partie des caractéristiques liées à ce mois et aux habitudes culinaires. Avec l’arrivée du Ramadhan, la plupart des restaurateurs, cafés, fast-food et autres s’improvisent vendeurs de gâteaux orientaux notamment le ‘qalb ellouz’ et la ‘zlabia’. Ils ne se permettent aucun répit tant les bénéfices sont importants. Et ils exposent également des gâteaux et brioches dans leurs échoppes. Des habitudes qui ont visiblement la peau dure, encouragées par le manque de contrôle mais surtout le soutien des consommateurs eux-mêmes qui n’en ont cure des questions d’hygiène ou autres. Pourvu qu’ils trouvent ce qu’ils cherchent et à bon prix. Et pour les commerçants, le Ramadhan constitue la période propice pour se faire un peu d’argent de coté. D’autre part, de nombreux citoyens profitent du Ramadhan pour se livrer à un commerce informel, en vendant de la nourriture et d’autres marchandises dans les rues et sur les autoroutes. en absence totale de conditions hygiène.