Curieusement, ces flambées interviennent au moment où des émeutes sont signalées un peu partout à Alger.
La flambée des prix va-t-elle perdurer chez nous? Question lancinante car, en dépit de toutes les mesures préconisées jusque-là, pour tenter de la juguler, la hausse des prix reprend sa course folle.
En quelques mois, le prix du sucre est passé de 80 à 120 DA! Et rien ne dit qu’il ne va pas connaître d’autres seuils, jamais atteints jusqu’ici. Partant du postulat que les Algériens sont de grands consommateurs de sucre, particulièrement à l’occasion des fêtes, les barons du sucre imposent leur diktat en provoquant souvent, volontairement, les pénuries et en les entretenant. Comment expliquer que le litre d’huile coûte 150 DA en quelques jours! L’argument est tout trouvé pour «faire taire» le pauvre citoyen: «C’est la faute au marché international.» Curieusement, jamais les prix n’ont baissé quand ce même marché international amorce un déclin. Paradoxalement aussi, ces flambées interviennent au moment où des émeutes sont signalées un peu partout à Alger en raison du logement. Car, en toute évidence, on annonce une augmentation du prix du café, des gâteaux, de la semoule et autre produit à base de sucre. Une véritable avalanche.
Qui veut donc, embraser le front social? Les citoyens saignés à froid après de fausses promesses de diminution des prix du sucre et de l’huile durant le Ramadhan, voilà qu’à présent, ils reçoivent la nouvelle d’une autre flambée inattendue. «A quelques jours du mois de Ramadhan on a subi un véritable matraquage médiatique pour annoncer que les prix de l’huile ont baissé de…1 Da» se plaint un citoyen rencontré hier, dans une supérette à Alger-Centre. «Aujourd’hui on nous fait payer ces baisses, d’ailleurs insignifiantes, du mois de Ramadan, des prix de l’huile et du sucre», ajoute ce citoyen désorienté. Hier, dans les cafés, les transports et autres lieux de rencontre, les sujets de discussion portaient justement sur ces augmentations rappelant les années de disette et de plans antipénurie (PAP). «Pourquoi l’Etat ne fait rien pour nous protéger de ces prédateurs!», se lamente une ménagère. «Que cherchent-ils à travers ces flambées non annoncées?», s’interroge un citoyen. Nul ne sait quand, exactement, cette flambée va s’arrêter.
Comme une maladie contagieuse, elle n’épargne aucun produit qu’il relève de la production locale ou d’importation. Certes, les fluctuations des marchés boursiers mondiaux influent, à terme, sur les cours et les dopent parfois, mais elles ne peuvent pas expliquer, à elles seules, toutes ces hausses excessives qui perturbent les ménages à moyen ou faible revenus. A l’exception des produits maraîchers, tous les autres en général ont subi des augmentations en ce début d’année 2011. Les menaces de pénurie que certains avaient brandies semblent avoir subitement, disparu. On retrouve sur les étals tous les produits de large consommation mais à quels prix? C’est le cas, aussi, de la semoule et de la farine. Ces produits sensibles qui constituent la nourriture de base des Algériens, connaissent aussi, des fluctuations et sont otage des barons. Après avoir fait courir le bruit que la semoule allait manquer, ils invoquent de nouveau la crise économique mondiale et ses effets négatifs sur l’économie algérienne qui ne couvre qu’un quart des besoins en biens alimentaires. Si le pain n’a pas, lui, connu de hausse sensible étant vendu, en moyenne, à dix dinars la baguette, le croissant, en revanche, a été augmenté de deux dinars passant de dix à douze dinars l’unité, soit 20% de hausse.
Une flambée qui touche également la pâtisserie orientale et les gâteaux traditionnels dont les prix sont passés du simple au double, voire au triple, comme nous avons pu le constater dans certaines pâtisseries et boulangeries dites huppées. Au rythme où vont les choses et selon les prévisions de nombreux experts, on risque de basculer dans une crise, comparable à celle qu’on avait vécue en 2007 et 2008. Pour la prévenir, un seul moyen: «La défiscalisation.» C’est en tout cas, ce que proposent les opérateurs économiques et les «experts» en l’absence de subventions sur le sucre et l’huile. N’est-ce pas là une autre forme de chantage? Cette proposition avait été déjà faite en 2009 et voilà qu’on la remet sur le tapis à un moment crucial. L’approvisionnement des marchés en fruits et légumes est aussi une préoccupation pour les ménages qui ne comprennent pas les raisons de ces flambées des prix devenues coutumières et très contraignantes pour le porte-monnaie qui est agressé de toutes parts. Du jour au lendemain, les prix changent. Afin de trouver une explication, chacun y va de sa spéculation. Tantôt, c’est le mauvais temps qui est mis en cause, tantôt c’est la sécheresse. Ni l’un ni l’autre, en vérité. Les fruits et légumes ont, aussi, leurs barons. Ce sont eux qui régentent le commerce et qui en fixent les frontières des prix. Quant au ministère du Commerce, il compte les coups.
Kaci AGGAD