Rachid Nekkaz, ange ou démon ?

Rachid Nekkaz, ange ou démon ?

1497456_10151997419443681_770384730_n.jpgRachid Nekkaz, l’ex-candidat à la candidature de la présidentielle du 17 avril, suscite plus de curiosité que d’intérêt. Son nom est lié depuis sept ans, à un terme : « élection » (présidentielles françaises de 2007 et de 2012, municipales françaises 2008, législatives de  2013). Si auparavant c’était une histoire typiquement « hexagonale », depuis quelques mois c’est devenue une « affaire algérienne ». Sa dernière « bravade », effectuée jeudi passé, pas loin du siège du Conseil constitutionnel,(CC) n’a fait que confirmer le statut dans lequel il s’est mis depuis (déjà trop) longtemps, celui d’un trublion. Récapitulatif  d’une journée « politique ».

Un « trottoir » pour une « action clandestine »

Il y a quelques jours, Rachid Nekkaz avait annoncé sur sa page Facebook qu’il allait animer une conférence de presse « ouverte » devant le siège du Conseil Constitutionnel à El Biar (Alger). Le rendez-vous était pris à 15h, mais elle n’a pu se tenir que près de 45 minutes plus tard. Et pour les services de sécurité , pas question de regroupement devant le siège du CC.

Rachid Nekkaz a dû négocier un « espace », finalement il obtiendra une partie d’un trottoir, à une cinquantaine de mètres du lieu initialement prévu. Il anima ainsi sa conférence de presse clandestine devant une trentaine de personnes, dont la plupart étaient des journalistes. Mais où étaient ses pseudos centaines de « partisans » qui l’entouraient lors de son « regroupement » devant la Grande Poste d’Alger, le 08 mars dernier ?

En tout, une dizaine de personnes sont venues ce jeudi pour le soutenir et scander son nom, jeunes pour la plupart, la vingtaine environ, dont exactement trois représentantes de la gent féminine.

Un poste contre un soutien

Parmi les sujets qu’il aborda devant les journalistes; il y avait sa proposition d’un « gouvernement d’union nationale » dans lequel il se dit prêt à y entrer «pour apporter ma modeste contribution ». L’ex-candidat à la candidature à la présidentielle pose néanmoins ses conditions, qui se résument pour lui en « trois principes »: « Ce gouvernement d’union nationale » doit représenter « l’ensemble des régions d’Algérie », « l’ensemble des tendances politiques du pays, des islamistes jusqu’au FFS » et « l’ensemble des générations, c’est à dire à la fois, les jeunes et les vieux.»

Pour Rachid Nekkaz même l’ex-FIS peut être inclus dans « son » gouvernement d’union nationale « dès lors qu’ils ont une autorisation du ministère de l’intérieur ».

Mais des six candidats à l’élection présidentielle, qui soutiendra-t-il ? Au courant de la semaine,Rachid Nekkaz avait publié sur sa page qu’il allait annoncer son « choix » le jeudi 27 mars.Or, visiblement, il a  oublié le thème essentiel de son « action ».  Jouant sur un pseudo suspense  qu’il crée en lançant un message pour le « futur président », il précisera que » la porte est ouverte ». Une manière de proposer ses « services »  d’ici le 17 avril.

MJC, le parti des « J’aime »

L’annonce « phare » du jour était celle de « mettre en place un parti politique qui s’appelle le Mouvement pour la Jeunesse et le Changement, MJC». Pour réussir son objectif , Rachid Nekkaz demande le soutien de « 100 000 algériens ». Comment  avoir ce nombre ? Pour lui, ce sera via la toile.

« Nous avons créé un site internet sur Facebook, et déjà 12 000 soutiens ».Confondre un réseau social avec un site internet est plutôt surprenant de la part d’une personne qui a fait fortune grâce à la bulle…internet.

L’autre « anomalie » est le fait de considérer les « j’aime » sur une page Facebook comme des « soutiens politiques ». Les 100 000 « voix » attendues équivaudraient donc à  des clics de souris. Une bien étrange conception de la politique!

Mais il y a quand même un hic . D’où Rachid Nekkaz a fait sortir  le chiffre de 12 000 soutiens ?  Sur sa page Facebook  « Rachid Nekkaz » le nombre de « J’aime » est de plus de 257 000. Si on devait prendre en compte le groupe créé sur facebook au nom du MJC, jusqu’à ce vendredi matin il n y avait que 73 membres.

Ghardaïa

Rachid Nekkaz ne compte pas lâcher ni la politique ni Ghardaïa. Il s’était déjà distingué il y a quelques semaines par son « aventure » dans la ville dont les images avaient fait le buzz sur la toile, et selon toute vraisemblance,il ne compte pas s’arrêter là. Ce jeudi, il a annoncé qu’il sera le lendemain sur place pour « faire une prière pour la paix », en précisant que les 10 000 policiers et gendarmes pour garantir la sécurité « n’est pas une solution ».

EnnaharTV pour cible

Évidement Rachid Nekkaz ne pouvait pas éviter de revenir sur sa rocambolesque histoire de dépôts des bulletins de signatures et la fameuse « disparition » de son véhicule.

Il réaffirme haut et fort qu’en plus des témoins, il y avait  deux chaines de télévision privées, en l’occurrence « EnnaharTV » et « AtlasTV », qui  auraient « filmé » l’entrée de la voiture au siège du Conseil constitutionnel. Il n’omettra de lancer des accusations; la première contre le Conseil constitutionnel qui cacherait, selon lui, les images des caméras de surveillance « qui montrent que le véhicule est bien entré avec les bulletins ». Il ajouta qu’il y avait également les images prises par EnnaharTV qu’elle a refusé de diffuser suite à  un « appel ». Encore une fois, il ne donnera pas plus de détails…

Rachid Nekkaz reviendra sur ses « aventures » hexagonales avec son énième histoire rocambolesque de candidature à l’élection présidentielle française de 2007 où, à l’époque déjà, il criait à la « hogra » pour un vol d’un micro-portable.

Cette « aura » que veut se donner le néo-homme politique algérien, et ce suspense autour d’un éventuel soutien à un candidat est basée finalement sur quoi ? Sur des images publiées sur Facebook, sur 62 000 bulletins de signatures que personne n’a vu ainsi que  sur des « millions d’Algériens » qui lui feraient « confiance »  et que personne n’a rencontré.

Avec l’annonce de la future création de son parti, Rachid Nekkaz va sûrement encore faire parler de lui et désormais,  il ne laisse personne indifférent.

Des signatures que personne n’a vu, des millions de sympathisants que personne n’a entendu, et le tout une guerre des chiffres qu’il met au devant de la scène et  toujours avec rien de palpable.