Rachat de Djezzy,La piste Sonatrach se précise

Rachat de Djezzy,La piste Sonatrach se précise

Le P-DG de Sonatrach

Abdelhamid Zerguine n’a pas écarté une possible entrée de son groupe dans le capital de cet opérateur.

Le groupe public algérien d’hydrocarbures Sonatrach, prévoit d’investir 15,8 milliards, de dollars (11,6 mds euros) en 2012 contre 12 milliards en 2011, a annoncé hier, Abdelhamid Zerguine. Les exportations du groupe ont atteint près de 72 milliards de dollars en 2011, contre 57 milliards de dollars en 2010, soit une hausse de 26%, a ajouté le P-DG du groupe, qui a fait état de 3697 milliards de dinars versés au Trésor au titre de la fiscalité pétrolière, en hausse de 27% par rapport à 2010.

Le groupe Sonatrach a réalisé des investissements de l’ordre de 12 milliards de dollars en 2011 pour développer ses activités en matière de gaz et de pétrole, a annoncé mardi à Alger le P-DG du groupe, M.Abdelhamid Zerguine. Sonatrach a également produit 206 millions de Tep (tonnes équivalent pétrole) d’hydrocarbures en 2011, dont 148 millions de Tep produits par Sonatrach seule, selon les chiffres provisoires avancéspar M. Zerguine lors d’une conférence de presse.

Le P-DG de Sonatrach n’a pas écarté une possible entrée de son groupe dans le capital de l’opérateur de téléphonie mobile Orascom Telecom Algérie (OTA), «si l’intérêt national le nécessitait». «Je n’ai pas de souvenance que Sonatrach a été choisie pour prendre des participations à l’achat de Djezzy mais s’il y a suggestion pour aller dans le sens de préserver les intérêts des pouvoirs publics, nous n’hésiterons pas à le faire d’autant plus que nous avons un réseau de fibre optique avec une expérience avérée», a indiqué hier, le P-DG de Sonatrach en réponse aux question des journalistes. Au mois de janvier dernier, le ministre des Finances, Karim Djoudi, avait évoqué la possibilité d’associer une entreprise publique algérienne dans le rachat de Djezzy, filiale du groupe Orascom Telecom Holding, rachetée en 2011 par le groupe russe Vimpelcom.

Le grand argentier du pays, dont le département mène au nom de l’Etat algérien les négociations de cette acquisition, avait alors indiqué que cette entreprise publique allait aussi gérer le capital pour la partie algérienne, sans préciser si elle allait assurer tout le management du second opérateur de téléphonie mobile en Algérie. Les négociations sur le rachat de Djezzy pourraient aboutir fin mars 2012 à une cession dans laquelle l’Algérie va avoir au moins 51% du capital de Djezzy.

Par ailleurs, l’évaluation d’OTA, confiée au cabinet d’affaires Shearman and Sterling LLP-France, devrait s’achever dans les prochains jours, avait affirmé jeudi dernier le ministre des Finances. Concernant le projet de création d’une banque, le même responsable dira qu’ «il y avait l’idée depuis quelques années du projet de création d’une coopérative financière spécialisée dans les ressources humaines mais qui n’a pas évoluée». La compagnie nationale des hydrocarbures n’a pas encore consolidé son bilan de ses filiales nationales et internationales.

La compagnie nationale manque-t-elle d’ambition? La Sonatrach a mis plus d’un milliard de dollars dans l’exploitation, «un chiffre qui reflète une réelle ambition», soutient-il. «Aujourd’hui, les projets d’exploration qui avancent d’une manière appréciable, se sont soldés par deux découvertes offshore dont une en Tunisie sur laquelle nous n’avons pas voulu faire de déclaration car on essaye d’être très constructifs jusqu’à définir exactement son aspect commercial». S’agissant de la pétrochimie, «on a accusé un retard très important», selon M.Zerguini. «Hormis les initiatives réalisées dans les années 1970 et 1980, il y a actuellement une reprise au complexe pétrochimique d’ammoniac qui a suscité beaucoup de commentaires, mais nous sommes décidés à donner à Sonatrach une base pétrochimique avec un montant qui risque de dépasser les 7 milliards», explique-t-il. Sonatrach est une société qui «fait chaque année 50 à 60 milliards de dollars de bénéfices», estime-t-il pour souligner le fait que le groupe n’a jamais été ébranlé par les scandales précédents. «Les investissements dans l’industrie pétrolière ne sont pas liés automatiquement aux projets nouveaux car les investissements lourds sont destinés au maintien de la production, laquelle est maintenue à plus de 200 million de tonnes équivalents en pétrole, les quantités de produit pendant toute la période de PMT qui vient d’être approuvée par l’Assemblée générale présidée par le Premier ministre en présence du gouverneur de la Banque d’Algérie est la même pendant 5 ans», souligne-t-il.

«La décision finale d’investissement, qui n’a été remise en question par aucun partenaire, n’est pas encore prise en ce qui concerne le gazoduc Galci devant relier l’Italie à L’Algérie via la Sardaigne», selon lui. Aujourd’hui, «on est au stade de demander les permis pour le construire; les accords entre acheteurs et investisseurs sont en cours, les discussions continuent et tant qu’on a un représentant qui s’occupe de Galci en la personne de Youcef Yousfi cela veut dire que le projet n’est pas remis en cause», a-t-il signifié, en dévoilant: «la Sonatrach, qui n’est pas une société politique, observe les développements de la crise ou les menaces d’embargo sur l’Iran au même titre que les autres marchés en essayant de trouver des niches pour placer des quantités de pétrole dans le cadre de sa stratégie et ses intérêts». Sonatrach pourra-t-elle aller au delà de 1,2 million de barils/jour? «Certes, Sonatrach dispose de réserves, mais aller jusqu’à dire qu’elle a des potentialités de réaliser des découvertes qui lui permettent d’aller au delà de 1,2 million de barils par jour relèverait d’une politique suicidaire car maintenir la réserve actuelle, qui est de 4 milliards de TEP, c’est déjà un objectif très important», fait-il savoir. Par ailleurs, l’Algérie est le 2e fournisseur de gaz de l’Europe après la Russie et son 13e fournisseur en pétrole. Les intérêts du groupe Sonatrach en Libye, où le groupe a réalisé deux découvertes de pétrole, «ne sont pas menacés», a assuré mardi à Alger le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, lors d’une conférence de presse. «Nous n’avons pas d’installations de surface (en Libye) mais nos intérêts ne sont pas menacés. Nous n’avons pas encore reçu le feu vert pour reprendre l’activité car les installations du groupe sont situées dans une zone d’insécurité», a-t-il affirmé à ce propos.