Pour eux, la délocalisation de ce projet vers Tiaret répondait à des considérations politiques.
Le projet de raffinerie pétrolière d’El-Kseur refait surface. Le gouvernement ayant prévu de construire 5 nouvelles raffineries de pétrole, le président de l’APW, M. Bettache, en a profité pour convier, hier, l’ensemble des élus locaux et nationaux à une réunion de concertation. Objectif : relancer le projet de raffinerie d’El-Kseur qui avait fait couler beaucoup d’encre au milieu des années 2000, lorsqu’il avait été transféré dans la wilaya de Tiaret. Comment ? “En militant tous ensemble main dans la main et en dépassant les clivages politiques”, car il y va de l’intérêt de la région, privée depuis le recouvrement de l’Indépendance du pays de grands projets structurants, ont déclaré en substance les différents intervenants, élus locaux, parlementaires ou techniciens des entreprises d’hydrocarbure.
Bien que le ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, y soit — de l’aveu de plusieurs témoignages de parlementaires ou du président de l’APW — favorable à l’inscription de l’opération, des élus, échaudés par la précédente expérience, craignent de se faire, une nouvelle fois, doubler car les critères objectifs ne rentrent pas toujours en ligne de compte dans des choix politiques. Et dans la délocalisation de la raffinerie d’El-Kseur vers Tiaret, c’était un choix politique ; huit années après, on parle encore de “la prévision du lancement de sa réalisation”. Les dirigeants de Sonatrach, conviés à la réunion, paraissent, quant à eux, plus confiants et optimistes.
Le choix de Béjaïa pour y recevoir l’une des cinq raffineries est plus que certain. Ils évoquent même une plate-forme pétrochimique, un projet beaucoup plus ambitieux, qu’ils souhaitent voir installer pas très loin de la mer.
Ce qui plaide objectivement, selon eux, pour le choix de Béjaïa : un, l’accord donné par le ministre de tutelle pour la réalisation d’un grand port pétrolier ; des études sont menées en vue de la délocalisation de l’ancien ; deux, la réalisation d’un nouvel “oléoduc GPL, qui va venir de Hassi-R’mel jusqu’à Béjaïa” ; trois, un domaine universitaire important.
Le président de l’APW y a poursuivi en rappelant que l’entreprise avait émis une série de conditions objectives pour le choix définitif du site d’implantation : la proximité d’un oléoduc d’approvisionnement en pétrole brut à hauteur de 45 000 tonnes/jour, des terrains viables, des commodités (électricité, eau, structures de base…) et la participation au développement régional.
Un terrain de quelque 380 hectares situé au niveau du sens unique d’El-Kseur y a été désigné pour recevoir cet important investissement ; une étude préalable y a été effectuée.
L’existence d’un port, d’un aéroport, d’un réseau de voie ferrée — avec un projet de dédoublement, une bretelle devant relier la wilaya à l’autoroute Est-Ouest, de zones industrielles à même d’y recevoir les entreprises que va induire le projet de plate-forme pétrochimique. Et pour finir, l’industrie pétrolière qui sera induite par les forages de pétrole en cours en offshore sur les côtes béjaouies et en dehors
(on-shore).
Pour rappel, le ministre de l’Énergie et des Mines, Youcef Yousfi, avait déclaré sur les ondes de la Radio nationale que “l’Algérie prévoit d’investir environ 10 milliards de dollars pour construire cinq nouvelles raffineries de pétrole afin d’augmenter ses capacités de production”. L’Algérie essaie à l’instar des autres pays producteurs de pétrole d’établir un large éventail de projets d’investissement dans ledit secteur afin de faire face à la crise économique qui secoue le monde et de couvrir les besoins de son marché. Cette perspective s’inscrit dans le sillage de l’élargissement de ses potentialités de production et de l’augmentation de ses exportations.
Le ministre ne s’est néanmoins pas avancé sur la date du lancement de ces projets.
Il est important de signaler qu’actuellement les capacités de raffinage de l’Algérie sont estimées à 26 millions de tonnes par an, et ce, selon des chiffres de la compagnie nationale pétrolière Sonatrach.
M O