Tout le monde connaissait la résistance que Mme Dati a affichée avant d’accepter d’être candidate et de quitter son bureau de la prestigieuse place Vendôme. Ce nouvel acte de désinvolture a montré le peu de cas qu’elle fait de l’Europe.
La scène se passe au Palais Bourbon, siège de l’Assemblée nationale. Dans le cadre de la campagne pour les élections européennes de juin, la garde des Sceaux, candidate forcée et deuxième de sa liste derrière le ministre de l’Agriculture Michel Barnier, est invitée à un quiz sur l’Europe par les Jeunes Populaires, la branche jeune du parti de droite au pouvoir, UMP.
Pour bien commencer, l’étoile pâlissante de la galaxie sarkozyste arrive avec une heure et demie de retard. Après avoir claqué la bise, elle essaie de réviser ses fiches en catastrophe. Et pendant que son colistier répond doctement aux questions qui lui sont posées, la ministre papote et ricane avec un jeune pop qui ne parvient pas à dissimuler sa gêne exprimée par des tics nerveux. Vient ensuite son tour de répondre. Première question : l’Europe s’occupe-t-elle trop des questions nationales ? Réponse approximative émaillée de rire et formulée dans une langue hésitante. « Elle s’occupe de ce qu’on lui donne à s’occuper… Elle s’occupe de ce qu’on lui donne à s’occuper avec les gens qui peuvent porter ces affaires à s’occuper.
Donc, nous en l’occurrence. » Sans rougir, elle ajoute: « J’ai bien fait là ! » La question suivante porte sur le développement durable.
La ministre assure avoir bien préparé et répond : « On avait répété un peu ! Je récite : 77% de notre énergie provient du nucléaire… c’est ça ? Non, électricité… On m’avait dit énergie. Mais il faut quand même se mobiliser pour développer les éoliennes. C’est ça ? » Tout le monde connaissait la résistance que Mme Dati a affichée avant d’accepte d’être candidate et de quitter son bureau de la prestigieuse place Vendôme. Ce nouvel acte de désinvolture a montré le peu de cas qu’elle fait de l’Europe. Le dirigeant centriste, François Bayrou, a parlé d’un « spectacle apparaissait comme gênant, étrange ». « Il y avait quelque chose de troublant et de confondant dans le peu d’intérêt qui a été montré pour les questions européennes et le caractère un peu désinvolte dans la manière dont les réponses étaient faites », a-t-il dit. Pour l’opposition socialiste, cette affaire illustre le fait que la garde des Sceaux ne maîtrise pas son sujet.
Elle « traite avec beaucoup de désinvolture cette campagne. Nicolas Sarkozy envoie aux européennes des gens qui n’y connaissent rien, et bien elle assume », a déclaré le porte-parole du PS, Benoît Hamon. « Au fond, il y a beaucoup d’amertume chez Rachida Dati d’avoir été écartée d’une fonction prestigieuse. Aujourd’hui, c’est le coup de pied de l’âne contre celui qui l’envoie à Bruxelles », a-t-il ajouté.
« Visiblement, pour l’UMP, (le Parlement européen) est un lieu où l’on va envoyer les ministres sarkozystes en disgrâce qui ne s’y intéressent pas », a aussi estimé Harlem Désir, tête de la liste PS en Ile-de-France. Le président du Mouvement pour la France (MPF), Philippe de Villiers, a ironisé sur le « vide » du projet européen de l’UMP. « On peut dire qu’il s’agit d’un lancement réussi avec un morceau de gourmandise littéraire : Rachida Dati devant les jeunes a finalement expliqué qu’elle faisait de la politique pour rire et non pour secourir », ironise-t-il encore.
« L’incohérence du propos de Rachida Dati recouvre le vide du programme de l’UMP », ajoute-t-il. « Pendant que les Français souffrent et pleurent, l’UMP rit répondant à leur souffrance par la désinvolture. » Le souverainiste reprenait les justifications a posteriori de la garde des Sceaux qui a affirmé « aimer la vie » et « aimer rire ». Face au scandale et à ses risques potentiels, l’UMP a volé au secours à l’illustre soldat de la sarkozie, tentant de faire croire qu’il s’agissait d’un exercice récréatif. Comme si l’Assemblée nationale était une cour de récré et les jeunes pops serrés dans leur costume et cravate de mauvais potache.
Tout argument sérieux aurait eu de la peine à franchir le mur d’incompréhension élevée par la prestation de la ministre qui entame un printemps bien gris. En plus de ce procès en incompétence, elle fait l’objet d’un nouveau livre qui tente de décrypter les fables d’une ambition. « Du rimmel et des larmes » de Jacqueline Rémy décrypte le parcours d’une femme tenace qui n’hésite devant aucun obstacle et ne se prive d’aucun moyen pour assouvir son ambition.
On découvrira surtout que l’icône de l’ouverture est allée bien plus loin que pouvaient le permettre ses diplômes : une carrière de médecin ratée après avoir redoublé deux fois la première année à l’université. Ensuite, un DEUG en sciences économiques obtenu avec la mention passable en trois ans au lieu de deux en théorie.
Attirée par la lumière, elle réussit à tisser des liens avec des personnalités influentes et grâce à de bons parrainages, elle réussira à entrer à l’École supérieure de la magistrature en évitant le filtre du concours. Devenue juge, elle s’ennuie dans son tribunal d’une petite ville de province et parviendra à s’en extirper pour la lumière vive de Paris jusqu’à conquérir un de ses symboles du luxe. La place Vendôme où le ministère de la Justice voisine avec les bijouteries et les boutiques parmi les plus chics au monde.