Les Algériens sont-ils les plus gros fumeurs du monde arabe en 2025 ?

Les Algériens sont-ils les plus gros fumeurs du monde arabe en 2025 ?
Quel est le peuple arabe qui fume le plus ?

Les données internationales les plus récentes dressent un tableau complexe du tabagisme à travers le monde, s’étendant du Pacifique au monde arabe. De l’Afrique aux Balkans et à l’Asie du Sud-Est, l’Algérie occupe une position qui mérite d’être soulignée : elle se classe au quatrième rang arabe et africain, et au cinquante-sixième rang mondial.

Avec un taux global de fumeurs de 21,1 % de la population, la répartition algérienne est frappante : 41,6 % d’hommes contre seulement 0,6 % de femmes. Cette large disparité entre les sexes n’est pas un hasard.

Le rapport World Population Review 2025 y voit l’expression d’une structure sociale qui considère le tabagisme comme une pratique quasi établie pour les hommes, tandis que la culture sociétale la restreint à des limites proches de zéro chez les femmes.

Même si l’Algérie ne figure pas parmi les pays où le tabagisme est le plus répandu au monde, sa position régionale révèle que le phénomène est profondément enraciné, avec les lourdes conséquences sanitaires et économiques que cela implique.

Quel est le peuple arabe qui fume le plus ?

Les chiffres indiquent que la Jordanie occupe la première place arabe avec un taux global de fumeurs atteignant 36,3 % de la population. Ce pourcentage dépasse celui de certains pays européens avancés et la place à des niveaux similaires à ceux de nations comme Andorre (36,4 %) et Kiribati (36,8 %).

La gravité du phénomène est confirmée par l’écart entre les sexes : 58,4 % des hommes fument en Jordanie contre 14,1 % des femmes.

Le Liban arrive en deuxième position arabe avec un taux de 34,1 %. C’est un pays exceptionnel dans la région en raison du pourcentage de femmes fumeuses qui atteint 25 %, le plus élevé dans le monde arabe et le plus proche de la moyenne mondiale.

Ce phénomène, dans un pays vivant sous le poids des pressions économiques et des effondrements successifs, révèle l’effet des facteurs psychologiques et sociaux qui poussent les comportements addictifs à la hausse.

Quant à l’Égypte, classée troisième arabe avec 25,8 %, elle connaît l’un des plus grands écarts entre les sexes au monde, reflétant la domination de la culture conservatrice sur le comportement des femmes, malgré la forte prévalence du tabagisme chez les hommes.

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L’Algérie suit en quatrième position avec un taux de 21,1 %. Vient ensuite le Yémen avec 20,6 % où le contraste apparaît entre 33,8 % chez les hommes et 7,5 % chez les femmes.

Ainsi, pour récapituler, voici le classement des pays arabes avec les plus forts taux de fumeurs

  1. Jordanie – 36,3 % de fumeurs (58,4 % des hommes, 14,1 % des femmes)
  2. Liban – 34,1 % de fumeurs (dont 25,0 % de femmes, un record régional)
  3. Égypte – 25,8 % de fumeurs (51,2 % des hommes, 0,3 % des femmes, un des plus grands écarts mondiaux)
  4. Algérie – 21,1 % de fumeurs (41,6 % des hommes, 0,6 % des femmes)

Tabagisme : Un taux élevé et des défis sanitaires accrus sur le continent

Sur le plan africain, l’Algérie se situe dans un contexte similaire à un groupe de pays enregistrant des taux moyens à élevés. Les plus notables sont Madagascar (25,1 %), le Lesotho (24,1 %) et l’Afrique du Sud (20,5 %), aux côtés de Maurice et des Seychelles avec des taux autour de 20 %.

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Ces données révèlent que l’Algérie, à l’instar de nombreux pays du continent, est confrontée à un double défi : un tabagisme élevé chez les hommes opposé à sa quasi-absence chez les femmes, et l’efficacité limitée des politiques de santé pour freiner le phénomène.

Une épidémie silencieuse : Le monde arabe pris entre l’addiction et le déni

En passant à la scène mondiale, l’image est plus frappante. Le tabac, qui contient de la nicotine à l’effet hautement addictif, tue plus de huit millions de personnes par an selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) américains soulignent que le tabagisme est la principale cause de décès évitable et qu’il est lié à des maladies mortelles telles que le cancer du poumon et de la bouche, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux.

Les dix pays ayant les taux de tabagisme les plus élevés sont répartis entre le Pacifique (Nauru, 46,7 %), l’Asie du Sud-Est (Myanmar, 42,3 %, Indonésie, où 74,5 % des hommes fument) et les Balkans (Serbie, Bulgarie), des chiffres qui placent l’Europe de l’Est et du Sud parmi les foyers mondiaux de tabagisme.

Contrairement à ce tableau, les taux diminuent considérablement dans des pays comme le Royaume-Uni, qui a réduit son taux de fumeurs de 38 % en 2000 à 12,5 % aujourd’hui, grâce à des politiques de santé strictes, des taxes élevées et des campagnes de sensibilisation.

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Alors que le tabagisme diminue à l’échelle mondiale, les chiffres arabes se maintiennent à des niveaux élevés, poussés par :

  • Une culture sociale conservatrice envers les femmes et laxiste envers les hommes.
  • Des pressions économiques et psychologiques qui font de l’évasion par la cigarette un choix courant.
  • L’absence de politiques strictes imposant des taxes élevées ou menaçant les producteurs avec des systèmes de dissuasion puissants.

Dans ce contexte, la région semble avoir besoin d’une confrontation plus audacieuse avec le phénomène, commençant par la reconnaissance que le tabagisme n’est pas seulement une habitude individuelle, mais une crise sanitaire, sociale et économique complète. Tout cela alors que le monde se dirige vers un avenir sans tabac, tandis que de nombreux pays arabes vivent encore à l’ère de la lourde cigarette.