L’association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) ne faillit pas à la mémoire. Cette année encore, ses militants commémorent le 29e anniversaire du 5 Octobre 1988, à travers un rassemblement pacifique au Parc Khemisti à Alger-centre.
L’occasion pour eux de renouveler une revendication à laquelle ils tiennent pour que la journée du 5 octobre soit déclarée “Journée nationale de la démocratie”.
Sur les lieux, plusieurs policiers étaient présents avant que ne débute le rassemblement. Pour ne pas attirer l’attention et donner une chance à ce rassemblement de se faire les militants sont restés dispersés, évitant de se regrouper jusqu’à l’heure précise du dépôt de la gerbe de fleurs.

À 13h, le signal est donné et la foule se forme. Mais très vite, les policiers les encerclent et les somment de ranger leurs banderoles et de quitter les lieux. Explication donnée par les policiers: « Les rassemblements sont interdits ».
Mais il n’est pas question pour les militants de RAJ et leurs sympathisants de se décourager. Fersaoui Abdelouahab négocie avec les policiers en leur expliquant que son association n’est pas en train de tenter de « semer la pagaille » mais veut simplement « transmettre un message pacifique ».
Face à la persévérance des militants de RAJ, les policiers font une concession, ils leur accordent seulement quelques instants, tout en restant sur place pour surveiller.
Après un court discours rappelant les évènements qui ont marqué le 5 octobre 1988, une minute de silence a été observée puis une gerbe de fleurs déposée à la mémoire des morts. Les policiers ont immédiatement après saisi les banderoles portant « 5 octobre 1988, journée nationale de la démocratie » et ont mis fin au rassemblement.
Après être rentrés au siège de l’association, le président de RAJ s’est dit outré de devoir, dans un Etat de droit, négocier pour faire un rassemblement pacifique.
« Depuis la création de notre association en 1992 nous commémorons chaque année le 5 octobre 1988 et chaque année nous sommes confrontés à la même répression. Nous avons rendu public un communiqué afin d’informer de notre rassemblement et une fois encore nous avons dû faire des concessions puisqu’on devait aussi lire aussi notre déclaration » précise-t-il.
Des acquis à préserver
Malgré le sang et la violence qui ont marqués les évènements du 5 octobre 1988, le président de l’association RAJ estime que le mouvement a apporté à l’Algérie « un nouveau souffle pour qu’il ait un Etat démocratique et un Etat de droit », cependant « ces acquis sont aujourd’hui menacé » met-il en garde.
Fersaoui Abdelouahab, indique que son association à travers le rassemblement d’aujourd’hui, tente également de comparer la situation de l’Algérie aujourd’hui à celle qui a précédé les évènements d’octobre 1988.
Il souligne que des similitudes dans la situation politique, économique et sociale actuelle rappellent l’Algérie des années 80. « Ce qui a mené à l’explosion sociale en octobre 88 ce sont des problèmes que nous vivons aujourd’hui: la crise économique, le dysfonctionnement des institutions politiques, les libertés individuelles menacées, toutes ces contraintes que subit la société peuvent mener à un autre octobre 88 » a-t-il averti.
Il appelle aujourd’hui à des mesures concrètes sur le terrain pour amorcer un vrai processus démocratique inclusif avec la participation de toutes les forces progressistes. Ces mesures commencent selon Fersaoui Abdelouahab, par la question des libertés démocratiques.
L’appel au rassemblement de l’association Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) a également été observé à Bejaia à travers l’université populaire de la LADDH où l’association RAJ est présente à travers le comité local de l’université de Bejaia.
La commémoration du 5 octobre 1988 se poursuivra vendredi 6 octobre. L’association RAJ organisera un séminaire sur « la situation politique, économique et sociale de l’Algérie, entre impasse et espoir ».