En ce mois de Ramadhan les commerces, formels et informels, se côtoient allègrement, l’un concurrençant déloyalement l’autre, le tout dans un chaos indescriptible.
Sol encroûté de crasse, étals de fortune et les stands tombés en désuétude mais transformés en supports de produits alimentaires et autres sans compter la présence de ce grand déversoir hideux près du même souk, une véritable plaie du quartier, toujours plein à ras bord d’immondices, sans penser un seul instant à la santé des riverains.
Ainsi, à ces innombrables revendeurs à la sauvette occupant les voies et espaces publics durant le reste de l’année, beaucoup de personnes s’improvisent revendeurs durant le mois de Ramadhan. Tous les espaces publics, notamment les trottoirs sont ainsi squattés.
Le fait qu’il soit illégal n’a pas empêché la propagation de ce genre de commerces à travers tout le territoire national.
Avec tout ce qu’il comporte comme risques sur la santé du consommateur, ce genre de commerces a pris beaucoup d’ampleur.
Seulement à Alger existent près d’une cinquantaine de marchés informels. Une simple tournée à travers les rues de la capitale montre que ces endroits commerçants par excellence sont, non seulement très fréquentés par le public, mais ils grouillent de monde jusqu’à une heure tardive de la journée.
Les marchands ambulants et vendeurs à la sauvette qui partagent ces lieux, proposent toutes sortes de marchandises à des prix défiant toute concurrence.
En effet, il est très difficile de se frayer un chemin au marché les Arcades jouxtant la place des Martyrs. Tous les produits y sont exposés.
Cela va des fromages et pains étalés parfois à proximité des tas de détritus, en passant par les produits cosmétiques, les détergents à très bas prix jusqu’à la friperie et autres produits d’habillement.
Cet endroit connaît une très grande affluence, nuit et jour, durant ce mois de Ramadhan. C’est un véritable capharnaüm.
Le même constat est également fait dans les autres marchés de la capitale. Celui des Trois horloges à Bab El Oued est un véritable amoncellement de marchandises au bord de l’explosion. A l’intérieur comme à l’extérieur, les vendeurs de fortune sont quotidiennement omniprésents.
Ce marché se trouve au bord de l’asphyxie, en raison de la prolifération des commerçants ambulants qui squattent le moindre espace pour en faire de véritables étals où sont commercialisées toutes sortes de produits locaux et d’importation.
Ces marchés, à l’instar de ceux de Ben Omar (Kouba), Belouizdad, El Madania et Boumati (El Harrach), sont devenus des lieux privilégiés des habitants de la capitale, en raison de la variété des produits et leurs prix abordables.
Les clients tiennent à fréquenter ces endroits dans l’espoir de faire quelques économies, inconscients des dangers qui pourraient découler du manque d’hygiène, notamment pour ce qui est des produits alimentaires tels les conserves, les fromages et les gâteaux qui restent exposés, toute la journée, au soleil et à la poussière.
«Je suis habitué à ce genre de marchés, car j’y trouve tout ce dont j’ai besoin», affirme un client, ajoutant qu’il n’a que faire de ce qui se dit sur l’hygiène et la qualité des produits proposés par ces vendeurs à la sauvette.
Cet avis n’est, cependant, pas partagé par une sexagénaire, rencontrée au marché de Chéraga, qui soutient mordicus faire toujours ses courses chez les commerçants légaux, «même si je débourse plus», dit-elle.
Jadis réputé pour la qualité de sa marchandise, l’amabilité des commerçants, les clients de choix, le marché couvert à Belouizdad (ex-Saint-Jean), est devenu aujourd’hui un lieu à haut risque, essentiellement en matière d’hygiène et de sécurité.
Les habitués estiment qu’ils est devenu le repaire des voleurs à la tire depuis déjà quelques années, et qu’il n’est plus que l’ombre de lui-même.
Il en est ainsi du marché communal de Staouéli (ouest d’Alger) qui s’est transformé, en ce mois sacré de Ramadhan, en une véritable caverne d’Ali Baba.
On y trouve de tout, du marchand de poissons au vendeur de «dioul» en passant par les autres vendeurs à la sauvette qui étalent à même le sol des produits pourtant périssables.
Mohamed BOUFATAH