Qui souffle sur la braise à Ghardaïa ?

Qui souffle sur la braise à Ghardaïa ?

Les nouvelles qui proviennent du «front» de Ghardaïa inquiètent au plus haut point.

Il serait irresponsable de ne pas prendre au sérieux cette étincelle qui risque prochainement d’allumer un brasier inextinguible. Les comptes rendus de presse de ce week-end ne sont guère rassurants.

On évoque des batailles féroces à coup de barres de fer, de jets de pierres et de lancers de bombes lacrymogènes. Plus grave encore, ce sont ces SOS lancés par les représentants des mozabites à «la communauté internationale» qui doivent choquer.

En creux, ces derniers glissent qu’ils ne sont pas protégés y compris par les services de sécurité. Tout le monde a pu voir les vidéos choquantes envoyées sur les réseaux sociaux par l’activiste Kameleddine Fekhar et d’autres mozabites où on voit les «jeteurs» de pierres encagoulés se tenir derrières des éléments de la police anti-émeutes. Message subliminal : la police protège voire encourage les agresseurs qui prennent à partie la communauté mozabite.

LG Algérie

Vu d’ailleurs, on ne peut hélas pas résister à la tentation de décrypter «politiquement» ces scènes d’émeutes dont les victimes visuelles y sont clairement identifiées : les mozabites. Vu de l’étranger, ces images peuvent choquer voire interpeller les ONG des droits de l’homme et tout ceux qui ne désespèrent pas de voir s’exacerber en Algérie les particularisme locaux pour justifier une éventuelle internationalisation de la question.

Risque de dérapage

Il ne faudrait pas être naïf pour croire que certains milieux hostiles ont fait leur deuil d’un «printemps algérien». La récurrence de ces émeutes à Ghardaïa est sans doute un signal d’alarme qu’il y aurait quelque part un plan visant à faire déraper cette région.

Après, «l’échec» de l’opération Tiguentourine, souffler sur la braise du communautarisme semble être l’arme fatale pour déstabiliser un pays politiquement plombé par un président malade.

Les yeux du monde sont depuis ce week-end rivés sur la ville de Ghardaïa qui clignote par ses différences ethniques, culturelles et cultuelles. Il ne faudrait pas s’étonner d’entendre des voix brandir le sacro-saint «devoir d’ingérence» ou encore la protection des «minorités».

C’est dire que la situation à Ghardaïa est bien suffisamment grave pour que le gouvernement ne prenne pas conscience des dangers. Au lieu d’aller faire une patrouille à l’est (El Tarf et Guelma) le Premier ministre Abdelmalek Sellal aurait été mieux inspiré d’aller voir se qui se passe à Ghardaïa.

C’est le minimum requis pour un responsable de son rang qui ne rate aucune tribune pour gloser sur la stabilité de l’Algérie. Force est de constater aujourd’hui que Ghardaïa est très instable. Et forcément toute l’Algérie avec elle. Les autorités sont fortement interpellées d’intervenir avant qu’il ne soit trop tard.