Qu’on se bouge maintenant !

Qu’on se bouge maintenant !

Maintenant que le projet de révision de la constitution est adopté à une grande majorité, tout le monde doit désormais se mettre au travail. Il ne faut surtout pas que les partis ayant soutenu et porté ce projet du président soient grisés par la victoire en bombant le torse face aux boycotteurs et autres opposants.

L’issue des compétitions politiques est certes le résultat des forces en présence, mais ce serait une grave erreur de ne pas écouter les autres. Les attentes sont immenses dans ce grand pays qui se trouve aujourd’hui dans l’œil du cyclone avec cette menaçante crise du marché pétrolier que n’importe quelle constitution ne pourra endiguer.



Il faut donc rapidement rasséréner le climat politique vicié entre le pouvoir et l’opposition en essayant de jeter des passerelles pour trouver des compromis politiques. Parce que l’adoption de la constitution n’est pas une fin en soi. Dans ce contexte difficile marqué par la contraction dangereuse des recettes du pays, et la hausse des prix et des taxes, le front social risque d’être incontrôlable. D’où la nécessité pour le pouvoir et l’opposition d’enterrer la hache de guerre.

L’année 2016 va être extrêmement délicate pour les algériens tant les cours du pétrole vont continuer à dévisser comme le confirment tous les organismes de veille. Ajouter à cela une conjoncture sécuritaire inquiétante à nos frontières surtout avec le bruit des bottes qui se font entendre en Libye. C’est dire qu’il n y a ni vainqueur ni vaincu dans le vote d’aujourd’hui.

Retour à la vraie vie

Le pouvoir qui a désormais une constitution à sa convenance est mis en demeure de desserrer l’étau sur les libertés pour donner corps à ce concept «d’Etat civil» tant revendiqué ces derniers temps. Les partis de l’opposition quant à eux ne vont certainement pas lui faire de cadeaux eux qui s’apprêtent à tenir un Congrès le mois prochain pour fixer une feuille de route politique.

C’est dire que le plus dur reste à faire tant le fossé s’est élargi entre un pouvoir assis sur ses certitudes, et une opposition qui s’estime snobée. Le premier chantier à lancer serait par exemple de mettre en place une équipe gouvernementale de technocrates qui sera capable d’entreprendre les réformes nécessaires pour amortir le contre choc pétrolier.

Une équipe qui redonnera le moral aux algériens légitimement inquiets sur leur avenir avec cette cascade d’augmentations annoncées. Autant dire que l’enjeu est avant tout économique et social. Le gouvernement doit rapidement se mettre au travail pour éviter de mauvaises surprises avec des réserves de changes qui fondent comme neige au soleil. Et les incantations contenues dans la constitution ne seront d’aucune utilité si l’on continue à produire des discours lénifiants face à une crise structurelle.