Comme de tradition, la commission nationale d’observation du croissant lunaire s’est réunie hier à Alger en vue de déterminer officiellement le début du mois de Ramadhan 2010.
La «nuit du doute», qui permet de confirmer ou d’infirmer la visibilité du premier croissant de lune, a été en effet fixée pour la journée d’hier, qui correspond au 29e jour du mois de Chaâbane de l’année hégirienne 1431.
Aujourd’hui ou demain, Ramadhan est déjà dans tous les cœurs. Et ce mois à la saveur particulière, si différent des autres, va changer complètement nos habitudes.
Le mode de consommation d’abord, puisque face à l’exigence religieuse qui est de s’abstenir de manger et de boire de l’aube au crépuscule, le souci est de se restaurer de façon convenable. Le jeûne, obligatoire pour les personnes en âge de l’assumer, mais fortement déconseillé aux malades chroniques, aux personnes âgées et aux enfants immatures, doit donc être compensé le soir par un repas assez consistant, composé en général de plusieurs mets assez élaborés.
La tradition algérienne veut, en effet, que l’on mange différemment durant toute la durée de ce mois sacré, que l’on soit riche ou de condition modeste. La profusion de plats préparés pour la rupture du jeûne, qui donne un aperçu sur la richesse culinaire du pays, explique en fait le rush des consommateurs sur les marchés, et l’apparition sur les étals de nombreux entremets que l’on consomme presque exclusivement durant le Ramadhan
Forcément, les achats boulimiques engendrent quelques ennuis, telle la spéculation sur quelques denrées qui voient leur prix flamber ou la tricherie sur la qualité et la quantité.
Nos activités ensuite, car le Ramadhan est aussi synonyme de changement d’horaires de travail. Afin de permettre aux jeûneurs de rentrer suffisamment tôt chez eux, et aux femmes travailleuses d’avoir le temps de préparer la table du f’tour, l’Etat a établi ce rituel bien accueilli du reste par la masse laborieuse.
La pratique s’est incrustée dans nos valeurs, et il est impossible aujourd’hui aux employeurs d’imposer une autre organisation du travail. Sauf pour assurer les permanences dans les entreprises et les institutions ou pour assurer la production dans les usines fonctionnant à feu continu, et à l’exception de quelques activités spécifiques, nul n’a le droit de faire travailler un employé au moment du f’tour.
La réorganisation des horaires de travail impose, toutefois, quelques désagréments aux usagers de l’administration publique. La fermeture prématurée de ces dernières pousse le citoyen à régler ses problèmes la matinée… plutôt que d’avoir affaire à des fonctionnaires pressés de quitter leur poste dès le début de l’après-midi. Quand ils ne sont pas tentés de roupiller un brin dans leur bureau.
Enfin, Ramadhan est le seul mois de l’année qui permet à nos villes et villages de sortir de leur torpeur. L’intense activité commerciale qui se développe, de jour comme de nuit, et durant tout le mois, explique l’engouement des citoyens pour les sorties nocturnes. Certains en profitent pour rendre visite à leurs proches, d’autres pour se détendre une fois accomplies leurs obligations religieuses.
A. L