Rentré depuis quinze jours de congé, un grand nombre de ministres se font rares au point où on se demande si ces derniers ont vraiment repris leurs fonctions ou bien sont-ils toujours en repos «spécial ramadhan», ce qui veut dire en Algérie «juste occuper la chaise».
En tout cas officiellement, le retour au «travail» s’est fait le 8 août dernier suivi d’une série d’auditions traditionnelles durant lesquelles cinq ministres ont été auditionnés.
Il s’agit respectivement des ministres des Finances, Karim Djoudi, de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, de l’Energie et des Mines Youcef Yousfi, des Travaux publics, Amar Ghoul et des Ressources en eau, Abdelmalek Sellal.
Ainsi, certains ministres, en ce mois de ramdhan, ne s’occupent que de la préparation du rapport sur leurs secteurs respectifs et attendent d’être convoqués pour une audition. En tout cas même ces rapports «sont préparés par leurs collaborateurs et conseillers».
Donc, depuis le retour de vacances, on a juste vu quelques ministres en activité. Comme le cas du nouveau ministre du Commerce, Mustapaha Benbada qui s’est retrouvé impuissant devant la flambée des prix du début du mois de ramadhan et malgré les mesures prises dans le cadre du plan spécial ramadhan, la spéculation est toujours là.
Pour sa part, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès est passé à l’action après le ral-bol exprimé par les patients souffrant de maladies chroniques, pour importer 54 marques de médicaments. Et pour ce qui est des négociations avec les syndicats de la Santé, M.Ould Abbès s’est montré satisfait alors que la famille de la santé n’a encore rien vu de concret.
Un autre ministre s’est manifesté le week-end dernier. Il s’agit de celui du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale qui tient à sa fameuse phrase «la tripartite se tiendra avant la fin de l’année» sans faire l’effort d’expliquer pourquoi ce rendez-vous est reporté, sachant qu’il était programmé pour le mois de mars dernier.
Cependant, on se demande que fait la majorité de la composante du gouvernement ? Est-ce quelle se contente de rester au bureau de 9.30 à 15.30 pour justifier leur présence ? Sachant que plusieurs secteurs sont débordés de dossiers et de questions qui attendent des réponses.
A titre d’exemple, le ministre de l’Agriculture, Rachid Benaïssa n’a toujours pas réagi au problème de la filière du lait, dont certaines régions de l’Est souffrent d’une véritable pénurie durant ce mois de ramadhan. Sans oublier la question de la régulation des prix des fruits et légumes et sans parler de la viande devenue «un rêve» pour une grande partie des citoyens.
D’autre part, il y a le cas du nouveau ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi qui a tenu une réunion avec les organisations patronales (partenaires dans le cadre de la tripartite) puis s’est éclipsé alors que plusieurs entreprises publiques souffrent de la faillite et plusieurs salariés sont menacés de chômage.
Et même sur le fameux projet portant «nouvelle stratégie industrielle» de son prédécesseur, Abdelhamid Temmar, rien n’a été dévoilé à ce sujet. Il y a également le cas du vice-premier ministre, Noureddine Yazid Zerhouni qui attend toujours que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika lui explique ses prérogatives et ses missions, sachant que dans la Constitution amendée en 2008, le vice-premier ministre aide le Premier ministre dans la mise en œuvre du programme du président mais sans expliquer les modalités.
Il faut dire que tous ces cas ne sont pas les seuls à être portés «disparus» depuis maintenant deux semaines. Toutefois, il est attendu que le président Bouteflika tienne mercredi prochain un Conseil des ministres afin de valider plusieurs décrets, ordonnances et probablement faire un constat sur la première quinzaine du ramadhan.
Par Nacera Chenafi