Ramadhan à Bouzeguène (Tizi Ouzou) : Entre dépenses, gaspillage et veillées nocturnes

Ramadhan à Bouzeguène (Tizi Ouzou) : Entre dépenses, gaspillage et veillées nocturnes

Le mois sacré a malheureusement perdu ses valeurs, car la foi, la piété, la solidarité, l’autosuffisance, le partage et la convivialité ont quitté nos mœurs.

Le mois de Ramadhan à Bouzeguène n’a jamais dérogé à la tradition. En dépit des hausses incontrôlées des prix, les citoyens achètent pratiquement tout sans même demander le prix, car l’essentiel est de remplir les couffins de victuailles tant il est vrai que l’argent des retraités de France compense le manque de moyens constaté dans d’autres régions. Si les boucheries d’autres localités sont toujours bien achalandées, à Bouzeguène, elles sont assaillies dès le matin. Pour être servi, il faut faire la chaîne. Pis encore, pour acheter un morceau de foie et même des tripes, il faut s’inscrire la veille sur une liste de privilégiés. Même en dehors du mois de Ramadhan, les clients attendent fébrilement l’arrivée du camion de l’abattoir pour acheter quelques kilos de tripes. Ceci dit, l’activité commerciale enregistre une recrudescence à telle enseigne que les citoyens les plus calmes perdent leur self-control. Les commerçants provoquent la surenchère et les prix prennent leur envol sans qu’aucun contrôle des pouvoirs publics ne soit effectué. Dans les boulangeries, avec la même pâte, on a droit à une variété de pains et de prix à vous donner le tournis. La “ficelle”, une baguette de pain de 90 g, sans aucun améliorant, est cédée à 10 DA. Le reste varie entre 25, 30, 40 et même 50 DA. Il existe même des pains à 180 DA alors que la farine est subventionnée par l’État. “Chaque jour, nous sommes saignés à blanc sans nous rendre compte ! On achète des sachets de pain, et le soir venu, tout reste sur la table et finit dans les poubelles et les décharges publiques”, nous dira un citoyen. Le mois sacré a malheureusement perdu toutes ses valeurs, car la foi, la piété, la solidarité, l’autosuffisance, le partage et la convivialité ont quitté nos mœurs. Autre activité florissante, le commerce de la zlabia dont le prix varie entre 200 et 250 DA. Le “resto-Rahma” du Croissant-Rouge, qui ouvre, chaque année, au mois de Ramadhan, accueille quelque 150 personnes à la rupture du jeûne, et tout cela grâce à la charité des donateurs. Les cafés qui restent fermés toute la journée constituent, chaque soirée, le point de chute des nombreux villageois. Après le f’tour, les mosquées gracieusement illuminées accueillent les fidèles. Durant toute la soirée, les ruelles de Bouzeguène s’illuminent et les cafés regorgent de monde jusqu’au petit matin. Ce qui attire les jeunes sont les grandes terrasses et leurs téléviseurs à plasma qui diffusent en direct les matchs de football. En attendant, le Ramadhan continue son petit bonhomme de chemin et les dépenses tout comme la fatigue et les veillées s’accumulent au quotidien !

KAMEL NATH OUKACI