L’hippopotame du zoo de Vincennes est le dernier des 462 animaux à être transféré vers le parc zoologique de Ben Aknoun, à Alger
Rodolphe est arrivé discrètement à Alger, samedi dernier, à bord d’un avion militaire de l’ANP. Rodolphe n’est pas le chef d’une quelconque riche principauté et encore moins une star du showbiz. C’est tout simplement un hippopotame parisien de 37 ans, arrivé du zoo français de Vincennes pour s’installer, apprend-on par une dépêche de l’AFP, dans ses nouveaux quartiers du parc zoologique de Ben Aknoun, sur les hauteurs d’Alger. C’est là qu’il devra convoler avec une femelle espagnole, qui doit en principe le rejoindre dans quelques jours.
De cette future union, on espère toute une portée de petits «hippos». Rodolphe a déjà été marié pendant 24 ans à une femelle polonaise ; de cette union sont nés six petits. En attendant que sa future fiancée espagnole le rejoigne, Rodolphe, nous dit-on, est le chouchou des vétérinaires et il serait aux petits soins de la part de l’ensemble du personnel.
Il faut souligner aussi que le voyage Paris-Alger s’est effectué sous grande médiatisation puisque plusieurs journalistes français ont assisté au «déménagement» de l’hippopotame. Journalistes, médecins, personnel du parc français étaient présents à l’embarquement. Tout le monde était sur le pont pour l’ultime voyage de Rodolphe vers le zoo d’Alger.

La directrice du département des jardins botaniques et zoologiques au Muséum national d’histoire naturelle a vécu «avec une certaine émotion ce moment». Rodolphe quitte «sa maison» où il a vu le jour il y a 37 ans. Dans un camion bâché, l’hippo est conduit vers l’aéroport du Bourget. Grâce à l’escorte de 6 motards, les 13 km sont une promenade. Arrivée à l’aéroport. Les formalités sont longues. Les papiers de l’hippopotame comme ceux de ses accompagnateurs sont contrôlés, visés, avant l’entrée dans le saint des saints, le tarmac ! Encore moult précautions pour décharger la caisse du camion et la transférer dans le cargo algérien. La manœuvre est longue, le vent souffle, mais Rodolphe a toujours l’œil brillant. L’avion décolle, emportant dans sa soute l’hippopotame et avec lui le soigneur, qui restera sur place une semaine. Trois heures de vol jusqu’à Alger.
Mais ce que l’on ne dit pas dans la dépêche, c’est que Rodolphe a sans doute mal choisi le moment pour convoler à Ben Aknoun, puisqu’El Watan nous a appris, dans son édition du 13 octobre dernier, que le personnel du parc a décidé d’un préavis de grève en raison de la situation financière de l’établissement qualifiée de «catastrophique» par la section syndicale. Les ressources financières actuellement disponibles ne suffiraient même pas à payer les 650 employés du parc zoologique et des loisirs. Bref, Rodolphe a atterri en pleine «disette» au zoo de Ben Aknoun. Au point qu’un plaisantin a relevé de manière cynique que les employés du parc zoologique n’ont plus, au jour d’aujourd’hui, qu’à demander à être payés en «monnaie de singe».
B. R.