On ne voit pas ce grand rush sur les marchés, comme c’est le cas dans la majorité des villes, du Nord surtout. Adoptant un jeûne modeste et simple, les Hachachna passent un mois en beauté.
Une belle gastronomie et de très succulents mets font, chaque mois sacré de ramadan le décor de la meïda des localités du Sud algérien. Et ce, du fait de la diversité de plats modernes et surtout traditionnels au bonheur des estomacs et des yeux des jeûneurs. Ces derniers optent en général, pour les savoureux plats préparés à l’ancienne par leurs femmes (mères, sœurs, épouses). Djamaa, au sud-est du pays, à quelque 145 km du chef-lieu de la wilaya d’El-Oued préserve toujours son propre cachet, à l’instar de toutes les villes d’Algérie.
Faisant partie de la zone de Oued Righ qui regroupe 2 grandes daïras, Djamaa et El-Megheier, cette localité de Ridjal Ehachane fête le ramadan en beauté. La prière et le Saint Coran, djari et khamira sont les principaux composants du menu ramadanesque durant tout le mois.
On ne voit pas ce grand rush sur les marchés, comme c’est le cas dans la majorité des villes, du Nord surtout. Adoptant un jeûne modeste et simple, les Hachachna passent un mois en beauté. Alors que la doubara et lègmi (jus de palmier) sont exigés pratiquement dans toutes les tables des jeûneurs de la région de Oued Souf, le djari et la khamira sont les rois de la meïda des Hachanis ou hachachna de Djamaa.

Les femmes nous parlent d’une étape primordiale : la préparation de la kerwiya de ramadan à base de plus de 20 épices (ras el-hanout) soigneusement passés à la meule traditionnelle en pierre. Le dernier jour de chaabane, c’est le régal ! Tout est permis. Les gens consomment tous types de plats qu’on évite en général durant le mois de jeûne, notamment les pâtes. Durant ce mois de piété : enfants, jeunes, femmes, tiennent à accomplir les prières notamment tarawih dites lechefaa.
Les responsables de la maison de jeunes de Hay el djabal nous ont appris que plusieurs activités sont organisées durant les veillées de ramadan dont des concours culturels et les jeux traditionnels, à l’image de dimino (dominos) et kherb’ga.
Il était une fois «le bkhour 27»
Le 27e jour du mois sacré, 27 produits de différentes senteurs étaient assemblés dans un seul petit sac en tissu et du khôl, que les femmes posaient devant elles lors de la prière du «khetm» au niveau de la mosquée ou devant l’imam. «C’était par pure naïveté pour avoir un bkhour le long de l’année plein de baraka et durant toute occasion familiale ou fête (mariage, circoncision, naissance», nous dit Lella qui se désole que ce rituel soit interdit par les nouvelles générations. «Lessalafistes n’acceptent plus notre ‘’bkhour 27’’. Ils nous l’ont interdit aujourd’hui et personne ne le fait», enchaîne-t-elle. La veille du 27e jour de ramadan, Zineb se souvient de son père feu El-hadj Ali, ancien imam qui les regroupait dans une chambre pour un 2e «khetm», collectif du Coran, et pour faire une petite réception religieuse avec les enfants». Actuellement, on ne le fait plus depuis le décès de mon père le 15e jour de ramadan 2006. Ce jour-là, il a fait le «khetm» du Saint Coran, seul avant de rendre l’âme», se souvient-elle.
S. L