Un dispositif de contrôle au service du consommateur
La question de la protection du consommateur est au cœur même des pratiques commerciales. L’intérêt qu’on lui porte n’est pas fortuit, mais il obéit à des exigences et à des préoccupations qui touchent directement à la santé des citoyens, à leur intégrité physique. Les défaillances, les lacunes et les dysfonctionnements de quelque nature que ce soit génèrent des retombées néfastes.
Dans notre pays, le consommateur lambda est constamment confronté à des mœurs et à des comportements délictueux perpétrés par des négociants sans scrupule et dépourvus de tout état d’âme. Leurs méfaits sont connus de tous et la chronique quotidienne en fait un large étalage, notamment sur les colonnes des journaux. Le citoyen est vulnérable, pris à la gorge par des envolées des prix que rien ne justifie, si ce n’est l’appât du gain facile.
Des entorses flagrantes à la réglementation en vigueur, des dérobades pernicieuses à l’encontre de la loi, des atteintes manifestes à l’esprit d’éthique et à la déontologie commerciale sont observées. Partant de ce constat, il est inutile de dire que le consommateur navigue dans des eaux troubles et se trouve à son corps défendant, installé dans une posture de victime expiatoire, soumise à des appétits inextinguibles, à des instincts délétères.
Il y a des périodes où ces comportements nuisibles atteignent un degré d’intensité excessif, notamment durant le mois sacré de Ramadhan. En effet, des spéculateurs véreux, des commerçants indélicats, s’acharnent à trouver les défauts de la cuirasse, à rechercher avec avidité le talon d’Achille pour donner libre cours aux délits d’initiés, portant préjudice au bon fonctionnement des règles du négoce.
La force publique agit autant que faire se peut pour faire échec à toutes ces pratiques malhonnêtes en vertu des pouvoirs que lui confère la loi.
Cette volonté s’est manifestée chez le Chef de l’Etat qui n’a pas manqué d’exhorter et d’interpeller les pouvoirs publiques afin qu’ils persévèrent en permanence dans leur mission de défense et de protection des consommateurs. Il a aussi incité les citoyens sur la nécessité pour eux de s’organiser en associations de consommateurs crédibles auxquelles l’Etat accordera son plein soutien. Les organismes de l’Etat ont donc pour mission de se mobiliser efficacement et de veiller sur le respect des lois.
Ils s’activent sur le terrain pour garantir une meilleure prise en charge de la santé du consommateur, en menant une lutte soutenue contre les fraudes et la contrefaçon, pallier aux dysfonctionnements du marché national. L’Etat se dote d’instruments juridiques et coercitifs pour filtrer et réglementer les pratiques commerciales. Cet effort a besoin d’être renforcé par des actions de prévention, de contrôle, de sensibilisation qui s’inscrivent dans une logique de la continuité et rompent avec les opérations « coups de poing » sporadiques et éphémères qui ont largement prouvé l’étendue de leur faiblesse.
L’unanimité se fait autour de la nécessité d’étoffer et de multiplier les effectifs de contrôle et consolider le dispositif existant en le dotant de moyens humains et matériels en phase avec le nombre considérable de commerçants qui exercent actuellement à l’échelle de tout le territoire national. Aussi, la décision de recruter 7.000 agents supplémentaires durant les cinq prochaines années ne manquera pas d’insuffler un sang neuf dans la délicate tâche de contrôle et de répression des délits.
Une chose est sûre, l’action de l’Etat pour réprimer les dérives et les délitements de la sphère commerciale, ne peut atteindre ses objectifs sans le concours précieux de tous les citoyens, sans la contribution du mouvement associatif, sans la prise de conscience inéluctable de l’obligation de se constituer en associations actives et engagées sur le terrain. De même que le respect de l’éthique et de la déontologie est éminemment nécessaire pour éliminer les pratiques abusives qui mettent à mal la protection du consommateur .
