L’ex-entraîneur national qui a véritablement marqué l’histoire du football algérien, Rabah Saâdane, a accepté, une fois n’est pas coutume, de sortir de l’ombre et de donner son avis sur l’actualité de notre football avec autant d’objectivité que de justesse dans ses analyses comme il le fait à chaque fois.
Le Temps d’Algérie : Que devient Rabah Saâdane que nous n’avons pas beaucoup vu ces derniers temps sur la scène footballistique ?
Rabeh Saâdane : C’est vrai que je me suis quelque peu déconnecté de tout ce qui se passe dans notre football pour m’occuper de choses importantes que j’ai délaissé durant toutes ces dernières années, à savoir ma famille. Je dois dire que cette coupure avec le football m’a fait énormément de bien. Vivre loin du stress et de la pression que j’ai connus ça fait énormément de bien.
Mais vous étiez quand même au courant de tout ce qui se passe dans notre championnat et dans notre football de manière générale ?
Forcément, quand on est un passionné du football, on garde toujours un petit œil et une oreille tendue sur ce qui s’y passe. C’est tout a fait naturel.
Il n’y a même pas eu cette envie de revenir sur les terrains ?
Enfin, je dois avouer que j’ai eu quelques propositions à l’étranger mais elles ne correspondaient pas vraiment à ce que j’aspirais et puis comme je m’étais mis dans la tête de rester avec ma famille pour un bout de temps alors je n’ai pas donné suite à ces propositions.
Revenir dans le football algérien une nouvelle fois ça ne vous tenterait pas ?
Mon souhait a toujours été de mettre mes connaissances et mon expérience au service de mon pays, l’Algérie. Simplement cela ne peut absolument pas se faire sans qu’un certain nombre de choses soient balisées et certainement pas pour moi dans les mêmes conditions qu’antérieurement pour ne pas revivre les mêmes cauchemars.
On laisse entendre qu’être, par exemple, à la tête de la DTN ça vous intéresserait ?
Il y a, en effet, un gros travail à accomplir de ce côté-là, car la Direction technique nationale est une structure aujourd’hui indispensable dans tous les footballs à travers le monde. Et d’ailleurs les pays qui ont réussi sont les pays qui ont des DTN fortes et bien organisées.
On ne peut pas continuer à naviguer à vue et à changer d’entraîneurs éternellement en croyant que cela va régler tous les problèmes comme cela se passe d’ailleurs au niveau de nos clubs.
Cela veut dire en quelque sorte que vous ne fermez pas toutes les portes à un éventuel retour ?
Je vous ai dit que si c’est dans l’esprit que je me suis fixé dans ma tête et pour une mission réellement constructive pour le football algérien, je serai toujours disponible car j’accorderai ma préférence à mon pays et cela me permettrait aussi d’être proche de ma famille. Sinon, je partirai à l’étranger et là aussi si cela correspond à mes aspirations.
Justement, la valse des entraîneurs est un véritable fléau dans notre football, ça vous inspire quoi ?
Comme tout technicien qui se respecte, ça me révolte. Car tant qu’on continuera à considérer l’entraîneur comme le bouc-émissaire tout désigné, notre football ne pourra pas progresser ni même avancer.
Parlons championnat si vous le voulez bien. Avec l’Entente de Sétif, qui a terminé champion de la phase aller, vous connaissez bien ce club qu’en pensez-vous ?
C’est une équipe qui a procédé à un renouvellement partiel de son équipe avec quelques départs à l’intersaison qui ont favorisé l’émergence de certains jeunes talents.
Donc dans un sens ça a été une bonne chose tout comme l’arrivée de l’entraîneur Alain Geiger qui a apporté un plus à l’équipe.
Pensez-vous que les recrutements de ce mercato hivernal seront déterminants dans la course au titre ?
Je ne pense pas car, tout d’abord, il n’y a pas sur le marché une flopée d’attaquants car je crois que c’est ce qui est le plus recherché par les clubs. Moi je dis que ce qui est le plus important pour un club comme gage de réussite à moyen terme c’est de tracer un plan de développement avec un objectif au bout.
Pour cela, il faudrait revenir à la formule des Directions techniques au sein des clubs ?
Tout à fait, vous avez tout compris. On ne peut plus continuer comme ça à fonctionner selon le résultat immédiat avec aucune perspective à l’horizon et en éjectant l’entraîneur au moindre mauvais résultat. Il faut revenir à quelque chose de plus sérieux dans l’intérêt de notre football.
R. B.
