Le taux de raccordement au gaz de ville est de quelque 41% dans la wilaya de Béjaïa. C’est du moins le chiffre, avancé par le chef de l’exécutif de wilaya. Il était de 28%, il y a quatre années et il est jugé en deçà des attentes des populations locales, qui souhaitent voir les chefs-lieux communaux raccordés à cette ressource énergétique et en finir avec les bonbonnes de gaz.
Mais l’incompréhension vient du fait qu’en dépit des programmes annoncés et pour certains lancés, ils butent sur des résistances de propriétaires terriens qui s’opposent au passage des conduites et canalisations de gaz.
Forcément, malgré le bond en avant réalisé ces dernières années par la Société de distribution de l’électricité et du gaz (SDE) Béjaïa -on est passé de 23 à 28% avant de passer à 41% présentement-, les habitants des régions, qui attendent toujours le raccordement de leurs foyers au gaz naturel, s’impatientent et déplorent le retard accusé dans l’alimentation de leurs communes en gaz de ville. Retard à l’origine de l’exaspération des citoyens, qui, la plupart du temps, ont recours à la rue. Situation vécue dans la vallée de la Soummam et depuis bientôt huit années à Souk El-Tenine. Les opposants au passage des conduites de gaz dans le village de Tidelsine dans la commune d’Aokas empêchent le projet, qui devait alimenter la région de Souk El-Tenine, Melbou, Tamridjt jusqu’à Ziama Mansouriah dans la wilaya de Jijel.
Un plan B, soit un nouveau tracé, a été préconisé par les pouvoirs publics, qui ont perdu plus de huit années dans un dialogue de sourd, qui a pénalisé, in fine, les seuls habitants de la daïra de Souk El-Tenine et de Ziama Mansouriah (Jijel) dont le sort est lié à celui de cette conduite.
Et pour atteindre le taux national en matière de raccordement au gaz naturel, un nouveau programme a été annoncé au profit d’une trentaine de communes. Il prévoit un réseau de distribution additionnel de quelque 2700 km aux 2000 Km inclus dans la deuxième tranche et dont la concrétisation a été lancée le mois de juillet dernier. Une rallonge du réseau, qui portera ainsi le nombre de branchement à 65 000 foyers pour l’alimentation de quelque 120 000 en tout. Une enveloppe financière de 1800 milliards de centimes a été débloquée pour atteindre cet objectif.
Rappelons que la wilaya n’avait reçu jusque-là que 40 milliards pour la première tranche du programme et 800 milliards pour la seconde. Mais l’ambition affichée par les autorités, à travers le lancement de ce nouveau programme, va-t-elle se traduire concrètement sur le terrain ? Il est encore tôt pour se prononcer d’autant plus que les oppositions au passage du réseau qui se manifestent çà et là et plusieurs autres contraintes continuent à freiner considérablement la cadence, qui permettrait d’atteindre la vitesse de croisière et hisser Béjaïa au rang des wilayas proches ou en dessus du taux national en matière de raccordement au gaz de ville.
On verra aussi si l’annonce de ce nouveau programme va convaincre les habitants des localités non encore raccordées au gaz et de sursoir aux mouvements de rue, devenus récurrents. Rien n’est moins sûr. Dans la daïra de Chemini, les villageois de quatre communes, qui ont à maintes fois investi la rue dans l’espoir de voir leurs localités inscrites dans le programme de gaz, ont décidé de mobiliser les élus de la wilaya pour une action d’envergure à Alger. «Les tergiversations verbales et les assurances récentes du wali et du directeur de la SDE Béjaïa ne pourront mettre un terme à notre combat. La population de Chemini a perdu patience et ne pourra croire qu’à une décision d’inscription», a noté la coordination des villages de cette daïra dans un communiqué rendu public récemment.
A signaler pour rappel, que lors de l’annonce du nouveau programme par le wali de Béjaïa et les responsables du secteur de l’Energie, un appel a été lancé aux présidents des APC concernées, conviés à la même réunion, de participer activement à lever toutes les entraves, qui peuvent survenir en cours de route et de freiner la cadence des réalisations des réseaux de transport de gaz. Un travail en aval et en amont devrait avoir lieu avant que ne soit engagées les entreprises, chargées des travaux.
Salim Aït-Sadi