Mohamed Bouraïb
Les prix du poisson s’envolent
Sur les étals d’Alger, le poisson frais est devenu une denrée rare, la sardine s’intronisant carrément produit de luxe. L’une des raisons fondamentales en est que les quelque 100 km de littoral algérois seraient « de moins en moins poissonneux », si l’on en croit les différents acteurs
« Nous avons constaté une diminution du tonnage de poisson bleu et blanc, notamment cette année », signale à l’APS Zoubir Saïdi, chef d’unité à la poissonnerie d’Alger qui relève de l’Entreprise de gestion des ports de pêche (EGPP).
Dans cette poissonnerie, le tonnage quotidien, tous genres de poisson confondus, a baissé d’environ 16,5 % entre 2008 et 2009, soit une chute d’un sixième, précise M. Saïdi.
« Le tonnage du poisson blanc et bleu, ainsi que celui de la sardine, a baissé de 6 à 5 tonnes par jour entre 2008 et 2009, et cette tendance s’est poursuivie en 2010 », précise-t-il encore. L’hypothèse d’une diminution de la ressource halieutique au large de l’Algérois est également soutenue par nombre de pêcheurs et responsables du secteur.
« La récolte est chiche », déplore Fateh Lebbadi, patron de pêche d’un petit métier, Nizla, ayant un port d’attache au port d’El Djamila (ex-La Madrague). Fateh, qui active dans le domaine de la pêche depuis plus de 25 ans, assure que le poisson « n’a jamais été aussi rare que ces deux dernières années ».
Ce pêcheur se souvient du temps où les bateaux « revenaient avec des centaines de kilos », mais « les choses ont changé », regrette-t-il, ajoutant, avec une note de nostalgie de ces années jugées prospères, qu’il arrive aujourd’hui aux pêcheurs de revenir les caisses « pratiquement vides ».
Pour sa part, la directrice de la Pêche et des Ressources halieutiques de la wilaya d’Alger, Mme Rabea Zerouki, confirme et soutient que « le poisson n’est plus aussi abondant au large des côtes algéroises qu’il ne l’était il y a quelques années ».
Pollution, climat et pêche à la dynamite au banc des accusés
Si la rareté du poisson s’impose comme une pénible évidence, aux yeux des opérateurs concernés, la cause de ce phénomène est objet de controverse.
Les changements climatiques et la pollution sont les explications les plus avancées par les responsables, mais certains pêcheurs ont fait valoir les dégâts causés par la pêche à la dynamite.
« Au cours des années 1990, certains pêcheurs utilisaient la dynamite au quotidien, détruisant des milliers de miles de fonds marins », a dénoncé un Raïs, tout en faisant savoir qu’un seul bâton de cet explosif « est capable de détruire la faune et la flore marines sur un périmètre de plusieurs dizaines de mètres carrés ». Selon ce patron-pêcheur, cette technique de pêche, pourtant prohibée, est encore utilisée par les sardiniers mais moins fréquemment qu’aux cours des années 1990.
« Nous subissons les erreurs de nos prédécesseurs », a regretté le marin, la quarantaine à peine entamée, laissant en suspens moult interrogations sur l’exercice de cette activité interdite, dont l’impunité apparente qui la couvre et l’intrigante question de l’approvisionnement en explosifs.
Avec un prix de plus de 300 DA, la sardine n’est plus à la portée de tous. Les prix ont quadruplé en moins de deux ans.
Pour Yazid, propriétaire d’un restaurant spécialisé en poisson depuis 40 ans, la rareté n’en est pas le seul responsable. « Le poisson passe au moins par 4 revendeurs entre le moment où il est déposé sur le quai de la poissonnerie d’Alger et sa sortie du port », affirme-t-il. Mais il semble bien difficile de remonter, ne serait-ce que partiellement, le circuit de formation des prix du poisson tant l’accès à la poissonnerie s’est révélé impossible, même lorsque le journaliste est muni d’une autorisation de l’EGPP.
