Le mois sacré de Ramadhan approche à grands pas. Et si les ménagères et autres pères de familles appréhendent avec une certaine angoisse ce mois béni, en raison des énormes dépenses qu’ils devront effectuer, par contre, pour beaucoup d’autres, la venue du mois du jeûne ouvre les portes de toutes les convoitises et est synonyme d’enrichissement rapide et facile grâce à une bonté divine circonstancielle qui n’a pas d’égale mais surtout grâce à la débrouillardise dont ils font preuve durant cette période de tous les excès.
En effet, pour les familles oranaises, comme du reste pour l’ensemble des régions du pays, l’heure est au grand ravitaillement, et ce, dans un souci de faire des économies. Les grossistes de l’avenue Soufi Zoubida et ceux de M’dina J’dida ne chôment pas et la clientèle attelée à flairer les bonnes affaires, doit passer des fois, des heures entières à attendre son tour pour passer à la caisse.
Dans un autre chapitre, profitant de la fièvre des achats qui s’empare des citoyens, les propriétaires de fast-foods et autres gargotes, théoriquement au chômage technique, ne sont pas en reste et exploitent également ce juteux filon.
Ainsi donc, des grillades on passe tranquillement à la chamia et zlabia, ce faisant, certains se font même passer pour de grands spécialistes en gâteaux orientaux, en mettant plus de moyens dans l’emballage que dans le produit lui-même. C’est d’ailleurs comme cela que la renommée de beaucoup a été faite alors qu’en réalité, ces derniers sous-traitent avec des gens du métier n’ayant pas la chance d’avoir des magasins pignon sur rue.
Les laitiers ambulants, les revendeurs de jus en toutes sortes, comme des escargots à la faveur de la rosée matinale, bourgeonneront et sortiront de leur hibernation, revendiquant sans scrupule leur part de la manne financière. Le lait pur vache à des prix défiant toute concurrence achalandera les étals du commerce informel, qui au cours de ce mois, reprendra l’espace perdu.
A même le sol, le pain spécial Ramadhan parfumé aux graines de sésame, les sachets de congélation contenant bien des fois une espèce de jus ayant eu tout le temps de décolorer sous un soleil de plomb et le lait de vache sont conjugués par un même revendeur à la triple casquette: boulanger, crémier et pour les jus, on ne saurait dire. Le principal étant de gagner sa croûte, ces revendeurs occasionnels n’ont de cesse que de fourguer leurs marchandises et aller roupiller quelque peu en attendant la rupture du jeûne.
Quant au conditionnement de leurs dangereuses marchandises, la qualité de leurs produits, ce sont aux risques et périls de la clientèle qui, pour la plupart, n’achète qu’à l’odorat et aux yeux. Pour les nantis, la priorité est de se procurer des produits de la mer frais et à des prix abordables. Arpentant les différentes localités en bord de mer, allant de Kristel jusqu’au Cap Blanc et même Bouzedjar, ces derniers guettent les propriétaires de petits métiers avec l’espoir de tomber sur des pêcheurs honnêtes n’appliquant pas des prix hors de portée, comme cela sera dans l’ensemble des marchés de la ville d’Oran, en l’occurrence ceux du marché Michelet, de La Bastille, d’Eckmühl, pour n’en citer que ceux-là.
En effet, la différence est tranchante tant dans les prix de la mercuriale que sur la fraîcheur des produits. Ceux qui ont les moyens de manger du poisson pendant le mois du Ramadan le savent et optent pour le bord de mer qui d’une pierre deux coups, leur offre une belle balade et le moyen d’accéder à une fraîcheur inégalable. Tout le monde y est gagnant, les pêcheurs qui vendent sur place leurs prises du jour et la clientèle qui est sûre de ce qu’elle achète.
Comme chaque année, concernant les produits alimentaires, ce nouveau mois de Ramadhan s’annonce comme celui de tous les excès, arnaques sur produits, marchandises frelatées, à la seule différence que la chaleur aidant, les intoxications alimentaires risqueraient de gâcher la fête. Le consommateur devra donc éviter d’avoir les yeux plus gros que le ventre et d’acheter des produits à la traçabilité douteuse.
Bilekdar D.