Rachat de Djezzy par l’Etat, le bon choix stratégique?

Rachat de Djezzy par l’Etat, le bon choix stratégique?

Le gouvernement vient d’engager des négociations exclusives avec Orascom Telecom Holding (OTH) pour acquérir la totalité du capital de Djezzy, la filiale algérienne de l’opérateur mobile égyptien.

Le groupe égyptien a confirmé, mercredi 2 juin dans un communiqué, avoir reçu une correspondance du gouvernement algérien confirmant son souhait d’acquérir Djezzy.

A moins de faire partir OTH en usant de méthodes illégales, l’Etat algérien va devoir débourser quelques milliards de dollars pour s’emparer de Djezzy. Selon des analystes financiers interrogés par TSA, la valeur de l’opérateur se situerait entre 4 et 5 milliards de dollars.

Selon des sources proches d’Orascom Telecom, le sud-africain MTN avait valorisé Djezzy à 7 milliards de dollars dans le cadre de la transaction qui était en négociation entre les deux parties avant leur interruption à la demande d’Alger.

Mais dans ce dossier, la différence de valorisation importe peu. A quatre milliards de dollars, le bas de la fourchette, le prix est déjà excessif pour l’Etat algérien. Car dans une acquisition, plusieurs paramètres entrent en considération.

Des paramètres financiers comme le chiffre d’affaires et la rentabilité mais aussi un élément théorique : l’intérêt stratégique d’une opération. Si la rentabilité de Djezzy et sa bonne santé financière ne font aucun doute, l’intérêt pour l’Etat algérien de faire une telle acquisition est loin d’être évident.

D’abord, l’Etat algérien possède déjà un opérateur mobile, Mobilis, sur lequel il pourrait facilement s’appuyer pour mettre en œuvre une éventuelle stratégie dans la téléphonie mobile.

Ensuite, au moment où le gouvernement prône la prudence dans la gestion de l’argent public dans un contexte de crise, est-il judicieux de débourser plusieurs milliards de dollars pour acquérir un opérateur mobile activant sur le marché national ? Enfin, si l’Algérie souhaite utiliser les réserves de change pour acquérir des entreprises étrangères, le choix de Djezzy n’est pas le plus indiqué.

Non seulement la valorisation de l’opérateur est trop élevée actuellement mais aussi le gouvernement aurait pu choisir des entreprises dans d’autres secteurs plus stratégiques pour le pays : l’automobile, le BTP, etc. Des acquisitions qui permettraient d’accéder à un savoir-faire et de réduire la facture d’importation.