Rabah Saâdane au forum El-Bilad : “Je ne m’attaque à personne, je donne seulement mon avis’’

Rabah Saâdane au forum El-Bilad : “Je ne m’attaque à personne, je donne seulement mon avis’’
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L’ex-sélectionneur national, Rabah Saâdane, n’a pas manqué, à l’occasion de son invitation au forum du quotidien national arabophone El-Bilad, de donner son point de vue sur la situation de la sélection nationale.

Il a tenu à faire part de sa vision des choses, mais aussi à apporter des précisions sur ce qu’il a qualifié d’attaque gratuite à son adresse par le manager général de l’EN et ex-stratège des Verts, Abdelhafid Tasfaout, qui n’a pas été tendre à son encontre lors de la conférence de presse que ce dernier a tenu à animer dimanche matin à Oran. Celle-ci faisant suite à certaines déclarations du cheikh à propos de certains aspects organisationnels touchant à la sélection, en rapport avec la débâcle inattendue des Verts face au Maroc, à Marrakech.

D’emblée, Saâdane fait part du sentiment de déception et d’incompréhension, qui a suivi la lourde dé-faite de l’EN en terre chérifienne. Il a rappelé que toutes ses interventions n’avaient pour seul objectif que de recadrer les choses, d’appeler au calme et de faire part de son point de vue, en tant qu’ex-sélectionneur, de par sa riche expérience et carrière dans le football, et en tant qu’expert en football. A ce propos, il dira : “Je me suis pourtant mis en retrait des affaires directes liées au football national et malgré cela, certains trouvent encore le moyen de vouloir perturber ma quiétude, au-près de ma famille. Depuis mon départ de l’EN, je n’ai jamais eu l’intention de nuire à quiconque. D’ailleurs, je me suis souvent abstenu de faire des commentaires dans le sens critique, pour attaquer qui que ce se soit, ni avant ni après un match de la sélection. Lorsque je donne mon avis, je le fais de bonne foi, en tant que technicien, de surcroît expert en la matière. Je le dis en toute modestie et en tant qu’Algérien soucieux du bien-être de tout ce qui touche à mon pays. Lorsqu’on m’invite par exemple sur un plateau de télé, il faut bien que je donne mon avis en tant que tel, non ? Jamais, et Dieu est témoin de ce que je dis, je n’ai eu de mauvai-ses intentions, en donnant mon avis. J’essaie seulement d’apporter ma riche expérience acquise à la force des jarrets pour faire part de certaines de mes idées, avec la volonté d’apporter ma contribution, en connaissance de cause, pour avoir vécu beaucoup de choses avec l’EN ou les équipes que j’ai drivées, qui pourraient aider ou éclairer ceux qui sont sur le terrain. Où est le mal à ça ? J’ai été surpris par la réaction que je qualifierai d’intempestive de Tasfaout, qui est allé jusqu’à organiser une conférence de presse pour s’attaquer à moi, ouvertement. Sa réaction m’a vraiment étonné ! Je ne l’ai pas visé personnellement lorsque j’ai affirmé que la débâcle face au Maroc devait avoir ses raisons et que cela pouvait être lié à certaines choses en rapport avec la discipline de groupe ou à l’organisation générale, comme certains médias en ont fait part, en évoquant même une certaine anarchie, qui aurait entouré l’EN avant le match contre le Maroc, ni plus ni moins.’’

“Tasfaout a encore beaucoup de choses à apprendre’’

“Je conseille à Tasfaout, qui est en train d’apprendre le métier de manager général au sein de la sélection, d’être à l’avenir plus mesuré dans ce qu’il dit et de réfléchir à deux fois avant de s’attaquer gratuitement aux gens. D’ailleurs, il est mal placé pour s’en prendre à moi, avec tout le respect que je lui dois et je lui dis qu’il se trompe de cible. Moi, je respecte les gens qui travaillent et je veux qu’on me respecte. Contrairement à ce qu’il avance, personnellement, je ne me suis jamais attaqué à Benchikha, à X ou à Y, la déontologie au sein de la corporation et mon éducation ne me le permettent pas. Je suis trop respectueux des autres pour le faire. Le mal au sein de celle-ci et le fait qu’on se tire dessus les uns les au-tres, au lieu d’avoir, comme le dicte le bon sens, des rapports professionnels cordiaux, fraternels et d’entraide. Je n’ai pas critiqué Benchikha et je n’ai pas remis en question ses choix. Je n’ai pas trop envie de polémiquer avec Tasfaout, c’est pourquoi je n’ai pas trop envie d’aller dans son sens, car le poids des ans et ma riche carrière dans le monde du football font que c’est plutôt la sagesse qui m’indique la voie à suivre. Il dit qu’en cas d’élimination, il espère que ça soit les deux points perdus contre la Tanzanie à Blida, qui en seraient la cause. C’est de la pure aberration, car malgré ce match nul, nous étions premiers au goal average, et à ce que je sache, ce n’est pas moi qui étais à la tête de l’équipe après ce match-là. Sur les six matches du groupe, j’ai pris part à un seul et on n’a pas perdu. Qu’il ne dise pas alors n’importe quoi ! Car là, ça de-vient de la pure méchanceté, et je crois qu’à ce niveau-là, il faut être sage et mesuré. On veut faire croire à présent, qu’aux succès et performances réalisés sous ma coupe, je n’ai aucun mérite ! Quelle ingratitude, quel mépris et de qui se moque-t-on ? J’ai toujours œuvré dans le seul intérêt des couleurs nationales et de bonne foi. Je me suis donné à fond à chaque fois, même dans les pires moments, je n’ai jamais fui mes responsabilités.

J’étais fier de faire en sorte que l’Algérie, à travers ma mission en tant que sélectionneur, soit toujours plus haut. J’y ai mis mes tripes et mon cœur. Ne croyez surtout pas que c’était facile. Pas du tout. Pour les lourdes défaites contre le Malawi et l’Egypte, par exemple, que Tasfaout se rassure, j’ai bien dormi ces jours-là. Pas parce que je n’ai pas de cœur pour l’EN, qu’elle perde ou qu’elle gagne, loin de là, mais parce que je savais ce que je faisais.

J’ai déjà fait part avec des arguments purement scientifiques, des raisons ayant conduit à notre déroute face au Malawi, mais dès le lendemain, dans une réunion avec le groupe et les responsables de l’EN, j’ai dit aux joueurs qu’on allait gagner face au Mali et qu’on allait se qualifier. C’était chose faite. Moi, je ne parle pas pour dire n’importe quoi et faire dans le sensationnel. »

‘‘Personne ne pourra effacer l’histoire…’’

« Mon bagage scientifique et technique me permet de mettre noir sur blanc mon programme et mon plan d’action au profit de l’équipe que je dirige. Contre l’Egypte, tout le monde a vu ce qui s’est passé sur le terrain. Sans cela, on avait les moyens de rentrer au pays avec le trophée de la CAN en mains. On a réussi un bon Mondial, car beaucoup oublient où en était le football algérien avant cela. On a pu donner beaucoup de joie au peuple algérien, qui était heureux de retrouver son équipe nationale, dont il était fier. Je tiens à préciser que cela a été l’œuvre de tous les acteurs de la sé-lection et non pas celle de Saâdane seulement. Je tiens une nouvelle fois à préciser que personne ne m’a forcé à démissionner de l’EN, je l’ai fait de mon propre gré, et que les mauvaises langues sachent que sur le plan technique et celui des joueurs, j’étais le seul maître à bord. Me concernant, je dirai que personne ne pourra effacer l’histoire, mê-me en s’attaquant à moi.”

Mohamed-Amine Azzouz