Ramadan : les couffins de 2014

Ramadan : les couffins de 2014

C’est la partie immergée de l’iceberg. Ce commerçant de Jijel qui, sous couvert du ramadhan, remplissait les couffins de la « rahma » de produits périmés, impropres à la consommation, de surcroît destinés aux enfants, n’est sans doute pas qu’un fait divers, ni même un problème de morale.

Une distribution de couffins du ramadhan



Cette pratique est symptomatique de l’état de pourrissement avancé d’une société désaxée qui subit les effets directs de la prédation du pouvoir politique. Les pratiques frauduleuses, nombreuses et variées, ne sont mises à jour et dénoncées que quand elles revêtent l’aspect de faits divers, et, en tant que telles, produisent des effets d’indignation éphémère, mobilisent les âmes charitables mais ne changent rien aux causes profondes qui les produisent.

Récemment, c’était des couffins « frais » du Croissant rouge algérien qui ont été détournés pour alimenter des maquis terroristes. il n’y eut pas grand bruit sur cette affaire-là puisqu’elle touche au politique. En fait, ces pratiques frauduleuses sont symptomatiques des effets désastreux de la prédation du pouvoir politique car celles-ci obéissent à la même logique que celles pratiqués par ce commerçant véreux de Jijel.

Combien d’étiquettes -barres le pouvoir politique en place a-t-il collé sur des produits politiques périmés pour faire croire aux citoyens que les réformes sont toutes récentes, que les législatives de 2012 sont de « saison » et que le consommateur n’a plus qu’à se réjouir pour en cueillir les fruits de la démocratie, de la liberté d’expression et d’opinion. Combien de marchés économiques et industriels sont passés par les mêmes « faux et usage de faux » des 1600 boites de lait en poudre, des 400 de tomates d’un kilo, des 900 paquets de pages alimentaires et d’autres? Grave problème de santé publique.

Les « couffins » de la concorde civile ont été aussi contrefaits de la même manière, avec autant d’impunité et de zèle pour contrefaire le terrorisme islamiste, en enjoliver l’emballage pour le faire apparaître comme une victime, des égarés à même de susciter la pitié et la condescendance des chaumières, le coeur des familles éplorées; ces mêmes couffins pleins de « garanties fermes » qui n’ont pas de date de péremption même si leur usage frauduleux a été constant, voire systémique, offerts aux gardes communaux; ces couffins aussi, de projets économiques de pacotille offerts aux jeunes algériens, leur faisant miroiter de grands chantiers producteurs de main-d’oeuvre made in Doha et Doubaï alors que, au fond des couffins, est empaquetée l’idéologie théocratique de la chari’a.

Aussitôt saisie, la marchandise du commerçant de Jijel, a fait l’objet d’une expertise. Comme le rapport des observateurs internationaux sur les élections législatives de 2012 remis ces derniers jours aux autorités algériennes. L’expertise est technique ou ne sera pas. Pour le commerçant indélicat, qui n’a cure de la santé des enfants, le constat est sans appel. L’inscription mentionnant le numéro de lot et la date de péremption sur le fond des boîtes, a été tout simplement grattée et remplacer par une étiquette affichant une durée de consommation s’étalant jusqu’à 2014.

Fait du hasard ? C’est la date butoir également, d’une autre falsification, les présidentielles et avant celles-ci, le trafic subreptice des étiquettes barres de la Constitution. On grattera quelques lois quelques lois, on les remplacera par les mêmes réécrites, on allongera la date de préemption de l’article 120 du FLN maintenant qu’il a squatté la majorité des sièges du parlement depuis longtemps périmé, on mettra le tout dans le couffin de 2014 ennobli par l’article immuable, à l’abri de tout délai de consommation, l’article, au sens commercial du terme, 2 « l’islam est la religion de l’Etat », voire de pratiques frauduleuses. Le couffin du commerçant arrêté mais ses relais si nombreux dans la sphère du pouvoir qu’ils ne sont pas inquiétés, n’est pas différent de la « chkara » du pouvoir. Ils ont la même anse et la même panse.

R.N.