Des Français d’origine algérienne dans le camp de Le Pen, qui l’aurait cru ? Et pourtant ils sont de plus en plus nombreux à adhérer à ce parti xénophobe, notamment depuis l’arrivée de Marine Le Pen aux commandes. Celle-ci a fait de l’amélioration de l’image du parti, son cheval de bataille et apparemment elle y réussit, à coups de mensonges et de manipulation, bien sûr.
Autres temps, autres mœurs
Mutation n Ce qui était inimaginable il y a encore quelques années est en train de se banaliser en France : de plus en plus de Français d’origine émigrée adhèrent aux thèses de l’extrême droite et votent pour le Front national (FN).
Un parti dont le chef historique, Jean-Marie Le Pen, affirmait, il n’y a pas si longtemps, que «l’immigration-invasion (…) altère la substance même de l’identité de notre peuple que De Gaulle définissait comme, je le cite : avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne».
Parmi ces populations, beaucoup sont originaires du Maghreb. A en croire Farid Smahi, un ancien membre de la direction du FN, «environ un million de Français arabo-musulmans ont voté pour Marine Le Pen le 22 avril 2012, soit plus de 15 % des six millions d’électeurs qui ont accordé leur voix à la présidente du FN». Selon d’autres sources, ce parti qui parlait jusqu’à un passé très récent d’une «islamisation rampante de la France», compterait plus de 3 000 musulmans parmi ses militants.
Insensé, ahurissant, illogique ! C’est ce que doivent se dire d’aucuns. Il est vrai que quand on connaît tout le désamour que voue la famille Le Pen aux populations émigrées en général, et celles issues du Maghreb en particulier, on a du mal à comprendre comment celles-ci puissent épouser ses idées.
Pour les Franco-Algériens, c’est d’autant plus incompréhensible que Jean-Marie Le Pen a, depuis très longtemps, déclaré la guerre à l’Algérie, au sens propre comme au figuré. En effet, le fondateur du FN a participé à la Bataille d’Alger au sein du 1er régiment étranger de parachutistes et a même torturé des moudjahidine, selon certains témoignages. Depuis, il n’a pas cessé de déverser son venin sur tout ce qui est algérien.
Qui sont donc ces binationaux et ces Algériens d’origine qui votent pour Le Pen ? Quelles en sont leurs motivations ? Arrivent-ils à se faire une place au sein de cette formation politique dont le leader charismatique révélait, en 2010, lors de la campagne pour les élections régionales, avoir acheté une maison de campagne pour permettre à ses enfants «qui habitaient le 15e arrondissement de voir des vaches au lieu de voir des Arabes ?».
Avant de répondre à ces questions, il y a lieu de signaler que la politique de dédiabolisation menée par Marine Le Pen depuis son arrivée aux commandes du FN a été pour beaucoup dans le ralliement de ces Français d’origine émigrée à ses thèses. Pour les convaincre que son parti n’est pas raciste, elle n’a pas hésité, entre autres, à nommer une dame d’origine algérienne au poste de chef de cabinet.
Kamel Imoula