Les mandataires et les revendeurs ambulants de poisson, abordés à la sortie de la poissonnerie, sont restés évasifs dans leurs réponses aux questions posées quant à la réalité des prix.
Maigre indication : un revendeur de sardines, poussant son chariot, a fait savoir qu’il allait revendre sa marchandise, qui lui a coûté quelque 230 DA par kilo, à 300 DA au minimum…
Lutte contre la spéculation : Entre la prière du citoyen et la main ferme de l’Etat
Le mois sacré du Ramadhan, c’est dans quelques jours seulement et, si les spéculateurs et autres « suceurs de sang » du même acabit se sont préparés pour saigner comme à l’accoutumée les consommateurs, les pouvoirs publics se sont également préparés pour les attendre de pied ferme, les traquer, les confondre et les punir administrativement et judiciairement même.
Les instructions du Président de la République à l’endroit du gouvernement vont dans ce sens, prendre toutes les dispositions nécessaires afin de «réguler l’approvisionnement du marché en produits de large consommation et de lutter contre la spéculation sur les prix et le non-respect de l’hygiène».
de fait, et en matière d’approvisionnement, les départements concernés ont pris les devants, 5 000 tonnes de viandes blanches sont d’ores et déjà stockées localement et exceptionnellement, il a été autorisé l’importation de 5 000 tonnes de viande ovine pour justement réguler le marché et éviter une flambée des prix sur ces deux produits.
Par ailleurs, autre produit stocké, la pomme de terre en quantité suffisante sera mise sur le marché au fur et à mesure des opérations de déstockage du système SYRPALAC institué depuis trois années
. Concernant la spéculation sur les prix, la loi relative à la protection du consommateur et à la répression des fraudes, à travers ses dispositions cerne de plus en plus et resserre l’étau sur le dernier carré de la fraude et de la spéculation, la hausse effrénée des prix. La facturation et la traçabilité du produit permettant de juger de la marge bénéficiaire du prix du détail, cette marge et le prix seront même du ressort des pouvoirs publics dans le cas de produits connaissant une tension ou une situation monopolistique.
Sur le terrain, les moyens humains des services déconcentrés du ministère du Commerce ont été considérablement renforcés, plus de 5 000 nouveaux fonctionnaires seront présents pour veiller à la santé et à la sécurité des consommateurs et traquer par la même les pratiques commerciales frauduleuses et déloyales.
Sur le moyen terme, c’est la multiplication des marchés de gros, en application des instructions du Président de la République qui vont réguler davantage le marché local notamment celui des fruits et légumes.
La vision des pouvoirs publics ne s’arrête pas cette échéance précise, en effet loin d’être conjoncturelle elle porte sur la consolidation des mesures prises en amont pour assurer la sécurité alimentaire du pays, « Une question stratégique et de souveraineté nationale et de préservation de notre indépendance nationale »
pour le Président de la République qui avait demandé aux responsables concernés de «repenser l’agriculture». Les performances réalisées notamment en matière de production de pomme de terre, de céréales, de fruits ou de lait se doivent ainsi d’être maintenues et sans cesse améliorée, mais aussi « payées » et « vendues » à leur juste prix, éviter que les parasites ne s’y incrustent pour s’enrichir sur la sueur des producteurs et des consommateurs.
Des consommateurs qui ont tout loisir de s’organiser en association pour défendre leurs droits et ester en justice même en se présentant comme partie civile, tout spéculateur ou suceur de sang.
«Qui ne craint pas Dieu, ne peut craindre la loi » dit cet adage bien de chez nous, la balle reste dans les consciences des uns et des autres, ramadhan, mois de la piété, de la miséricorde et de la solidarité autant de principes, de vertus à méditer pour les spéculateurs lesquels, ont pour reprendre un autre adage, «une longue année pour gagner», mais légalement et honnêtement…
A. M. A.