Les jeunes algériens sont de plus en plus impliqués bénévolement durant le mois sacré de Ramadhan, un prétexte à promouvoir la solidarité citoyenne.
Une valeur éminemment humaine qu’ils enclenchent par une abnégation d’autant plus gratifiante qu’elle met à contribution d’autres citoyens.
Les exemples se multiplient et les actions se diversifient pendant le mois sacré : « Algerian Food Bank » a été lancé le 5 juillet dernier (une date fortuitement choisie) aux fins de constituer une banque alimentaire destinée à des familles démunies.
Lancée par deux associations algériennes, Sidra et Charikat El-Chabab (entreprise des jeunes), « Algerian Food Bank » cible les clients d’une grande surface commerciale d’Alger pour les inciter à contribuer à la collecte de denrées de base, explique son gérant Nacim Filali.
Conçu par des jeunes, la mise en route du projet est également assurée par des jeunes : 200 bénévoles se relayent durant les horaires d’ouverture de la grande surface pour la collecte des produits concernés, puis leur distribution aux destinataires ciblés.
Au bout d’une dizaine de jours de cette expérience, « l’adhésion » citoyenne est « satisfaisante », dès lors qu’elle a bénéficié à plus d’un millier de familles d’Alger et d’autres villes avoisinantes, assure le même interlocuteur.
Les bénéficiaires de cet élan de solidarité sont identifiés au préalable à travers un travail de proximité mené par les bénévoles auprès de leur voisinage pour s’assurer de leur situation sociale, ce qui suppose une implication citoyenne plus large pour mener à bon port le projet.
Créée en 2010 avec comme leitmotiv le bénévolat de bienfaisance, l’association « Ness el Khir » ne cesse de s’étendre à travers l’ensemble du territoire national, grâce à l’abnégation de ses membres, majoritairement jeunes.
Ses actions bénéficient désormais aux populations vulnérables de 40 wilayas, prioritairement les orphelins, informe son président Lyès Filali qui se félicite de la large adhésion suscitée par la mobilisation de ses bénévoles auprès des donateurs, des « habitués » issus essentiellement du secteur privé.
Pour le Ramadhan de cette année, l’association a reçu « plus qu’elle n’en a besoin », se réjouit-il encore, tout en précisant que les dons ont permis de constituer 400 couffins depuis le début du mois sacré, alors qu’il est prévu de servir pas moins de 6.000 repas par individu.
D’autres associations comme « le Souk », « Panier du ramadhan », « Ramadhan en solidarité » et « L’Association Malak d’Alger » activent dans le même esprit d’entraide pour alléger l’endurance des Algériens particulièrement en difficulté durant le mois du jeûne.
Se faisant, elles s’appuient sur les jeunes qui sont souvent à l’origine de leur existence et en constituent la cheville ouvrière. « Le Souk », un club d’étudiants en médecine, est constitué à 95 % de jeunes de moins de 25 ans qui se démènent comme ils peuvent pour se rendre utiles durant ce mois.
Des initiatives plus discrètes
Si le bénévolat des jeunes se fait souvent dans un cadre organisé, ils sont certainement plus nombreux à s’engager au profit d’autrui, car évoluant de manière plus discrète et à une échelle plus limitée. C’est le cas de Yacine, étudiant en biologie à la faculté Bab Ezzouar, qui a décidé de mettre à profit ses vacances pour apporter sa « modeste » contribution à la noble mission de solidarité ramadhanesque.
En compagnie de 4 autres jeunes de son quartier à Birtouta (Alger), ils ont décidé de sensibiliser leur entourage pour préparer des couffins et des repas qui ont profité à des dizaines de familles. Pour ce faire, ils ont impliqué l’un des restaurateurs qui a mis à leur disposition son local pour recevoir les jeûneurs lors d’El-Iftar.
L’engagement de ces jeunes bénévoles ne s’arrête pas là et s’étend jusqu’à la préparation du repas, avec pour chef cuisinier leur « leader » Yacine qui affiche une satisfaction morale certaine à la faveur de cette première expérience.
Karim est motivé par la même fougue généreuse : longtemps bénévole au Croissant rouge algérien (CRA), il a décidé depuis 3 ans d’agir au sein de son quartier, Larbâa (Blida), aux côtés de ses voisins, environ une trentaine de jeunes.
Ayant convaincu le propriétaire d’une salle des fêtes de la leur céder le temps nécessaire, l’équipe volontaire offre à chaque Iftar 220 repas consistants pour les ouvriers des chantiers.
Le lieu est sollicité par des jeûneurs d’autres quartiers comme Reghaia, assure Karim qui se dit « ravi » de ce que les donations évoluent d’année en année, de sorte à profiter à un plus grand nombre de personnes.
Le dévouement de Yacine, Karim et de leurs innombrables semblables est à l’égal de leur discrétion : ils se refusent à rendre publique leur action, estimant que le plus important est qu’elle rende le sourire à ceux qui en sont privés et qu’elle fasse un maximum d’émules.