Rabat retire sa confiance à Christopher Ross,Mohammed VI défie Ban Ki-moon

Rabat retire sa confiance à Christopher Ross,Mohammed VI défie Ban Ki-moon
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Christopher Ross avec des Sahraouis

Alger a réitéré son soutien au représentant de l’ONU, tandis que la France a appelé «à un règlement rapide du différend» tout en réaffirmant son appui au plan d’autonomie marocain.

Coup de tonnerre sur le conflit du Sahara occidental. La question du Sahara occidental est considérée comme sacrée par notre voisin de l’Ouest. Celui qui n’épouse pas les thèses du Makhzen ou qui remet en cause la «marocanité» du Sahara occidental, est persona non grata sur le territoire chérifien. Christopher Ross, qui devait se rendre dans la région, à la mi-mai, risque fort de ne pas fouler le sol marocain. Le Maroc a jugé que l’envoyé spécial de l’Organisation des Nations unies a franchi la ligne jaune. Ses déclarations ont été qualifiées de «partiales et déséquilibrées». Rabat a décidé de lui retirer sa confiance de façon unilatérale. «Les comportements contrastés de M.Ross s’écartent des grandes lignes qui ont été tracées par les négociations au Conseil de sécurité. Pour cela, le Maroc a décidé de retirer sa confiance à l’émissaire de l’ONU au Sahara occidental», indique un communiqué du gouvernement marocain répercuté par une dépêche de l’AFP datée du 17 mai. «M.Ross s’est éloigné du mandat qui lui a été confié par le secrétaire général de l’ONU en sa qualité de facilitateur et qui consiste à aider les parties à parvenir à une solution politique», a souligné Youssef Amrani, ministre délégué marocain aux Affaires étrangères. Il était certain que le rapport, sur la situation qui prévaut au Sahara occidental, présenté par le SG de l’ONU au Conseil de sécurité, allait déplaire aux autorités marocaines. Le document faisait état de l’extraction d’aveux de Sahraouis, sous la torture, par les forces marocaines et mettait en exergue les difficultés rencontrées par la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). «J’ai présenté dans mon rapport une série de défis qui démontrent que la Minurso n’est ni dans la capacité d’exercer pleinement ses fonctions de surveillance de maintien de la paix et d’observation ni ne dispose de toute l’autorité pour contrecarrer l’effritement de son rôle…», avait-il écrit dans un rapport examiné par le Conseil de sécurité, le 17 avril 2012, qui avait également relevé que le principe de neutralité de la Minurso «est, depuis de nombreuses années, compromis par le Maroc». Rabat a mijoté sa réaction. Le volcan a craché sa lave. Première cible: Christopher Ross. La démarche marocaine vise le SG de l’ONU. Mohammed VI défie Ban Ki-moon. Ce dernier a réagi. Ban Ki-moon a réaffirmé avoir «toute confiance en Christopher Ross», a indiqué, jeudi, Martin Nesirky, porte-parole de l’ONU. L’Algérie a clairement affiché sa position qui n’a pas bougé d’un iota. «L’Algérie a toujours soutenu les efforts inlassables menés par l’ambassadeur Christopher Ross pour accompagner les deux parties, le Maroc et le Front Polisario, dans la recherche d’une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a souligné dans un communiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani. La France, traditionnelle alliée du trône marocain et puissamment impliquée dans le conflit, tente de désamorcer cette crise tout en réitérant son appui au plan d’autonomie marocain. Une position ambiguë.

Paris «appelle à un règlement rapide du différend… La France a pris note de la déclaration du Maroc qui a décidé de retirer sa confiance à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross», a déclaré, hier lors d’un point-presse, le porte-parole du Quai d’Orsay, Bernard Valero. La décision marocaine a été jugée comme «un nouveau défi intolérable et inadmissible du Maroc à la communauté internationale, au secrétaire général de l’ONU et au Conseil de sécurité…» par le ministère sahraoui de l’Information. «Le Front Polisario et le gouvernement de la République sahraouie estiment «infondée et arbitraire» la décision du Maroc de retirer sa confiance à l´envoyé personnel du secrétaire général de l´ONU, M.Christopher Ross», a ajouté, dans son communiqué, le ministère sahraoui. Les négociations entre le Front Polisario et le Maroc qui étaient dans l’impasse risquent cette fois-ci de connaître un enterrement de première classe…